Washing-Town

Note: 3.75/5
(3.75/5 pour 4 avis)

L'incroyable histoire de Frances Gabe, la ménagère américaine débordée (1915-2016) qui inventa la maison auto-nettoyante.


1961 - 1989 : Jusqu'à la fin de la Guerre Froide Bâtiments et architectures Biographies Féminisme La BD au féminin Les prix lecteurs BDTheque 2023 [USA] - Côte Ouest

« Vous pouvez parler autant que vous voudrez de la libération des femmes, mais les maisons sont encore conçues pour qu’elles passent la moitié de leur temps à genoux ou la tête dans un trou. » Frances Gabe

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 07 Juin 2023
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Washing-Town © Actes Sud 2023
Les notes
Note: 3.75/5
(3.75/5 pour 4 avis)
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15/06/2023 | Titanick
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L'avatar du posteur Noirdésir

C’est un album intéressant, dont je recommande la lecture, mais j’en suis sorti un chouia moins enthousiaste que mes prédécesseurs. Si le dessin moderne et un peu brinqueballant n’est pas désagréable, j’ai trouvé que certaines pages étaient un peu trop « fouillis », et la colorisation assez monocorde (souvent des dégradés de marron et d’orange) a parfois accentué une petite difficulté de lecture. L’histoire en elle-même est aussi originale et intéressante. Par-delà l’exemple de cette dame, c’est bien évidemment notre société occidentale qui est questionnée, au travers de la répartition des tâches ménagères entre hommes et femmes, au détriment de ces dernières. Francès pourrait se ranger dans la même catégorie que les suffragettes ou autres féministes, par son combat et son attitude face à son mari, si ce n’est que j’ai parfois eu l’impression qu’elle souhaitait surtout faciliter les tâches ménagères, diminuer drastiquement efforts et temps que les femmes leur consacrent, sans pour autant militer radicalement pour un partage total. Je ne suis pas si sûr qu’elle ait été féministe. Je l’ai plus vue comme une « chercheuse » tentant d’optimiser un « poste de travail », qui semblait devoir rester le sien. Ces réserves rappelées, son combat pour la rationalisation des tâches ménagères est tellement poussé qu’un effet comique s’invite rapidement lorsqu’elle met en œuvre certaines idées un peu délirantes. Et dès le départ, avec une entame qui frôle la caricature – quoi que ! – où notre épouse/femme au foyer/ménagère/etc. surmenée se voit dépassée par les évènements et ses gamins survoltés. Dessin et péripéties sont parfois difficiles à suivre, mais cette entame est dynamique (hélas pour Francès). Instructif aussi le regard des autres : condescendant et méprisant pour les « mâles » (le mari, le maire, le psy), mais aussi agressif de la part des voisins (hommes et femmes), face à ce qui s’apparente à une révolte, voire une révolution ménagère, avec tous les garde-fous que la société sexiste met en œuvre pour se reproduire. Francès est un personnage réel, franchement surprenant, qui détonne et possède des qualités, mais qui aussi était sûrement « difficile à vivre ». La solitude de la fin de sa vie doit sans doute beaucoup au rejet de ses « propositions ». Mais aussi un peu à celui de sa personnalité je pense.

09/02/2024 (modifier)
L'avatar du posteur Mac Arthur

Un album que je n’aurais sans doute jamais lu sans l’avis enthousiaste de Titanick, ni la présence de la dessinatrice au dernier salon d’Angoulême. Et franchement, j’aurais raté quelque chose ! Son principal atout réside dans la personnalité de son personnage central, Frances Gabe. Génie excentrique ou simplement pragmatique ? Cette femme a imaginé et conçu des inventions farfelues de prime abord mais pourtant efficaces pour alléger la charge de travail des femmes au foyer. Innovantes et visionnaires, ses idées seront cependant ignorées et Frances gabe vivra dans la pauvreté. J’ai beaucoup aimé cette lecture, depuis son introduction durant laquelle la charge mentale qui repose sur Frances est très bien illustrée, jusqu’à sa conclusion, dans laquelle on ne peut que regretter que personne n’ait pu ou voulu l’épauler dans ses initiatives. Bon ! Clairement, Frances Gabe ne devait vraiment pas être facile à vivre (encore un bon point pour cette biographie qui n’enjolive pas inutilement les choses) et ses idées sortaient du commun, mais il y avait (et il y a encore) matière à réflexion dans sa démarche. Le dessin Fanny Grosshans convient bien à cette thématique. Son aspect à la fois confus et dynamique est en total accord avec la personnalité de Frances Gabe. Du coup les personnages semblent constamment survoltés ou a minima exaltés, mais c’est exactement ce qu’on attend d’eux (les enfants de Frances, au début du récit, bon sang ! Qu’est-ce qu’on a envie de les baffer !!). L’emploi parcimonieux de couleurs (on reste souvent dans des teintes similaires) permet de garder une bonne lisibilité du dessin. Je trouve que c’est bien vu car, dans le cas contraire, ce dessin aurait, je pense, été vite fatigant. Pour moi, c’est clairement un album à lire. Pour son héroïne, pour l’image de l’Amérique qu’il donne (loin des paillettes dorées), pour prendre un peu plus conscience de la charge que représente l’entretien d’une maison et l’éducation d’enfants, mais également tout simplement pour se divertir (car le récit est amusant). Merci Titanick !

