Falkland - La Guerre des Malouines

Note: 3/5
(3/5 pour 2 avis)

La dernière armada du XXe siècle pour la reconquête d’un archipel perdu.


1961 - 1989 : Jusqu'à la fin de la Guerre Froide Auteurs italiens Aviation L'Océan Atlantique

En 1981, une nouvelle junte militaire succède à une précédente en Argentine sous fond de crise financière. Une junte qui dès lors est confrontée au mécontentement et au risque évident d’une insurrection. C’est alors qu’un archipel situé à 200 milles nautiques des côtes revient en mémoire. Les Falklands, un territoire anglais de quelques kilomètres carrés peuplé de 700 000 moutons et d’un millier d’âmes, va devenir une cause nationale. L’Argentine conteste la souveraineté des Falklands depuis de nombreuses années et davantage. D’ailleurs, épisodiquement, quelques menaces, des mots un peu plus fort que les autres ont été prononcés. Des gesticulations politiques pour se donner bonne conscience. Mais dans ces premiers mois de l’année 1982, la junte militaire fait le choix de reprendre par la force ce qu’elle considère comme sien ! À l’évidence, tout semble bon aux militaires argentins pour raviver la fierté nationale afin de faire oublier le marasme économique ! Mais est-il réellement prudent de s’attaquer à la quatrième puissance militaire mondiale avec sa légendaire Royal Navy ? Raconté autant du point de vue des Anglais que de celui des Argentins, ce nouveau titre de la collection des « Grandes Batailles Navales » raconte la dernière grande confrontation maritime du XXe siècle. Un récit perdu dans l’immensité de l’Océan Atlantique, ancré dans le contexte tendu de la Guerre Froide.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 06 Juillet 2022
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Falkland - La Guerre des Malouines © Glénat 2022
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 2 avis)
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07/06/2023 | Noirdésir
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Par Présence
Note: 3/5
L'avatar du posteur Présence

