La Solitude du marathonien de la bande dessinée

Note: 3/5
(3/5 pour 1 avis)

Comment Adrian Tomine est devenu Adrian Tomine ?


Autobiographie Les petits éditeurs pendant la pandémie Profession : bédéiste Séries avec un unique avis

Alors qu’il n’est encore qu’un jeune garçon plein d’espoir, Adrian Tomine se fait une promesse : il deviendra un jour un grand auteur de bande dessinée, aussi talentueux que John Romita. Mais voilà, comment transforme-t-on un rêve d’enfant en une longue carrière de dessinateur?? Avec beaucoup d’humour et d’autodérision, Adrian Tomine revient sur son parcours, un marathon solitaire semé de déceptions, de gaffes et d’humiliations. De la mauvaise critique à la dédicace foireuse, il livre sans fard les moments les plus embarrassants de sa carrière, explorant au passage sa relation conflictuelle avec la bande dessinée et son industrie. Pensé comme un carnet de croquis qui prend la forme d’un journal intime, l’ouvrage se fragmente en plusieurs chapitres chronologiques où chaque page utilise le même découpage. Usant d’un dessin épuré et sans couleur, Adrian Tomine bouscule son propre style en supprimant tout enjolivement pour mieux souligner l’honnêteté autobiographique de son propos. Pourtant, on rit volontiers du malaise et de la gêne qui se dégagent de chaque situation. Cinq ans après la publication de son dernier livre, Les intrus, Adrian Tomine prouve sa capacité à se réinventer en proposant un ouvrage à la première personne, qui témoigne des difficultés et des désillusions rencontrées par les auteurs de bande dessinée. En exposant ainsi sa propre vulnérabilité, il délivre un portrait sincère et parfois douloureux d’une profession en manque de reconnaissance.

Scénario
Dessin
Traduction
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 08 Octobre 2020
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série La Solitude du marathonien de la bande dessinée © Cornélius 2020
Les notes
Note: 3/5
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08/10/2020 | Noirdésir
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Eh bien, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Adrian Tomine n’a pas l’amour propre mal placé ! En effet, l’album est une sorte de compilation des vestes les plus diverses qu’il a prises tout au long de sa « carrière » d’auteur de BD (près de 25 ans), que ce soit en dédicaces ou lors de festivals. C’est une accumulation de petites humiliations (réelles ou ressenties par erreur…) qui, prises au pied de la lettre, le font passer pour un loser névrosé, un « suiveur » (de Clowes ou d’autres), qui peinerait à admettre son absence de talent. Or, qu’on aime ou pas son style, Tomine en a du talent. Déjà, une narration fluide – simple et sans fioriture, comme son dessin, qui s’affranchit allègrement des décors pour se concentrer sur les personnages (et le fait que tout soit dessiné sur une sorte de carnet à petits carreaux accentue le côté un peu froid et faussement « besogneux » de l’ouvrage). Mais ce n’est qu’une impression, car on finit par s’attacher au personnage que Tomine semble incarner, son double à la fois incompris et mal comprenant. Peu à peu l’humour s’invite, on ne pleure pas sur son sort, mais on finit par anticiper la chute des anecdotes regroupées ici, dans une vision volontairement noircie et quelque peu gauchie du métier de bédéiste. Et du coup la lecture est rapide et agréable, Tomine a réussi son pari, on a envie de lui dire « mais non, mon gars, tu n’es pas mauvais, il y a des lecteurs qui t’apprécient et qui t’aiment pour ce que tu es ». Et sa thérapie aura donc réussi.

08/10/2020 (modifier)