Bunker (Poulie)

Note: 2/5
(2/5 pour 1 avis)

En un an, Jessica a changé. Garçon manqué aux cheveux hérissés et courts, aux épaules carrées et à l'énorme poitrine aplatie sous un survet de caillera, elle retrouve Antoine et Bozo, ses camarades de vacances qu'elle n'a pas vus depuis l'été précédent. Ensemble, ils élisent quartier général dans un bunker abandonné.


Adolescence Picardie Séries avec un unique avis

À l'intérieur de cet espace clos, le petit groupe traîne, fume, se bat, s'invente des histoires, se disloque et se ressoude. Les rapports de hiérarchie et de genres se cristallisent, le monde extérieur s'impose par ses normes. Leur sexualité en ébullition complique leurs relations. L'été fini, ils auront changé et repartiront en laissant derrière eux une campagne en pleine mutation. Entre survêtements satinés, Livres dont vous êtes le héros, années Chirac, premières clopes et éveils sensuels, une chronique d'adolescence à l'os, mais où affleure à chaque instant la justesse d'une stupéfiante émotion. Camille Poulie est originaire de Picardie. Jeune auteur et réalisateur attiré par les histoires sociales, il fait preuve d'une force de propos et d'un graphisme à l'identité puissante.

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 07 Octobre 2022
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Bunker (Poulie) © Dupuis 2022
Les notes
Note: 2/5
(2/5 pour 1 avis)
Cliquez pour afficher les avis.

09/10/2022 | Ro
Modifier


Par Ro
Note: 2/5
L'avatar du posteur Ro

Vacances d'été sur la Côte d'Opale, une bande d'ados s'occupent comme ils peuvent. Parmi eux, deux pré-ados retrouvent Jessica, une fille avec qui ils se sont liés d'amitié l'année d'avant. Elle, c'est un vrai garçon manqué, toujours en survet' façon racaille de banlieue, cheveux courts et physique androgyne. Forte tête et ne se laissant pas faire, son originalité lui attire toutefois l'inimitié des jeunes de la région et elle fait plutôt bande à part. En réalité, derrière son aggressivité de façade, elle masque le malaise d'une jeune qui a trop vite grandi. Ca n'empêche pas les deux garçons de se sentir plus ou moins attirés par elle, dans une relation de désir et de rejet envers elle. L'auteur, Camille Poulie, est issu des Beaux-Arts. S'il a déjà réalisé plusieurs expositions, courts-métrages d'animation et autres livres, c'est là sa première BD qui ne soit pas auto-éditée. Son background artistique transparait nettement dans cet ouvrage. Son graphisme est changeant, alternant les styles, parfois très soigné, avec une abondance de traits rappelant des gravures ou les planches de Francis Masse, d'autres fois nettement plus lâché, allant même jusqu'à se réduire à un minimum de courbes pour représenter les mêmes personnages qui pouvaient être bien plus ouvragés la case précédente. Et ces styles différents se côtoient parfois dans une même case, ce qui donne une allure assez disparate à l'album. Concrètement, si j'y trouve un certain charme, j'ai aussi été gêné par cette instabilité du style qui m'a parfois empêché de bien reconnaitre les personnages et m'a forcé au moins deux fois à revenir en arrière quand j'ai cru à tort que c'était un autre protagoniste qui intervenait. Sans parler des pages d'introduction où il m'a fallu attendre les premières paroles pour réaliser que le personnage principal était une fille et pas un mec. La créativité graphique n'est pas toujours compatible avec la bonne fluidité d'une lecture. Par contre, je trouve la couverture très jolie, notamment dans son choix de couleurs. Quant à l'histoire, elle explore le malaise adolescent, les tensions sexuelles naissantes et la recherche d'une place pour se sentir bien sans peau. C'est un sujet qui a été largement exploité en bande dessinée et, s'il n'y avait l'originalité du caractère de garçon manqué de l'héroïne, cet album là n'amènerait pas grand chose de neuf au thème. Le lecteur retrouvera le sentiment de mal-être qu'on peut ressentir adolescent, celui-ci étant accentuée par la bêtise méchante dont semblent faire preuve la majorité des jeunes de la région, par le comportement fait d'acidité et de défi de l'héroïne envers les deux garçons qui s'attachent à elle, comme pour prouver sa propre virilité, et par la violence dominatrice de l'un des garçon envers le plus jeune d'entre eux. S'il s'en dégage un certain réalisme et une volonté d'arpenter les méandres des esprits adolescents, il en découle toutefois un sentiment désagréable d'ambiance et de personnes qu'on préfèrerait éviter et de mauvais souvenirs de vacances. L'ensemble se conclut par une fin ouverte, ayant permis entretemps d'apercevoir la fragilité de chacun derrière la façade hostile, avec un léger soupçon d'optimisme amené par le plus jeune du groupe, mais elle m'a laissé sur ma faim. Il s'agit d'un roman graphique dont l'originalité graphique, la subtilité narrative et l'analyse crue des comportements adolescents sauront probablement trouver un public. Mais à titre personnel, je ne suis pas tombé sous le charme.

09/10/2022 (modifier)