Un chien on le dresse avec le bâton, pas avec des caresses. - Ce tome est le dix-huitième de la série Les grandes batailles navales, écrite par Jean-Yves Delitte qui en a également dessiné huit. Chaque tome est indépendant de tous les autres. La première édition date de 2022. Ce tome comporte quarante-six pages, dessinés par Mario Bianchini assisté de Francesco Mercoldi, et mises en couleurs par Douchka Delitte. Il comprend un dossier historique de sept pages, illustré par des photographies d'époque, rédigé par Jean-Yves Delitte. Les autres albums de la série sont consacrés soit à une bataille, soit à un navire : Jutland, Trafalgar, Chesapeake, Lépante, Tsushima, Stamford Bridge, Hampton Roads, Midway, Texel, Salamine, No Ryang, le Bismarck, Actium, La Hougue, Gondelour, Gravelines, Leyte. Il commence par une préface d'une demi-page en petits caractères, rédigée par Denis-Michel Boëll, conservateur général du patrimoine, sur les enjeux des batailles navales, et le principe de les raconter par le prisme de personnages embarqués dans ces aventures, sur la base d'une enquête documentaire rigoureuse. L'archipel des Falkland perdu dans l'Atlantique sud rentre dans l'Histoire avec les grandes découvertes de la fin du XVIe siècle. Anglais, Espagnols, Français, Argentins, vont alternativement exprimer des prétentions territoriales sur ces quelques kilomètres carrés de terres arides, balayés par des vents glacials. En 1981, une nouvelle junte militaire accède au pouvoir en Argentine, avec à sa tête le général Leopoldo Galtieri, proche du tristement célèbre Jorge Rafael Videla. le pays est alors confronté à une situation financière catastrophique où l'inflation explose. Pour les généraux argentins, il faut trouver une parade au risque de voir le mécontentement se généraliser et tourner au pugilat public, pour ne pas dire à l'insurrection. C'est alors que l'archipel revient à la mémoire de la junte argentine. Les quelques kilomètres carrés de terre, peuplés de 700.000 moutons et d'un millier d'âmes selon les imaginaires, deviennent subitement une cause nationale. le premier avril 1982, l'Argentine, pays refuge pour les nazis et dictature militaire sans honneur, avait envahi des terres anglaises perdues dans le Pacifique sud. le 2 mai 1982, le sous-marin anglais HMS Conqueror répondait à l'acte insensé des Argentins en coulant le croiseur Ara General Belgrano. La guerre que d'aucuns tentaient encore d'éviter était devenue une réalité. La flottille anglaise file paisiblement vers les Falkland. À bord du HMS Sheffield, dans l'antre du navire, l'officier radar écoute avec nonchalance de la musique à la radio, tandis que l'officier de surveillance aérienne tout comme son suppléant ont quitté leur poste. Cerise sur le gâteau, les défenses rapprochées ne sont pas approvisionnées en munition et n'ont aucun serveur. La suite est dès lors un enchaînement implacable. Deux pilotes argentins se rapprochent à basse altitude. Puis, suivant une procédure parfaitement maîtrisée, ils reprennent de l'altitude, allument leur radar d'approche, arment leurs missiles – Exocet de type AM39 air-mer – avant de presser la détente de tir et de virer pour rejoindre leur base. Le titre de la collection est explicite et fait office de promesse : raconter une grande bataille navale. En fonction de son inclination et de sa connaissance préalable de ce conflit, le lecteur peut choisir de commencer par la bande dessinée elle-même, et voir s'il lui reste assez de curiosité pour lire le dossier en fin de tome, ou s'il préfère l'inverse pour avoir un aperçu du conflit et des détails techniques avant. Quoi qu'il en soit, son horizon d'attente comprend le fait que cette bande dessinée se présente comme une œuvre d'Histoire. La couverture peut l'étonner car elle met au premier plan un avion, mais le dossier explicite le fait que les batailles navales impliquent l'aviation qui y joue un rôle prépondérant depuis le vingtième siècle. La couverture a été réalisée par Delitte et elle s'étend sur la première et la quatrième de couverture mettant en valeur le vol de ces chasseurs, avec l'océan en arrière-plan et une petite portion de terre derrière les nuages. le lecteur découvre ensuite les dessins de Francesco Mercoldi : ils s'inscrivent bien sûr dans un registre réaliste et descriptif pour réaliser une reconstitution historique fidèle et précise. Bien évidemment le lecteur guette de grandes cases mettant en valeur les navires et les avions de chasse. Ça commence avec une case de la largeur de la page montrant des torpilles filant silencieusement sous l'eau. Ça continue avec le vaisseau HMS Sheffield fendant les flots. Page neuf, le lecteur découvre une partie de la flottille britannique dans une case occupant les deux tiers de la planche. Planche onze, un avion décolle depuis le pont d'un porte-avions. Page suivante, deux avions argentins volent juste au-dessus des flots. Par la suite, le lecteur peut admirer un combat aéronaval pages vingt et vingt-et-un, puis un combat aérien, avec des tirs de canons terrestres, un vol d'hélicoptères, l'avancée d'une colonne chars. De manière inattendue, l'artiste ne cherche pas à magnifier la puissance de feu des avions, des navires, ou des véhicules militaires, ni même leur capacité de destruction. À les voir évoluer, le lecteur se retrouve surtout impressionné par leur allure qui atteste de la réussite technologique qu'ils constituent. Ce n'est pas une forme de majesté qui impose le respect, c'est l'évidence de voir évoluer des engins fiables et robustes, capables de tenir leur place sur un océan agité, ou de fendre les airs en toute sécurité pour les êtres humains à l'abri à l'intérieur. le dessinateur s'inspire bien sûr d'images militaires, mais sans exagérer les angles de prises de vue ou les prouesses d'évolution. de même, la coloriste reste dans un registre naturaliste, et même volontairement terne. Ce ne sont pas des engins rutilants pour en mettre plein la vue comme à la parade, mais des outils robustes à l'efficacité éprouvée. Il en va de même pour la représentation des militaires : pas de rodomontades, de lunettes de soleil avec reflet esthétique, ou de muscles gonflés et huilés, ni même d'hommes avançant contre les éléments dans des tenues déchirées. Il s'agit d'individus bien différenciés, et pas d'une masse d'hommes interchangeables, certains avec un uniforme argentin, d'autres avec un uniforme britannique : ils ont tous un visage unique et une morphologie avec quelques détails même si ces derniers sont peu nombreux car gommés par les uniformes. Pour autant le lecteur reconnaît au premier coup d'oeil Augustin Tosco Valdès, soldat argentin. Le lecteur prend vite conscience qu'il évolue dans un monde d'hommes, sans aucune femme. Il voit également que les auteurs respectent la ligne éditoriale de cette collection : raconter la guerre à hauteur d'homme. Il voit donc des soldats britanniques comme argentins, quelques officiers, un conseiller militaire ex-nazi. Ces personnages discutent, commentent la situation, donnent parfois leur avis en prenant du recul. Il n'y a que Augustin Tosco Valdès dont l'histoire personnelle soit un peu développée. D'un côté, ces êtres humains font exister ce conflit, lui donnent un peu de chair ; d'un autre côté, sans être interchangeable, ils ne deviennent pas familiers au lecteur. D'un côté, les auteurs atteignent l'objectif de montrer que la guerre est faite par des êtres de chair et de sang, sans jugement de valeur autre qu'il s'agit de bons professionnels qui ne sont ni sanguinaires ni des extrémistes patriotiques. de l'autre côté, ils n'ont pas de point de vue sur leur métier, ou sur le conflit. Il n'y a qu'Augustin qui évoque l'injustice de la junte argentine et ses exactions, et qui manifeste son opposition à la présence d'ex-nazis en tant que conseillers de l'armée. Il en découle un patriotisme très ténu et générique qui n'a rien de militant : la condamnation d'un régime dictatorial par rapport à une démocratie, mais sans entrer dans le détail. En termes de narration de la guerre, le lecteur apprécie donc la qualité de la reconstitution historique visuelle, le soin apporté aux éléments militaires, les prises de vue des batailles. Il se rend compte que le scénariste fait l'effort de faire respirer son récit, avec quelques pages comportant des informations, contrebalancées par d'autres focalisées sur l'action, et même huit pages dépourvues de phylactères et de cartouches de texte, sans aucun mot. La contrepartie de ce mode narratif implique une place limitée pour intégrer les informations historiques. de fait, l'auteur ne place pas de date pour chaque séquence, ce qui est assez surprenant pour une reconstitution historique. le choix de raconter la guerre à hauteur d'homme induit également que le lecteur n'assiste pas aux réunions d'état-major, aux prises de décision stratégiques, ou encore aux répercussions médiatiques des affrontements, que ce soit du côté argentin, du côté britannique, ou à l'échelle de l'opinion mondiale. de ce point de vue, s'il n'est pas familier avec les différentes phases de ce conflit, il a tout intérêt à commencer par la lecture du dossier en fin d'ouvrage, pour pouvoir mieux saisir l'ampleur de certaines ellipses. Cette reconstitution de la guerre des Malouines se montre intéressante par ses représentations visuelles, et par son approche très professionnelle de l'armée. Elle peut s'avérer un peu frustrante par le manque d'épaisseur des hommes en uniforme dont les propos sont exempts de tout point de vue, ou par la faible teneur en exposé de faits historiques, en analyse stratégique ou géopolitique.

