Le Repas des hyènes

Note: 3/5
(3/5 pour 2 avis)

Un conte initiatique et fantastique africain qui questionne la mémoire face aux bouleversements du monde.


Afrique Noire La BD au féminin Mirages

Une fable pour adultes, car sous la douceur du trait se cache la violence de la vie. Kubé et Kana sont jumeaux mais Kubé, né le premier, a le privilège d'accompagner leur père au repas des hyènes dont le rire strident peut faire revenir les défunts d'entre les morts. Kana ne se fait pas à l'idée d'être berger et décide d'assister à la cérémonie d'intronisation de son frère. Malheureusement, le garçon perturbe son déroulement et réveille l'esprit maléfique d'un Yéban. Ce démon va passer un marché avec Kana...

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 02 Septembre 2020
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Le Repas des hyènes © Delcourt 2020
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 2 avis)
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06/12/2020 | Blue boy
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Par Gaston
Note: 3/5
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Un conte initiatique se passant en Afrique sympathique à lire. Le point fort est le dessin qui est une pure merveille à regarder. C'est le genre de style dynamique que j'adore, plusieurs scènes sont à coupés le souffle ! En revanche, le scénario est un peu moyen. Il y a de très bonnes scènes, mais aussi de moins bonnes. Le principal problème étant que ça part un peu dans tous les sens. C'est un peu trop décousu pour moi. Je comprends que c'est un récit sur un enfant qui grandit au fil des expériences, mais parfois on dirait que le scénariste improvisait un peu trop et ne savait pas où aller. Cela reste une lecture plaisante si on veut lire un récit se passant en Afrique sans les clichés coloniales. Je me souviens à une époque je trouvais les bandes dessinées se passant en Afrique ennuyeuse avant de me rendre compte que ce n'était pas l'Afrique qui m'ennuyait, mais les clichés issues de la mentalité des européens....

09/12/2022 (modifier)
Par Blue boy
Note: 3/5
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Cet album, qui voit collaborer pour la deuxième fois Aurélien Ducoudray et Mélanie Allag (dont c’est la deuxième bande dessinée), nous emmène cette fois dans l’Afrique des contes et des esprits. Les auteurs nous avaient subjugués il y a quatre ans avec L'Anniversaire de Kim Jong-Il, une plongée dans ce pays effrayant et coupé du monde qu’est la Corée du nord, à travers le témoignage d’un enfant de huit ans. Dans « Le Repas des hyènes », c’est une fois encore un enfant qui est mis en scène à travers un parcours initiatique empreint d’onirisme. Si l’album est déjà en lice pour le prix jeunesse (12-16 ans) d’Angoulême, on ne peut s’empêcher d’être un brin perplexe. Est-ce juste parce que l’histoire met en scène un jeune enfant ? Pourtant, ce conte, par sa complexité et sa portée philosophique, peut parfaitement viser le public adulte et n’est en outre pas si facile d’accès. Le prolifique Aurélien Ducoudray a ainsi puisé dans un mythe dogon pour raconter l’histoire du jeune Kana, dont le frère jumeau Kubé, né juste avant lui, aura l’honneur d’accompagner son père pour nourrir les hyènes, dont le rire strident empêche les morts de se reposer. C’est ainsi que par un pacte commun, Kana va devoir guider un yéban, être surnaturel métamorphosé en hyène géante, vers un objectif inconnu qui ressemble étrangement aux enfers... Une fois encore, on admirera le dessin naïf de Mélanie Allag pour qui la couleur n’est clairement pas envisagée comme une simple option. Ce n’est pas par hasard si l’on pense beaucoup au Douanier Rousseau, avec des ambiances à la fois sombres et chatoyantes qui savent évoquer tout le mystère et l’onirisme des nuits africaines. Vers la fin du récit, Allag va radicalement changer d’approche graphique pour décrire la séance initiatique du jeune Kana, laissant le lecteur à la fois totalement fasciné et désorienté au milieu d’un rêve cerné de cauchemars. On entre dans une dimension totalement surréaliste qui pourrait faire penser à une sorte de Dali psychédélique, c’est une expérience de lecture hors-normes. Ce conte, qui honore avec sincérité le culte des ancêtres encore très prégnant dans l’Afrique d’aujourd’hui, est une alliance de merveilleux et de cauchemar. Il nous parle d’un continent qui a souffert, encore marqué par la colonisation mais qui n’a jamais renoncé à ses traditions, partie intégrante de l’âme africaine. On pourra toutefois déplorer le côté désordonné de la narration, qui aurait peut-être nécessité quelques clés à l’attention du béotien ne possédant pas une connaissance suffisante des us et coutumes propres à ce continent. Ducoudray a peut-être failli devant la puissance d’un projet trop ambitieux, et à l’image de Kana, qui confie à son amie la hyène qu’il n’a aucune idée de l’endroit où aller, s’est peut-être quelque peu égaré dans cette rêverie pourtant non dénuée de charme.

06/12/2020 (modifier)