Deux manches et la belle (He done her wrong)

Note: 3/5
(3/5 pour 1 avis)

Publié en 1930, Deux manches et la belle est un roman sans texte, précurseur du roman graphique, parodiant les romans du même genre du début du XXe siècle.


BD muette Fantagraphics Books Les Pionniers de la BD New York Séries avec un unique avis

C'est l'histoire d'un trappeur, beau et fort, qui est amoureux d'une belle chanteuse. Mais leur amour est mis à mal par l'intervention d'un escroc qui va profiter de la naïveté des deux tourtereaux pour s'emparer de la belle. S’il n’a pas eu autant de succès que les oeuvres antérieures de Milt Gross, comme Nize Baby (1926), il a été récemment redécouvert et publié aux États-Unis chez Fantagraphics (2006).

Scénario
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 24 Octobre 2019
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Deux manches et la belle © La Table Ronde 2019
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 1 avis)
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25/01/2020 | Ro
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Par Ro
Note: 3/5
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Je ne connaissais pas Milt Gross. C'était un dessinateur et auteur de comics qui faisait partie des pionniers américains du genre, de l'époque des George Herriman (Krazy Kat) et autres Cliff Sterrett (Polly). Deux manches et la belle (He done her wrong, en version originale) est une innovation dans l'ère de la bande dessinée car c'était probablement le tout premier grand roman graphique, à savoir un album entier racontant une même histoire, sans strip ni gags en une page, ni courts chapitres. Cela raconte les aventures de trois personnages : un trappeur, beau et fort mais un peu niais, une jolie chanteuse qui est son amoureuse, et un vilain escroc qui va profiter de leur naïveté à tous les deux pour s'emparer de la belle et d'autant d'argent que possible. Ce sera alors la quête du héros pour retrouver sa chérie, tandis que nous suivrons leurs heurs et déboires des deux autres dont les routes vont s'entrecroiser. Sur la forme, nous avons un album cartonné au format moyen et presque carré. Ses plus de 250 pages sont composées soit de dessins en pleine page, soit d'un unique dessin plus petit et plus rythmé, soit d'une succession de petits dessins comme une BD plus classique. C'est rigoureusement de la BD au sens narration séquentielle. Et l'album est complètement muet, à l'exception de quelques enseignes et panneaux écrits en anglais et d'une poignée de bulles de dialogues composées de petits dessins façon rébus vers le début de l'album. Il y a dans cette histoire une forte influence des films de Charlie Chaplin, avec lequel Milt Gross avait collaboré quelques ans plus tôt, notamment la Ruée vers l'Or pour le décor forcément, mais aussi beaucoup d'aspects proches du cartoon, puisque là aussi l'auteur avait travaillé dans ce domaine. Sur la forme et la mise en scène, c'est un récit qui a plutôt bien vieilli et surprend par la modernité dont il pouvait faire preuve à l'époque. Sur le fond, le récit parait quand même très désuet et éculé de nos jours. L'histoire est basique, composée d'une suite de rebondissements téléphonés et d'une morale où le vil méchant sera puni par où il a pêché et le bon naïf finira par être récompensé de ses efforts et de son honnêteté. Certains gags passent aussi difficilement de nos jours, faisant référence à des éléments qui n'ont plus cours aujourd'hui. Par exemple, il y a un moment clé où le méchant dilapide tout son argent dans une sorte de distributeur public dans une sorte de long gag qui dure plusieurs pages, et je n'ai même idée de quel est cet objet et de la raison de l'acharnement du personnage. C'est donc un album intéressant sur le plan de l'histoire de la BD et je reconnais sa maîtrise narrative et la modernité de son rythme et de sa mise en scène. Mais pour autant, on prend un plaisir assez réduit à le lire et il ne ressort rien de passionnant ou d'éventuellement drôle de son récit.

25/01/2020 (modifier)