Moonshadow

Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 2 avis)

Une œuvre culte offerte pour la première fois dans sa forme la plus aboutie et définitive.


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Moonshadow, vieil homme âgé de 120 ans, fils d’une hippie et d’un extra-terrestre, est au seuil de sa vie. Se penchant sur son passé, il raconte l’enlèvement de sa mère et de son chat, Frodo, par une entité éclatante ressemblant à la lune avec un faciès humain. De cet enlèvement naitra un enfant splendide et mélancolique. Devenant orphelin à l’adolescence, Moonshadow, accompagné du chat de sa mère et d’une humanoïde vénale nommée Ira, décide d’aller vivre dans les étoiles. Ce faisant, il y perdra un peu de son innocence, tentant également de trouver un sens aux actions de son père. Texte: L'éditeur

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 12 Février 2020
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Moonshadow © Akileos 2020
Les notes
Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 2 avis)
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06/03/2022 | Gaston
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Par Présence
Note: 5/5 Coups de coeur du moment
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Confronter ses convictions à la réalité - Ce tome comprend les 12 épisodes de la maxisérie parue de 1985 à 1987, ainsi que "Farewell, Moonshadow" paru en 1997. Moonshadow, un vieil homme (plus de cent ans) écrit ses mémoires et s'adresse parfois directement au lecteur. Il s'intéresse plus précisément à ce qui lui est arrivé après ses 15 ans, jusqu'à ses 17 ans. Il est le fruit de l'union de Sheila Fay Bernbaum et d'un représentant de la race extraterrestre de G'I Doses (des sortes de sphères lumineuses dont les actes sont totalement arbitraires). Cette race collectionne les spécimens des espèces vivant dans l'univers et les rassemble dans un zoo où chaque individu a droit à son dôme. Pour son quinzième anniversaire, son père l'expulse du zoo en compagnie d'Ira (un humanoïde couvert de poils comme un ours en peluche avec un cigare aux lèvres, un chapeau melon et une bonne dose de cynisme), de Sunflower (sa mère, une hippie de 1968) et de Frodo (un chat nommé en hommage au Seigneur des Anneaux de Tolkien). Moonshadow raconte les différentes expériences qui lui ont permis de confronter sa vision romantique de l'existence à la réalité. le lecteur découvre avec lui un vaisseau où une extraterrestre est proche de l'accouchement, il découvre les membres de la famille Unkshuss, il assiste à un enterrement. Moonshadow raconte comment il a été amené à voler l'Oeuf de Dieu, comment il a été enrôlé dans une guerre, comment il a été fait prisonnier, comment il a découvert la sexualité, etc. Ce tome se clôt avec "Farewell, Moonshadow" dont l'action se situe 20 ans après et qui apporte au lecteur quelques compléments sur la vie de Moonshadow devenu adulte. En 1980, Marvel Comics tente de capter le lectorat de la version américaine de "Métal Hurlant" en publiant un magazine appelé "Epic illustrated". Puis ils éditent des comics dont les créateurs restent propriétaires des droits de leur série. "Moonshadow" fait partie de la deuxième vague desdites séries Epic. JM DeMatteis a déjà une belle carrière de scénariste de superhéros derrière lui. Mais "Moonshadow" n'a rien à voir avec le superhéros, ou avec quoi que ce soit d'autre qui se fait à l'époque. le texte commence par une citation d'un texte de William Blake. DeMatteis met en exergue à chaque début d'épisode (sauf le douzième) un extrait d'un ouvrage qui a marqué sa vie ; défilent ainsi des textes de L. Frank Baum (Magicien d'Oz), Tolkien, Percy Shelley, James Matthew Barrie (Peter Pan), Robert Louis Stevenson, Dostoïevski, Keats, Henry Miller et Samuel Beckett. Toutefois, si Moonshadow souligne par 3 fois l'importance de la lecture dans sa vie, il ne s'agit pas d'un récit sur les romans, ou du moins il n'est possible de qualifier cette composante de principale. Moonshadow a développé une vision idiosyncrasique de la vie à partir de ses lectures romantiques et comme tous les adolescents il découvre que la vie recèle bien des niveaux de complexités qu'il ne soupçonnait pas. Mais là encore il n'est pas possible de limiter cette histoire à un récit initiatique de l'adolescence, même si le Moonshadow âgé explique qu'il raconte son Éveil (journey to awakening). du début à la fin, DeMatteis détaille les péripéties pétries de science-fiction de son héros qui voyage dans l'espace et qui croise des races extraterrestres et extraordinaires. Cependant toutes ces tribulations constituent autant d'occasion pour le héros de s'interroger sur le sens qu'il donne à la réalité (DeMatteis invente 2 ouvrages, l'un développant la thèse de la création de l'univers par un Dieu, l'autre la thèse du hasard et du "c'est comme ça"). Mais cet ouvrage n'est pas non plus réductible à une quête métaphysique ou à un récit d'anticipation. Il est évident qu'il s'agit également d'un récit intimiste et d'une forme décalée d'introspection (le décalage est imputable à la part importante des aventures et d'une forme douce de dérision). Cette histoire comprend de nombreux éléments qui semblent de nature autobiographique (en particulier les références à Brooklyn), sauf que DeMatteis n'a jamais voyagé à bord d'un vaisseau spatial. "Moonshadow" n'a rien à voir non plus avec les formes traditionnelles de comics. Chaque page se présente effectivement sous la forme de plusieurs cases assurant une narration séquentielle (à part "Farewell, Moonshadow" qui est composé pour les 2 tiers d'une page de texte en vis-à-vis d'une illustration pleine page). Mais la nature des textes fait que la moitié des cases s'apparente à une illustration avec un texte accompagnateur, le plus souvent le flux de pensées du héros, ou des constations du narrateur (Moonshadow âgé de plus de 100 ans). "Moonshadow" détient également le titre de premier comics entièrement peint. À part pour 3 numéros où il a été aidé par Kent Williams et George Pratt, Jon J. Muth a illustré l'ensemble de cette histoire à l'aquarelle. Au-delà de l'anecdote, Muth prend 3 ou 4 épisodes avant de trouver le bon équilibre entre ce qu'il montre et ce qu'il évoque. Au début il se repose trop sur de l'encrage traditionnel (délimitation des formes par un trait foncé). Dès qu'il a trouvé le bon équilibre, ses aquarelles suggèrent des espaces où l'imagination du lecteur peut se déployer sans contrainte. Sa capacité à évoquer une forme, un objet ou un visage par une simple tâche relève du surnaturel. Une grosse tâche blanche et c'est la barbe de Moonshadow vieux qui resplendit en pleine lumière, un grand à-plat de vert et un autre de bleu et le lecteur se retrouve dans une vaste prairie dont l'herbe ondoie sous le vent léger, quelques tâches roses pales et des corps féminins surgissent du blanc de la page dont il émane une sensualité et un érotisme d'autant plus irrésistibles qu'ils suggèrent au lieu de montrer, etc. Bien sûr, certains passages sont plus réussis que d'autres. Bien sûr le mélange des genres devient parfois plus déconcertant que signifiant. Mais je n'ai jamais rien lu de pareil et la forme comme le fond continuent de m'enchanter comme un conte pour adulte, plein de merveilleux et de poésie, sans mièvrerie. J'ai eu du mal à quitter Moonshadow après plus de 460 pages et il n'est pas près de me quitter. Après ce coup de maître, JM DeMatteis a continué avec les superhéros, mais aussi avec des récits métaphysiques (Blood, avec Kent Williams), ou dédié à son quartier d'origine (Brooklyn Dreams), ou même à un superhéros dont l'évolution suit celle de l'industrie des comics et de l'histoire des États-Unis (Life and Times of Savior 28). Jon J. Muth a réalisé un autre comics sous une forme inattendue (une adaptation de M de Fritz Lang) et des histoires pour enfants magnifiques (Les trois questions &La soupe aux cailloux).

