Joker - Killer Smile

Note: 2.67/5
(2.67/5 pour 3 avis)

Un psychiatre veut psychanalyser le Joker et ça va mal se terminer...


Auteurs canadiens DC Comics Des méchants super ! Folie Joker Univers des super-héros DC Comics

Quand un psychiatre affilié au Joker tente de guérir le plus grand criminel de Gotham, c'est le début d'une descente aux Enfers pour celui qui était jusqu'ici un père de famille aimant et paisible. Mais cette spirale de dépression et d'hallucinations violentes ne cache-t-elle pas aussi un réel gouffre au sein même de sa psyché ?

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 18 Septembre 2020
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Joker - Killer Smile © Urban Comics 2020
Les notes
Note: 2.67/5
(2.67/5 pour 3 avis)
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06/03/2021 | Gaston
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Par Présence
Note: 4/5
L'avatar du posteur Présence

En espérant survivre au traitement - Ce tome comprend une histoire complète indépendante de toute autre. Il regroupe les 3 épisodes de la minisérie ainsi que le numéro supplémentaire Batamn: Smile Killer, initialement parus en 2020, écrits par Jeff Lemire, dessinés et encrés par Andrea Sorrentino, et mis en couleurs par Jordie Bellaire. Les couvertures originales ont été réalisées par Sorrentino & Bellaire. Les deux couvertures variantes ont été réalisées par Kaare Andrews. Dans une large avenue de Gotham, un petit garçon marche en donnant la main à a maman : il regarde des ballons s'élever dans le ciel, certains verts certains violets. Dans sa cellule, Joker pense à sa motivation : créer des belles choses, des choses sublimes que personne n'a jamais créées. Des ballons flottent par dizaine dans le ciel de ce quartier de Gotham : ils explosent et libèrent un gaz mortel, empoisonnant les passants qui meurent avec un rictus sur le visage, comme un grand sourire crispé trop large. Dans sa grande cellule très haute de plafond, avec une grande paroi de verre, Joker continue à parler : le rire est la vraie beauté, la vie est faite pour être savourée, et certains en sont incapables. De l'autre côté de la paroi vitrée, le psychologue Ben Arnell prend régulièrement des notes. Joker lui indique que ça va être dur pour lui d'établir un diagnostic s'il n'est pas capable de déceler quand il ment. Le docteur lui répond qu'il n'est pas là pour établir un diagnostic, mais pour guérir Joker. Ce dernier rit doucement pendant un instant. Arnel lui demande si ce n'est pas ça qu'il veut : guérir ? Joker répond que ça fait longtemps que quelqu'un ne lui a pas demandé ce qu'il veut, mais que le guérir n'apporterait rien aux centaines de personnes qu'il a tuées. Il termine en ajoutant que ces sessions ne sont pas pour ses victimes, ni même pour lui, mais bien pour Ben Arnell lui-même. Après cet entretien avec Joker, le docteur Ben Arnell effectue un débriefing avec la docteure Marie Hutchins, responsable des suivis psychiatriques des patients de l'asile d'Arkham. Elle lui demande si Joker a raison quant à une motivation égocentrée d'Arnell : il lui répond que non et qu'il espère bien que l'étude d'une folie aussi poussée que celle de Joker lui permettra de formuler des propositions de traitement pour des patients à un stade moins avancé. Elle lui rappelle qu'il n'a plus que deux semaines d'étude, et qu'après il retourne à son université, car déjà il semble que Joker commence à jouer avec lui, et elle ne veut pas perdre un autre jeune psychologue. Puis elle lui raconte une blague nulle de Jason Woodrue, un autre patient. Ils sourient doucement tous les deux, Joker semblant les regarder en fixant la caméra de sa cellule. Enfin, Ben Arnell rentre chez lui en voiture, en banlieue. Il arrive tardivement et trouve sa femme Anna avec son fils Simon dans le spacieux salon, autour de la table basse, devant le manteau de la cheminée au-dessus duquel est accroché un tableau avec un test de Rorschach. Son épouse lui fait observer qu'il a une heure de retard, mais elle sourit. Ben demande à son fils comment s'est passé sa journée : Simon lui montre un dessin. Ils passent à table, et Ben ressent la chaleur humaine, le bonheur domestique, appréciant les rires. Il y a une vraie beauté dans les rires. Joker est un personnage créé par Bob Kane, Bill Finger et Jerry Robinson en 1940, et apparu pour la première fois dans Batman 1. Ici, Jeff Lemire met en œuvre une version générique : un individu maigre, à la peau blanche et aux cheveux discrètement verts, un criminel endurci, un tueur en série et un tueur de masse, un individu fou, mis en prison par Batman. Comme il s'agit de la collection Black Label destinée à un public adulte, il n'est pas tenu de faire référence à quelque continuité que ce soit. Andrea Sorrentino en donne une représentation très naturaliste : un homme normal, calme et posé, avec un sourire inquiétant, parfois juste un peu trop large. De fait, les références à la mythologie associée à Batman sont très limitées : deux ou trois apparitions de Batman dans une case, la vision d'une partie des autres patients incarcérés à Arkham (des supercriminels classiques comme Bane, Clayface, Harley Quinn, Killer Croc, Mad Hatter, Man-Bat, Mister Freeze, Penguin, Poison Ivy, Professor Pyg, The Riddler, Scarecrow, Two-Face, Ventriloquist) le temps de 2 ou 3 courtes séquences. L'objet du récit n'est pas la lutte de Joker contre Batman, ou les patients d'Arkham : c'est l'évolution de la relation entre Joker et son analyste, la façon dont il le manipule à son insu. En voyant le test de Rorschach accroché comme un tableau, le lecteur pense tout de suite à l'épisode 6 de la série Watchmen d'Alan Moore & Dave Gibbons : le psychologue Malcolm Long