Oh, Lenny

Note: 4/5
(4/5 pour 1 avis)

Tranche de vie s'ouvrant au fantastique, roman graphique original et percutant, distillant avec une rare habileté une montée en tension et un malaise grisant.


Jeune femme hypersensible et amoureuse de la nature, June travaille dans un cabinet vétérinaire situé dans une métropole nord-américaine, où elle vit avec son compagnon, Brad. Ce dernier se voit offrir un emploi de rêve qui les oblige à déménager dans un lotissement moderne et anonyme. Alors qu'elle a du mal à s'acclimater, June recueille une drôle de créature qu'elle nomme Lenny.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 01 Mars 2024
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Oh, Lenny © Tanibis 2024
Les notes
Note: 4/5
(4/5 pour 1 avis)
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19/09/2024 | Cleck
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Par Cleck
Note: 4/5
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La BD s'ouvre sur une étrange tranche de vie. L'attention du lecteur est premièrement intriguée par ce style graphique singulier, d'une rondeur toute enfantine proche d'un Bryan Lee O'Malley (notamment connu pour Scott Pilgrim), fait de couleurs très tranchées, accentuées par un contour noir. A l'instar du cinéaste David Cronenberg, Aurélien Maury installe petit à petit le malaise. Avec une grande efficacité, certes parfois dépourvue de finesse (l'épisode inaugural du crabe est sur ce point assez grossier), mais relevant d'un talent certain, il joue ici du décalage improbable et déstabilisant entre une intrigue nauséeuse et un style graphique enfantin, s'appuye là sur une narration au rythme incertain du fait de la raréfaction du texte et de l'importante taille de ses cases : plus qu'ailleurs, le lecteur peut choisir d'accélérer sa lecture ou de s'arrêter pour contempler les pages, de survoler puis dans la foulée de revenir en arrière. Ce perpétuel doute quant à la vitesse de lecture à adopter, génère un sentiment de liberté sournoisement obscurci par un léger inconfort assez intéressant. Le malaise grandit à mesure que l'on s'attache à l'héroïne. Nous sommes désireux de poser sur ce bien étrange animal en détresse le même regard bienveillant qu'elle, tout en calfeutrant notre conviction que le conjoint n'a pas foncièrement tort en le désignant répugnant. Le fantastique continue de s'inviter dans le récit, accentuant notre malaise, nous faisant douter de la lucidité de l'une, craindre que l'horreur ne s'invite dans un crescendo final terriblement jubilatoire. Nos plus vils espoirs se concrétiseront ! Si l'on peut regretter une tournure de l'intrigue d'une certaine manière prévisible, puisqu'usant de figures déjà vues au cinéma ici ou là, l'on ne peut que se réjouir de l'admirable montée en tension. Voici un auteur à découvrir, à suivre !

19/09/2024 (modifier)