30/04/2024 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

C’est la plus récente des batailles traitées dans cette collection, et du coup c’est la première fois que je peux faire appel à mes souvenir pour les confronter à ce récit. En effet, j’étais en Troisième, et je me rappelle très bien de discussions avec certains camarades à ce propos. La « bataille » elle-même est globalement bien retranscrite, à quelques détails près. D’abord, si les attaques de navires (et en particulier la destruction d’un destroyer anglais par un missile exocet) et le transport des troupes anglaises à travers l’Atlantique font de la mer un enjeu véritable, c’est avant tout une bataille – ou plutôt une guerre – terrestre. Delitte lui-même le reconnait implicitement, puisque presque tout l’album se déroule à terre (et du coup manquent certains détails de cette guerre entre Anglais et Argentins). Mais les navires, les avions sont très bien représentés, le dessin de Bianchini est classique, mais efficace. Mon autre remarque concerne la présentation du contexte. Si Delitte rappelle à juste titre l’accélération brutale du conflit autour des Malouines (le nom français de cet archipel), et l’instrumentalisation de celui-ci par la dictature militaire argentine (qui cherche à détourner l’attention de sa population du marasme économique et de la répression), il minimise, voire oublie qu’en face Margaret Thatcher en a fait de même (une popularité catastrophiquement basse, et une guerre – même si elle ne l’a évidemment pas voulue – qui va lui permettre de façon inespéré de détourner l’attention, puis de reprendre la main et de d’obtenir un nouveau mandat de premier ministre). Le mérite de cet album est de rappeler à ceux qui n’ont pas connu cette époque un conflit à la fois récent et oublié, dont l’enjeu a priori ridicule, a été démultiplié par les dirigeants des deux bords. Concernant l’album lui-même, il est d’une honnête facture, et l’habituel dossier final le complète plutôt bien.

07/06/2023 (modifier)