17/04/2024 (modifier)
Par Gaston
Note: 2/5
L'avatar du posteur Gaston

Cela m'a pris deux lectures pour arriver au chapitre 6 et c'est là que j'ai pris ma décision que j'en avais assez. L'album est un bel objet, mais qui a le défaut d'être lourd. Disons que ce n'est pas le genre de BD que j'emmènerais avec moi pour lire tranquillement dans l'autobus. La première chose qui frappe lorsqu'on commence la BD est le dessin. C'est de pure beauté, les couleurs sont parfaites et le dessinateur mélange bien les styles. C'est vraiment une merveille et je mettrais 5/5 rien que pour le dessin. Sauf que c'est une bande dessinée et pas un artbook donc le scénario compte aussi dans la notation et c'est là que ça passe pas pour moi. C'est l'histoire d'un gamin, fils d'une hippie et d'un extraterrestre, qui part dans un espèce de voyage initiatique où le scénariste mélange la poésie, l'onirique et la satire sociale. C'est le genre d'histoire très étrange que j'aime bien, même si c'est parfois difficile de comprendre les motivations des personnages tellement l'univers est étrange. Le problème est que la narration est pas du tout fluide. C'est raconté comme les souvenirs du vieux Moonshadow, qui raconte ce qui lui est arrivé lorsqu'il était jeune et ce procédé devient vite saoulant. Il y a plein de textes narratifs qui deviennent vite ennuyeux à lire et ça manque de dynamisme. Dommage parce que je trouve qu'il y a de bonnes idées, mais c'est raconté de manière trop lourdingue. J'ai passé des pages à espérer que j'allais enfin rentrer dans le récit et je suis toujours resté en dehors à me demander quand cela allait devenir captivant. J'ai arrêté vers le milieu parce que là c'était clair que ce moment n'allait jamais arriver. Une grosse déception parce que j'aurais vraiment voulu adorer ce récit très particulier.

06/03/2022 (modifier)