Comment devient-on raciste ?

Note: 3/5
(3/5 pour 2 avis)

En mêlant expérience personnelle de l'auteur et analyses plus formelles, cet album propose d'élaborer une réflexion sur le racisme.


Documentaires Racisme, fascisme

À de multiples reprises, Ismaël Méziane a vécu personnellement le racisme. En 2017, lorsqu’il visite l’exposition « Nous et les Autres » au Musée de l’Homme à Paris, c’est un véritable choc qu’il a aussitôt envie de partager. Il entreprend alors de réaliser une bande dessinée avec les deux commissaires de l’exposition, respectivement anthropologue généticienne et historienne. Sous forme de déambulation, il propose un mélange de réflexions personnelles et d’échanges avec ces deux spécialistes afin de comprendre en profondeur les mécanismes à l’origine du racisme. L’album entremêle savoir et émotions pour susciter une prise de conscience, qui reste malheureusement plus qu’utile aujourd’hui.

Scénario
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 05 Mai 2021
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Comment devient-on raciste ? © Casterman 2021
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 2 avis)
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06/05/2021 | ThePatrick
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Par Ro
Note: 3/5
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Comment devient-on raciste ? "Tu cherches un mode d'emploi ?", me demande mon fils. Non, c'est bon... Je veux dire, non ce n'est pas un mode d'emploi, mais un documentaire sur les origines sociales et psychologiques du racisme, entrecoupées de pensées plus personnelles de l'auteur qui s'interroge sur son propre rapport au racisme et sur son ressenti intime. La partie didactique de l'ouvrage est intéressante et relativement claire. J'ai bien aimé son introduction par le biais des trois principes essentiels définissant le racisme : catégorisation, hiérarchisation et essentialisation. Une fois ces bases posées, les narratrices élargissent le sujet en abordant les origines du racisme ou encore le racisme institutionnalisé, avec cette fois une structure un peu moins limpide mais des exemples simples, variés et bien compréhensibles. En parallèle, avec l'auteur, c'est la partie plus intime et psychologique du racisme et de ses effets qui est abordée dans sa réflexion personnelle basée sur sa propre expérience. Là encore, c'est plutôt intéressant mais j'y ai préféré la présentation plus universelle des deux autres narratrices. Bonne lecture, plutôt intéressante, mais j'avoue qu'elle ne m'a pas appris énormément à partir du moment où l'on comprend que le racisme provient en général soit de la peur de l'inconnu, soit d'une différenciation artificiellement construite pour favoriser une classe dominante, soit d'une réaction néfaste au comportement raciste que l'on subit.

28/04/2022 (modifier)
L'avatar du posteur ThePatrick

Cet ouvrage relativement court pour un tel sujet me laisse un peu perplexe. Il entrecroise en effet le vécu de l'auteur (Ismael Méziane) et des conversations beaucoup plus didactiques avec une anthropologue généticienne et une historienne. Ces deux points de vue sont assez éloignés, et la façon dont ils sont représentés ici les rend un peu difficiles à faire se rejoindre les deux. L'un devrait (logiquement) s'appuyer sur l'autre pour l'éclairer et mieux servir le propos global de l'ouvrage, mais ça n'est pas vraiment le cas. On a plutôt deux fils qui courent en parallèle, et même si bien sûr les propos des deux commissaires à l'exposition « Nous et les Autres » apportent un éclairage sur le vécu d'Ismael, le lien n'est pas complet. Sur les explications de nos deux commissaires ensuite, il faudra garder un esprit ouvert, accepter le discours et tout lire jusqu'au bout. Car si l'ensemble est très intéressant, certains passages m'ont tout de même fortement fait tiquer. Déjà la définition donnée du racisme est très globale, et englobe d'autres choses que le racisme. Bon, soit, admettons, et remplaçons mentalement racisme par discrimination. Là où j'ai vraiment bloqué, c'est le passage sur "on ne peut pas réduire quelqu'un à une ou un ensemble de caractéristiques". Cela est tout à fait vrai en terme d'individus, par contre prendre cette affirmation au pied de la lettre revient tout simplement à nier la sociologie, la statistique, et les différences de granularité sur les points de vue. Pour prendre un exemple (oui, caricatural, je sais), je suis certain que chaque vache à son identité et ses caractéristiques propres. Maintenant quand je mange un steack (remplacez la vache par une carotte, si vous êtes végétarien), ce n'est pas ce qui va m'importer. Et ce n'est certainement pas l'identité de notre vache ou de notre carotte qui va jouer sur la production alimentaire mondiale ou sur les qualités nutritives de la blanquette qu'on en aura faite. Tout ceci étant dit, et cet ouvrage n'étant pas exempt de ce qui m'apparaît comme des défauts, les quelques explications qui sont données, si elles ne sont pas très volumineuses, sont très intéressantes et méritent carrément réflexion et maturation. Je reste persuadé qu'une multiplication des exemples aurait pu être pertinente pour mieux faire saisir le propos et emporter un peu plus l'adhésion du lecteur. On n'aura donc pas ici une référence ultime sur ce qu'est le racisme, la discrimination, les préjugés, la ségrégation, mais au moins aura-t-on des éléments de réflexion pertinents et intéressants pour élaborer sur le sujet, et, peut-être, réussir à se défaire de certains préjugés. On pourra, chose amusante, faire un lien avec la littérature de fantasy, dont une partie est de fait profondément raciste. Qu'on prenne Le seigneur des anneaux par exemple, eh bien si tu es né Orc tu n'as vraiment pas de chance car tu es laid, tordu et méchant. Si en revanche tu es né Elfe, alors tu es grand, fin, blond et cultivé. Et ton identité propre et tout ce qui fait que toi Orc tu aimes la couture, les pâquerettes et tes enfants, eh bin on s'en fiche. Lectures recommandées sur le sujet : Rêve de fer, de Norman Spinrad, et Tancrède, de Ugo Bellagamba.

06/05/2021 (modifier)