Éléments de langage – Cacophonie en Francophonie

Note: 3/5
(3/5 pour 1 avis)

Comment Macron et Trudeau ont choisi de confier la Francophonie à une Rwandaise. Une histoire de chaussetrappes et de coups fourrés contée de l’intérieur...


Documentaires La Boite à Bulles Séries avec un unique avis

Bertin Leblanc est québécois mais vit en France depuis quelques années. Cet homme de média se voit proposer un poste en or : porte-parole de la Francophonie. Enfin poste en or, pas si certain : sa cheffe Michaëlle Jean, la Secrétaire générale de la Francophonie, pleine de verve et de dynamisme, a bien du mal à respecter les consignes en termes de concision, de communication et de diplomatie. Au point d’épuiser ses collaborateurs mais aussi, bien plus grave, les chefs d’État. Avec un bilan plutôt flatteur à la tête d’une organisation qu’elle a clairement redynamisée, la Canadienne Michaëlle Jean pense que son mandat devrait être renouvelé sans trop de problèmes. Et pourtant… La presse québécoise commence à se déchaîner contre elle, Emmanuel Macron semble agacé par son activisme et Justin Trudeau, le Premier ministre canadien, ne la soutient plus que du bout des lèvres. Alors, Bertin et toute l’équipe en place s’activent pour défendre à tout prix le bilan de sa cheffe mal-aimée. Mais est-il encore question de bilan et d’essor de la Francophonie quand le Président français a d’autres enjeux en tête, comme la pacification des relations de la France avec le Rwanda ? Pour résultat, Louise Mushikiwabo, femme politique rwandaise, lui sera préférée à la tête de la Francophonie. Une décision polémique du fait du manque d'engagement du pays envers la défense de la langue française et sa situation en termes de droits humains...

Scénario
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 06 Avril 2022
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Éléments de langage – Cacophonie en Francophonie © La Boîte à Bulles 2022
Les notes
Note: 3/5
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21/05/2022 | Blue boy
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Par Blue boy
Note: 3/5
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Qui connaît vraiment l’Organisation française de la Francophonie. Qui représente-t-elle, quelle est sa fonction et a-t-elle une influence dans le concert mondial des pays ? Si peu de monde s’est véritablement posé la question (on ne va pas se mentir, on s’en moque un peu de la francophonie…), Bertin Leblanc est là pour nous apporter des réponses. Et contre toute attente, on se laisse prendre au jeu, c’est toujours intéressant d’en savoir plus sur une organisation dont la mission ne se limiterait qu’à couper des rubans, du moins sommes-nous nombreux à la penser… Ce récit basé sur le témoignage de Bertin Leblanc, vient nous prouver que ce que l’on pouvait penser se vérifie… que cela brasse beaucoup de vent pour pas grand-chose, et que derrière le rayonnement de la langue française se dissimulent des enjeux où généralement le culturel est les droits humains passent après la politique et la communication. Michaëlle Jean est une personnalité volontaire et bosseuse, mais sa volonté réformatrice lui attire des ennemis et les peaux de banane ne vont pas manquer. Charismatique et lumineuse, un brin directive et très bavarde, son ego est stimulé par la nuée de courtisans qui l’entourent. Epinglée par la presse de son pays pour des « dépenses somptuaires » dans son appartement de fonction à Paris, dépenses qui pourtant n’ont pas été décidées à son initiative, elle devra en plus batailler avec Macron pour qui elle n’est pas suffisamment « conciliante » avec le fameux « pré carré » africain (notamment pour la question du droit des femmes). Et au fond, le président français se moque bien de la francophonie, mais pour lui, toutes les occasions de lustrer son ego sur une tribune, qui plus est internationale, sont bonnes, ce qui n’a rien de vraiment surprenant du point de vue d’un Français ! Et puis chacun dans les « hautes instances » en est persuadé, l’avenir de la francophonie est en Afrique ! Peu soutenue par le gouvernement de son propre pays, la réélection de la présidente est plus que compromise. Sa concurrente directe, la rwandaise Louise Mushikiwabo, qui apparaît plutôt antipathique et autoritaire, est pourtant privilégiée par les membres de l’organisation, et on se doute que cela a plus à voir avec des tractations bassement politiques qu’avec sa personnalité. Comme le titre l’insinue, il est bien question de langage, et sur ce plan, les paroles et les blablas ne sont pas en reste. Pour un sujet qui pour beaucoup pourrait sembler rébarbatif, le dessin de Paul Gros vient équilibrer le propos par son trait rond et ludique qui s’inscrit dans une veine typiquement franco-belge (ou plutôt franco-belgo-québécoise dans le cas présent…). Il est vrai qu’on imaginait difficilement un manga ou un comics pour illustrer un tel récit… Cette bande dessinée nous permet de voir qu’au final, l’OIF a plus à voir avec l’opérette — les dignitaires se font même appeler « excellence » (sic). Tout cela est assez édifiant et ceux qui soutiennent la francophonie auraient bien du souci à se faire quant à l’avenir et l’influence de l’institution. Les auteurs ne se privent pas en outre d’évoquer, non sans ironie, l’hypocrisie qui règne en coulisse, ainsi que certaines absurdités telle la présence de l’Arabie saoudite en tant que pays observateur au sein de l’institution, pas davantage connue pour sa francophilie que pour sa tolérance en matière de démocratie… Pour ceux qui s’intéressent à la question, mais pour les autres aussi, « Éléments de langage » est d’une façon plus générale une fable sur le pouvoir, tout à fait digne d’intérêt pour constater que oui, la francophonie est vraiment une drôle de planète…

21/05/2022 (modifier)