07/02/2024 (modifier)
Par Alix
Note: 4/5
L'avatar du posteur Alix

« Washing-Town » est une biographique intéressante de Frances Gabe, « la ménagère américaine débordée qui inventa la maison auto-nettoyante ». Frances est une inventeuse de génie, ou une sacrée folle selon votre point de vue (probablement les deux – son comportement avait quand même beaucoup affecté sa famille). Le début de l’histoire représente parfaitement le calvaire de tout parent, le boulot ingrat qui consiste à s’occuper d’enfants hyper énergétiques et capricieux, en plus des taches ménagères. Sa révolte presque mystique (c’est le Jésus accroché dans sa cuisine qui lui confit cette mission) est fascinante, et tellement abracadabrante qu’il est difficile de croire qu’il s’agit d’une histoire vraie (et pourtant, voir sa page Wikipédia en anglais). J’ai beaucoup aimé les passages où elle parle à une version plus jeune d’elle-même, je les ai trouvés touchants et très justes. La mise en image de Fanny Grosshans est élégante et parfaite pour représenter la vie chaotique de Frances Gabe. La narration est parfaitement fluide, malgré l’aspect déstructuré des planches. Je pensais naïvement que les choses avaient changé depuis l’époque de cette histoire (c’est le cas dans ma maison, en tout cas), mais des statistiques consternantes dans le petit dossier en fin d’album semblent contredire mon ressenti. Quoi qu’il en soit, j’ai passé un excellent moment de lecture, et je suis content d’avoir fait la connaissance de cette illuminée, qui n’est décédée que récemment (en 2016).

05/02/2024 (modifier)
Par Titanick
Note: 4/5
L'avatar du posteur Titanick

Je n’avais jamais entendu parler de cette américaine, Frances Gabe, combattante contre la servitude des femmes aux corvées ménagères, en plein xxe siècle. J’avoue que c’est le jeu de mots du titre qui m’a attirée au premier abord, et la citation au dos, parce que le dessin de la couverture, bof, bof. Frances est un sacré numéro. Cette mère au foyer est débordée par une progéniture déchaînée, la popote du foyer à faire, la baraque à astiquer et un mari qui se comporte comme un gosse supplémentaire à gérer. C’est le lot quotidien de nombre de femmes depuis la nuit des temps me direz-vous. Oui, mais c’est sans compter sur ses capacités d’imagination, son intelligence technique, ses dons pour le bricolage, et son énergie sans faille. Mrs Gabe va inventer et construire sa maison qui se nettoie toute seule, rien que ça ! Le placard à vaisselle ressemblera à l’intérieur d’un lave-vaisselle actuel, nul besoin de le vider, et le reste est à l’avenant. Les buses au plafond lavent et sèchent les murs et le sol… La BD est consacrée à cette partie de la bio de cette femme. L’histoire de l’idée initiale qui germe dans son esprit et tout ce qu’elle a mis en œuvre pour y parvenir. Elle a réalisé les plans, assuré seule le chantier avec le béton, la plomberie et tout. Lutté contre son mari horrifié qui a tenté de la faire interner, ses concitoyens excédés car elle tentait de poursuivre l’expérience à l’échelle de la ville (d'où le titre de l'album). Elle s’est battue pour déposer pas loin d’une centaine de brevets, jusqu’aux protections des meubles et des livres… C’est plutôt bien raconté, l’ensemble est enlevé et j’ai suivi joyeusement cette femme en admirant ses capacités et sa résistance exceptionnelles. Pris fait et cause pour elle, forcément, je n’aime pas non plus le ménage. Les auteurs ont pris le parti de nous livrer son cheminement de pensée par le biais de dialogues imaginaires qu’elle aurait avec elle-même en plus jeune, avant le mariage et la marmaille, où elle se met en garde de refuser les avances du jeune homme qui deviendra son boulet. J’ai trouvé ça efficace, plutôt amusant et ces épisodes,espacés, permettent de suivre son état d’esprit sans alourdir le récit. Le dessin ? Je dirais dynamique. Un peu brouillon à mon goût mais efficace avec une bichromie dans les tons orangés et gris, rehaussée de touches de bleu. Il ne m’a pas rebuté bien que je n’en sois pas fan. Quelques pages documentaires, avec plans et photos, complètent heureusement l’ouvrage. Bien que, pour en savoir plus sur cette femme, j’ai dû aller voir sur sa page Wiki. Elle n’est décédée qu’en 2016 et a vécu 101 ans quand même. Madame, respect, même si la technologie future ne vous a pas vraiment suivie, je vous tire mon chapeau.

15/06/2023 (modifier)