interrogeant Walter Korvacs qui lui fait prendre conscience de l'horreur du monde, du gouffre sans fond de la méchanceté de l'être humain. Le lecteur se doute bien que les choses vont mal tourner pour le pauvre Ben Arnell, trop idéaliste, trop jeune. Le lecteur s'attend donc à ce que Ben Arnell perde pied progressivement. Ça commence très discrètement avec cette remarque anodine sur le rire comme moment de beauté. La narration visuelle s'appuie sur une approche naturaliste, sans les exagérations propres aux comics de superhéros : pas de musculature du culturiste dopé, pas de combats physiques chorégraphiés avec une violence sadique. La scène avec les ballons est même jolie tant qu'on ne voit pas les visages grimaçants des cadavres. Ensuite seule la hauteur sous plafond de la pièce d'entretien sort de l'ordinaire, vraisemblablement une bizarrerie architecturale de l'asile d'Arkham. Ben Armell a un physique quelconque et ordinaire, avec un sourire confiant. L'artiste détoure les personnages et les éléments d'un trait fin, mais pas cassant, leur donnant un peu de poids avec des aplats de noir mesurés, comme la barbe de Ben, la chevelure d'Anna. La mise en page est aérée, avec de nombreuses cases de la largeur de la page, et le personnage au centre. Il n'y a que la mise en couleurs qui génère une sensation vaguement cafardeuse, avec des teintes un peu sombres. Alors qu'il est le maître de compositions de page aventureuses (par exemple dans Green Arrow, ou dans Gideon Falls, toutes les deux avec un scénario de Lemire), ici, Sorrentino s'en tient à des cases bien rectangulaires et sagement alignées. Le choc n'en est que plus fort quand il passe dans un autre mode avec un découpage de page audacieux, soulignant un effet horrifique avec une grande efficacité. Les couleurs suivent le mouvement devenant plus sombre ou noyées dans le rouge sang. Le suspense psychologique augmente d'autant de crans, Ben Arnell subissant une hallucination ou effectuant une action sortant de l'ordinaire, attestant de l'emprise inconsciente de Joker sur son esprit, son ressenti, sa façon de réfléchir, de voir le monde. Le lecteur mesure toute l'habileté de l'artiste en regardant les pages faites à la manière d'un livre pour enfant où l'illustration gentille avec des formes rondes comprend un élément sinistre, preuve de la présence de la perversion meurtrière insidieuse de Joker. Pour peu qu'il ait déjà lu ou vu une histoire de ce genre, le lecteur se doute bien de la tournure et des événements, et sait que l'intérêt du récit réside dans la manière dont le psychologue perd pied, les symptômes attestant de sa manipulation par Joker et de la capacité de conviction de ce dernier. De ce point de vue, le scénariste maîtrise ses effets : le lecteur est convaincu par les éléments qui font que le personnage principal perd pied, doute de son système de valeurs. Cela commence très élégamment par Joker faisant incidemment remarquer qu'il n'a peut-être aucune envie de guérir. En bon scénariste, Jeff Lemire a réservé une surprise de taille au lecteur en cours de route, mettant en cause la fiabilité du comportement d'Arnell. Cette histoire relève d'un bel ouvrage, bien exécuté, avec une ambiance sur le point de basculer dans les ténèbres, des dessins réalistes, avec une mise en page bien stable, rendant ses écarts visuels ponctuels très significatifs et impressionnants, et une tonalité qui convainc doucement le lecteur de la folie profonde de Joker, et de la force de son esprit, inimaginable par le commun des mortels, même un professionnel. Le lecteur éprouve la sensation de la perte d'équilibre et de repères de Ben, ressentant une forte empathie pour lui, mais il manque le grain de folie nécessaire pour que le récit soit assez noir, ou assez oppressant pour être indispensable. Entraînés par son sujet et par le succès de la série, Jeff Lemire, Andrea Sorrentino et Jordie Bellaire ont réalisé un quatrième épisode, cette fois-ci du point de vue de Batman. Enfant Bruce Wayne regardait une émission jeunesse à la télévision avec une marionnette (Mr. Smiles) sur la main du présentateur dont le visage n'apparaissait pas à l'écran. Mr. Smiles tenait des propos étranges sur incitant les enfants à sourire, semblant s'adresser directement au jeune Bruce et lui reprocher de ne pas sourire. Au temps présent, Batman intervient dans un immeuble où Joker est sensé se trouver. Il découvre des cadavres dans un présentoir de boucher, et un dessin sur une feuille : Mr. Pouts, un visage qu'il avait représenté enfant. Plus tard, Bruce Wayne est interné à Arkham Asylum et Ben Arnell est dans la cellule contiguë. Logique que les responsables éditoriaux aient voulu prolonger les ventes de la série, et que le scénariste propose une suite en adoptant le point de vue de Batman. Andrea Sorrentino et Jordie Bellaire sont dans le même mode réaliste, avec une dose de désespoir dans les couleurs ternes et sombres. Mais ce n'est pas une suite : l'histoire suit surtout Bruce Wayne, et Ben Arnell est cette fois-ci un patient d'Arkham. Le scénariste joue sur la difficulté de savoir ce qui est réel, et ce qui correspond à la réalité déformée dans l'esprit de Bruce, par l'administration d'une drogue de Joker. Bien sûr, le lecteur effectue le parallèle entre le cheminement de Ben Arnell dans le récit principal et celui de Wayne dans cette coda. L'influence de Joker sur Bruce enfant est particulièrement malsaine, mais vraisemblablement totalement factice, ou pas. Difficile d'y retrouver ses petits. Mais ce n'est pas non plus totalement onirique. Le lecteur aurait bien aimé bénéficier d'un signe, comme Bruce dans la dernière page du récit, pour lui aussi s'y retrouver. Sympathique et malsain, mais pas totalement convaincant.

