Au coeur du rêve - Été et automne 1936

Note: 3/5
(3/5 pour 1 avis)

Durruti, Cipriano Mera, Antoine Gimenez, Garcia Oliver, Simone Weil, Soledad Estorach, Casilda la milicienne, Félix Likiniano… Les personnages de Au cœur du rêve sont des cœurs révolutionnaires, des cœurs libertaires.


1930 - 1938 : De la Grande Dépression aux prémisces de la Seconde Guerre Mondiale Anarchiste ! La Guerre civile espagnole Séries avec un unique avis

Tout au long de l’été et de l’automne 1936, ces cœurs, hommes et femmes, ont avancé par une faille inconnue de l’histoire qui aurait bien pu changer le monde. Traversés par des conflits entre les idées et les nécessités guerrières, par des euphories électriques des victoires et le cru désespoir des défaites, les cœurs de cette histoire sont les signes d’une formidable dignité, de la passion pour la liberté et la justice, du désir irréductible de construire un nouveau monde.

Scénario
Dessin
Traduction
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution Décembre 2017
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Au coeur du rêve - Été et automne 1936 © éditions libertaires 2017
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 1 avis)
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18/09/2023 | Noirdésir
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C’est un album hétéroclite, pas exempt de défauts (une narration sans doute parfois trop naïve, un dessin un peu statique et hésitant), mais qui se révèle très intéressant. L’anarchisme est une « famille d’idées » qui m’intéresse au plus haut point, et, comme André Breton, j’ai toujours un pincement au cœur lorsque je vois le drapeau Noir, ou celui Noir et Rouge de la CNT lors d’une manifestation. Et ici on a un album militant, ce qui peut expliquer les défauts évoqués plus haut, mais qui en garantit tout autant l’intérêt, car on est au cœur de ce qu’a été le fonctionnement de la CNT et de la fédération anarchiste dans les premiers mois de la guerre d’Espagne. C’est une suite de courts chapitres centrés sur un grand nombre de témoignages montrant l’implication des anarchistes dans la politique espagnole des années 1930, et leur engagement sans faille dans la lutte contre le coup d’État franquiste et l’hypocrisie des « démocrates ». Symboliquement, l’album se finit sur la mort de Durruti. Il y a de fortes chances qu’il soit l’œuvre des séides de l’URSS, les staliniens ayant été les grands fossoyeurs de cette Révolution et de ceux qui s’y étaient engagés (voir les témoignages de Benjamin Péret ou de Georges Orwell par exemple). Car c’est le drame des anarchistes d’avoir en tout temps et en tout lieu dû affronter non seulement des forces réactionnaires (ce qui n’est pas surprenant), mais aussi les « démocraties », et surtout les staliniens (voir le sort de Makhno durant la guerre civile russe et après). C’est ainsi que leur programme n’a en réalité jamais être complètement et durablement mis en place, du fait de la répression et de la traque dont leurs leaders et militants ont fait l’objet. Et je ne peux que faire un parallèle avec les Montagnards, dont le beau programme social de l’An II, leur constitution ont été remis à « plus tard » du fait de la guerre, puis jamais appliqués : les anarchistes ont subi les mêmes déconvenues en Espagne, et le dernier tiers de l’album montre bien le désarroi de nombreux leaders (dont Durruti), qui doivent mettre en sourdine leurs convictions, pour répondre aux exigences de leurs « alliés » républicains et à la pression militaire franquiste. Mais l’album montre aussi très bien les idées et leur application, lorsque cela a été rendu possible, en Catalogne notamment. L’égalité hommes/femmes (là aussi la CNT est très avance sur l’époque, et l’engagement de Simone Weil – qui apparait ici – en est l’illustration, même si cela concerne aussi et avant tout les femmes « ordinaires »), la redistribution des richesses, l’égalité de traitement, la culture et l’éducation populaire, et la lutte contre les Églises. Les témoignages des militants, sincères et naïfs, sont frais et plein d’espoirs en l’avenir, mais aussi montrent l’implication dans le présent. L’autre richesse de cet album, ce sont tous les documents (tracts, affiches, etc.) reproduits entre les divers chapitres. Bref, un album qui ne « traite » que d’une courte période (la seconde moitié de 1936 essentiellement – même si au départ quelques pages présentent l’évolution de la politique espagnole au début des années 1930, avec un aveuglement et une grande hypocrisie des partis de gauche institutionnels), mais qui a le mérite d’éclairer un courant de pensée souvent occulté ou caricaturé, généralement mal connu, lors d’un des rares moments où il a pu s’exprimer au grand jour. Note réelle 3,5/5.

18/09/2023 (modifier)