Mojo Hand

Note: 4/5
(4/5 pour 1 avis)

La face sombre de l’Amérique. Un récit ancré dans les racines du blues...


Blues Racisme, fascisme Séries avec un unique avis [USA] - Dixie, le Sud-Est des USA

Louisiane, 1926, comté de St James. Quand Wilson Dardonne ramène à la maison un bébé blanc abandonné dans le bayou, il ne sait pas encore que celui-ci va devenir le frère de coeur de Cletus, son unique fils, aveugle et petit génie du blues en devenir. Mais quelle idée de recueillir un enfant blanc dans un Sud follement ségrégationniste quand on est soi-même descendant d’esclave ? C’est ce que ne cesse de lui répéter sa femme, Delilah : « Et tu crois qu’il va s’passer quoi si on trouve c’petit cul blanc chez des nègres, hein ? »…

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 21 Août 2019
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Mojo Hand © Sarbacane 2019
Les notes
Note: 4/5
(4/5 pour 1 avis)
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08/03/2021 | Mac Arthur
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Je suis particulièrement preneur de ce type de récit. Le Mississippi Delta, une des sources majeures du blues aux Etats-Unis, est en effet à mes yeux un terreau d’une richesse extrême. Et Arnaud Floc’h exploite parfaitement cet univers avec son récit, nous entrainant sur des pistes auxquelles on ne s’attend pas de prime abord tout en restant parfaitement pertinent et en accord avec l’image que nous avons de cet univers. Mojo Hand débute en Louisiane, dans le bayou, alors qu’un père de famille noir découvre au lendemain d’un ouragan un enfant blanc miraculé du cataclysme. En décidant de le recueillir, il sait qu’il se met en danger mais voit en cet enfant un signe du destin. Il a en effet déjà perdu un fils tandis que son propre enfant encore vivant est frappé de cécité. Sur cette base, l’auteur va construire un récit qui nous parlera du racisme ordinaire, d’amitié et de rivalité, de la difficulté de trouver sa place et sa voie. Et, bien sûr, il nous parlera du blues, de ces salles de concert minables, de ces bluesmen aux destins chaotiques, souvent guidés par l’alcool et la drogue, de ces musiciens mythiques qui nourrissaient leur musique d’un quotidien fait de souffrances, de déchirements mais aussi de petites joies éphémères. Ne vous attendez pas à un récit condescendant, Arnaud Floc’h n’épargne en rien ses personnages. Son dessin caricatural donne à ceux-ci des visages souvent déformés dans lesquels l’agressivité devient laideur. Il les dote également de défauts parfois détestables. Pas de concession, donc… et pourtant ces personnages inspirent bien plus la pitié que le mépris. Avec ce récit, j’ai passé un excellent moment de lecture. La narration est fluide, les sujets abordés m’ont parlé et le destin des personnages m’a touché. Alors, même si je ne suis pas un fan inconditionnel de ce type de dessin, je ne peux rien dire d’autre que « franchement bien ! » (Et un grand merci à l’auteur d’avoir glissé en fin d’album le nom des différent.e.s musicien.ne.s qui l’ont accompagné durant la réalisation de cet album. Cela m’a permis de faire quelques découvertes musicales bien plaisantes).

08/03/2021 (modifier)