26/04/2024 (modifier)
L'avatar du posteur Mac Arthur

C’est bien plus le nom des auteurs que celui du personnage principal et son univers qui m’ont incité à lire ce comics. En effet, je ne suis que très peu sensible à l’univers de Batman et si je trouve que le Joker est un méchant qui a de la gueule, je dois bien avouer n’avoir que très rarement été enthousiasmé par un récit le mettant en scène. Par contre, vous me dites Lemire et Sorrentino, et là j’ai plus envie de foncer. Le premier nommé est vraiment capable de créer des personnages borderline, à la limite de la folie, et le deuxième sait mettre en scène des univers malaisants, voire carrément malsains. Les deux talents réunis me semblaient donc susceptibles de m’offrir quelque chose de neuf autour du personnage du Joker. Et c’est vraiment à ce niveau-là que j’ai été déçu car l’image qu’il nous en donne est tous sauf innovante. On retrouve donc un Joker manipulateur, qui va s’amuser avec un psychiatre convaincu de pouvoir le soigner. Le début du récit est assez bien mené. Certes, ce n’est pas aussi original que je le souhaitais mais les auteurs parviennent à faire monter la tension et on comprend progressivement à quel point ce pauvre psychiatre est manipulé. Malheureusement, à partir de ce moment-là, le récit s’installe dans une logique de surenchère sans véritable suspense ni enjeu. Pas de tension, pas de progression dans la psychologie des personnages et juste un personnage qui va apporter de plus en plus de violence à sa folie. Si le récit en était resté là, j’aurais peut-être encore accordé un petit 3/5. Les auteurs ont cependant la malheureuse idée de joindre une seconde partie au récit, qui met Batman en scène et qui semble être le prolongement de l’histoire et en même temps une réminiscence en lien avec le passé de Batman. Et là, j’ai juste trouvé ça pompeux et peu clair. Clairement pas le Lemire que je préfère.

26/09/2022 (modifier)
Par Gaston
Note: 2/5
L'avatar du posteur Gaston

Je pense avoir un réel problème avec les histoires psychologiques de Jeff Lemire. J'ai trouvé ce one-shot terriblement ennuyeux. Il faut dire que le dessin n'aide pas du tout, c'est le style réaliste sans personnalité et froid que je n'aime pas du tout. Il y a aucune émotion qui ressort du dessin hormis l'ennui. En revanche, j'ai bien aimé le dessin des scènes sur le clown fictif Mr Smile et j'aurais aimé que ça soit le style de toute l'album ! Quant au scénario, je l'ai trouvé assez prévisible. On devine facilement que tout va mal finir pour le pauvre psychiatre qui va peu à peu sombrer dans la folie à cause du Joker Bon, j'ai rien contre une histoire prévisible si c'est bien. Par exemple, dans le film Joker on sait que ça va mal finir pour Arthur, mais c'est montré de manière intéressante alors qu'ici je me suis ennuyé. Les monologues m'ont souvent paru prétentieux. Il y aussi comme bonus un récit centré sur Batman dont je n'ai pas compris l'intérêt vu que le récit ne semble même pas avoir de vrai fin. Je pense que les fans de Lemire vont mieux accrocher que moi. Perso, je recommanderais plus de lire Killing Joke ou regarder le film Joker si vous voulez un récit psychologique centré sur lui.

06/03/2021 (modifier)