Les 3 Vies d'Arminé

Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 2 avis)

Cette bande dessinée à visée documentaire est le fruit de la collaboration entre Fred Burguière des Ogres de Barback, et le dessinateur Aurel. Elle est en outre préfacée par Simon Abkarian et complétée par un entretien avec l’historien Raymond Kévorkian. Ce livre existe aussi dans une version en arménien oriental.


Format à l’italienne Le Caucase

Arminé est Arménienne. Elle vit à Gyumri quand, en 1988, un tremblement de terre dévaste cette région de l’Arménie et clôt sa première vie. Il lui faut alors se reconstruire et inventer ses vies futures. Arminé s’affranchit du destin et, avec une force inouïe et une soif d’indépendance, se lance dans des projets fous qui lui permettent de rester vivante pour bâtir sa deuxième puis sa troisième vie. C’est Frédo Burguière, en quête de ses origines arméniennes, qui nous raconte l’histoire d’Arminé, dans un dispositif narratif ingénieux, renforcé par le travail du dessinateur Aurel, qui alterne textes illustrés, planches de bande dessinée et album photo dessiné pour nous guider à travers ce récit en partie autobiographique.

Scénario
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 24 Mars 2023
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Les 3 Vies d'Arminé © L'Usine 2023
Les notes
Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 2 avis)
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15/04/2023 | grogro
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Par Ro
Note: 3/5
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J'ai commencé par confondre le début de cet album avec ceux de Kobane Calling et de Ainsi se tut Zarathoustra. Les trois parlent en effet des voyages d'un occidental venu découvrir de l'intérieur la situation d'un peuple du Caucase opprimé par un grand voisin voire même le pays où il réside. Mais les deux autres parlent des Kurdes et des Zoroastriens tandis que celle-ci parle des Arméniens. Et si Les 3 Vies d'Arminé aborde bien le sujet du génocide arménien, il en aborde également d'autres qui ont structuré ce qu'est devenu la population arménienne de nos jours, notamment le terrible séisme de 1988 et l'influence des Russes. Et le co-auteur, Frédo Burguière du groupe des Ogres de Barback, y apporte aussi sa patte personnelle puisque lui vient dans ce pays en tant que petit-fils d'une réfugiée Arménienne, et en tant que musicien aussi, ce qui aide à mieux se faire accepter sur place. Quant à la fameuse Arminé du titre de l'album, c'est un personnage qui n'est pas forcément au centre de cette histoire, on n'en parlera finalement que dans une grosse poignée de pages, mais elle a marqué l'auteur par son parcours étonnant et la force de sa personnalité et de son engagement. Le graphisme est appréciable : il mélange les styles narratifs, avec un peu de texte illustré au départ, puis de vraies planches de BD, parfois en couleurs, plus souvent en noir et blanc. Bref, c'est un récit de plusieurs voyages et de témoignages instructifs sur l'Arménie d'hier et d'aujourd'hui. Comme j'avais déjà lu plusieurs ouvrages sur le génocide Arménien, c'est plus la partie sur ce qu'il s'est passé dans la pays entre les années et 2000 qui m'a appris des choses. Mais j'ai été surpris de voir qu'il n'y avait pas de véritable conclusion au récit, juste un récit de faits et de paroles sans plus de structure ou de message particulier. Pas mal mais pas une lecture vraiment marquante je trouve.

22/04/2024 (modifier)
Par grogro
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur grogro

Avant toute chose, je tiens à préciser que je ne suis pas très fan des Ogres de Barback que je connais mal, en fait. Faut dire qu'à l'époque, tout ce qui chantait en français me filait par avance de l'urticaire. Je ne jurais que par le rock indé et le hip-hop. Bref ! j'étais plein d'a priori prétentieux. Quant à Aurel, je ne connais de lui que le seul film d'animation Josep. Cela étant dit, dès que j'ai ouvert cette sorte de carnet de voyage, j'ai été littéralement happé par le dessin. J'ignorais que c'était signé Aurel, n'ayant alors pas encore prêté attention aux noms des auteurs figurant sur la couverture. C'est tout ce que j'aime ! Un trait fort, minimal, élégant, qui sculpte le papier en lui donnant une perspective et une densité, tout en conférant aux visages comme aux corps une expressivité forte. Un dessin presque à l'état de croquis mais qui n'a pas besoin de plus pour s'animer et nous plonger dans le paysage. Franchement du grand art. Il m'a, à lui seul, convaincu de repartir avec le livre sous le bras. Pour ce qui est de l'histoire, on se trouve à la croisée des genres, entre carnet de voyage, BD documentaire et autobiographie. Le tout est habillement tissé et imbriqué : un vrai mille-feuille. En fait, cette BD raconte comment Frédo Burguières (des Ogres de Barback donc), d'origine arménienne, part sur les traces de ses origines. Une postface nous raconte un peu l'Histoire (la grande cette fois) de ce petit pays coincé entre la Turquie et l'Empire soviétique. Il n'y a pas réellement de conclusion, au sens où les choses ne se résolvent pas, mais s'ouvrent sur une nouvelle histoire. A la fin, ce récit en forme d'errement aurait pu aisément se poursuivre pendant des dizaines de pages tant le dessin nous invite à la table des personnes rencontrées sur la route. Les anecdotes se succèdent en distillant un peu de l'esprit de ce pays, et j'avoue que j'en aurais bien repris quelques louches. De ce point de vue, c'est presque frustrant. Néanmoins, le récit s'achève sur l'arrivée du père de Frédo Burguière en Arménie qui, pour la première fois de sa vie fond en larmes, faisant ainsi écho à cette phrase de Daniel, leur guide, qui leur explique qu'ici, à chaque coin de rue, il y a une histoire qui vous tire les larmes. Bref ! J'ai été transporté virtuellement en Arménie. Mais maintenant, j'ai très envie de m'y rendre pour de vrai, et ce n'est pas le moindre des mérites de cette magnifique BD. Je me suis également promis que j'allais me plonger dans la discographie des Ogres de Barback, ainsi que dans la biblio d'Aurel. Pour moi, un ouvrage qui impulse une telle énergie est de fait un travail salvateur. En outre, la densité de matière est considérable pour un "si petit livre", et l'émotion est palpable. Le personnage d'Arminé pourrait aisément être élevée au rang d'allégorie, car à peu de chose près, c'est l'anagramme d'Arménie. Rien que ça, ça ressemble à un vaste programme, non ?

15/04/2023 (modifier)