L'Expert (Jennifer Daniel)

Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 2 avis)

Un accident et tout bascule ! Un polar dans l’Allemagne des années 70.


1961 - 1989 : Jusqu'à la fin de la Guerre Froide Allemagne Auteurs allemands La BD au féminin

1977, sur une route de campagne à proximité de Bonn, alors capitale de la RFA, l’Allemagne de l’Ouest, un accident de voiture entraîne la mort d’une jeune femme et de son enfant. Ce drame bouleverse un vieil employé de la morgue locale, dont le traumatisme de la guerre ressurgit lorsqu’il est confronté aux corps des victimes de cet accident. Il décide de se lancer à la recherche du responsable de l’accident, qui a pris la fuite.

Scénario
Dessin
Couleurs
Traduction
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 10 Janvier 2024
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série L'Expert (Jennifer Daniel) © Casterman 2024
Les notes
Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 2 avis)
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10/01/2024 | Mac Arthur
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L'avatar du posteur Smart Move

Nous sommes à la fin des années 70, en Allemagne de l’Est. Mr Martin, ancien soldat SS est désormais un homme de bonne famille, rangé et bien sous tous rapports. Employé de morgue, il est méticuleux et discret. A côté de ça, Mr Martin a un petit problème de boisson… Pas évident quand le médecin en charge de la morgue où il travaille est l’un des pionniers en matière de limitation d’alcoolémie. Tout bascule pour Mr Martin lorsqu’un soir, passablement éméché, il rentre chez lui en voiture et est le témoin d’un accident de la route qui coute la vie à une femme et son jeune enfant. Le coupable de l’accident vient de prendre la fuite. Paniqué, Mr Martin fait de même. Quelques jours plus tard, rongé de remords, il va toutefois décider de mener lui-même l’enquête, quelques jours plus tard pour retrouver le chauffard. Ce récit est, visuellement, magnifique. Le dessin est coloré et mélange à la fois couleurs directes et couleurs numériques. De plus, les personnages et les décors ne sont pas sans rappeler une certaine esthétique d’après-guerre ( dont s’inspirera le style « atome ») et qui, dans cette Allemagne de l’Est, transpire la sévérité et, paradoxalement, la mélancolie. A côté de cela, l’histoire est construite comme un thriller un peu contemplatif. Elle a été inspiré à l’autrice, par des photographies de son grand-père (notamment du travail de ce dernier dans un institut médico-légal) et reflète l’état de l’Allemagne juste avant la chute du Mur de Berlin. On observe avec une certaine fascination la façon dont Mr Martin assemble progressivement les indices comme autant de pièce de puzzle, le mettant sur la piste du mystérieux chauffard.

09/05/2024 (modifier)
L'avatar du posteur Mac Arthur

L’expert est un récit policier d’une autrice allemande. Cette histoire lui permet de revenir sur les turbulentes années ‘70 en RFA, alors que l’Automne allemand arrive, une période marquée par les attentats de la fraction armée rouge. Le récit se focalise sur un personnage, employé dans une morgue à titre d’assistant pour un médecin légiste. Son métier lui a donné une certaine expérience en matière de morts suspectes. Par ailleurs, il porte en lui (et comme beaucoup d’Allemands de sa génération) la culpabilité de la seconde guerre mondiale. Coupable d’avoir laissé faire, coupable d’avoir obéi, coupable d’avoir participé. J’ai trouvé ce personnage très intéressant, bien plus complexe que ce qu’il laisse entrevoir au début du récit, bien plus humain que ce que son austérité laisse supposer. La richesse de son profil psychologique le dote d’épaules assez larges pour porter ce récit. Le récit policier est bien construit, avec un moment clé construit sur une double révélation, la première que l’on voit venir de loin et la seconde à laquelle on ne s’attend pas et qui change toute la donne. Il s’agit pourtant d’une intrigue toute simple qui tient plus du fait divers que du grand complot d’Etat mais sa nature est révélatrice des origines du mal-être de la société allemande de l’époque : des jeunes qui refusent de porter le poids des fautes de leurs ainés, des ainés rongés par ce sentiment de culpabilité, … et des nantis qui ne réalisent pas à quel point cette société est prête à imploser. Le dessin de Jennifer Daniel est singulier. D’aspect naïf, soutenu par une colorisation vive (bien adaptée à ces années ‘70), il semble de prime abord maladroit. Les roues des voitures semblent trop petites, les perspectives sont parfois étranges (enfantines, dirais-je), les personnages sont croqués sommairement, les visages sont on ne peut plus simplifiés. Pourtant, ce dessin a réussi à me charmer grâce à la spontanéité qui s’en dégage. Certes, il est difficile de lire des émotions sur les visages des personnages mais leurs postures suffisent souvent à dévoiler leurs états d’âme. La mise en page est très aérée et cet album se lit rapidement, avec de temps à autres, un arrêt sur une grande illustration aux allures de tableau naïf. Franchement une bonne surprise à mes yeux. Peut-être pas franchement bien mais mieux qu’un simple « pas mal ».

10/01/2024 (modifier)