La Lanterne de Nyx (Nyukusu no Kakutô)

Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 2 avis)

Dans cette série en 6 tomes, Kan Takahama continue à explorer la découverte du monde occidental par les Japonais, thème déjà évoqué dans Le Dernier envol du papillon et Tokyo, amour et libertés, mais ici rendu encore plus accessible via le regard de la jeune Miyo.


1872 - 1899 : de la IIIe république à la fin du XIXe siècle La BD au féminin : le manga Le Japon historique Leedsha Paris Seinen

1878, la France fait rayonner sa puissance industrielle et culturelle en organisant des expositions universelles, tandis que le Japon s'ouvre au monde après 200 années d'isolationnisme. À Nagasaki, Miyo, orpheline qui a pour seul talent le don de clairvoyance au travers des objets qu'elle touche, parvient à trouver un emploi chez Ban, commercialisant des objets importés d'Europe. Au contact de l'Occident, elle découvrira un monde nouveau qui la conduira jusqu'à Paris…

Scénario
Dessin
Traduction
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 06 Mars 2019
Statut histoire Série terminée 6 tomes parus

Couverture de la série La Lanterne de Nyx © Glénat 2019
Les notes
Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 2 avis)
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10/04/2019 | Mac Arthur
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Par Ro
Note: 4/5
L'avatar du posteur Ro

La Lanterne de Nyx est un manga tenant à la fois du récit historique et du roman graphique léger que je trouve aussi instructif que plaisant. Il prend pour cadre les échanges commerciaux entre l'Occident et le Japon aux débuts de l'ère Meiji, à la fin du 19e siècle, quand d'un côté le Japon s'ouvre enfin au monde et qu'en parallèle la mode du Japonisme commence à apparaitre en Europe et plus particulièrement à Paris. Cela commence au Japon, alors qu'une jeune femme un peu timide intègre comme boutiquière un magasin de vente d'objets importés d'Europe. Elle se mêle alors à un petit groupe de personnages attachants et particuliers, le plus étonnant d'entre eux étant le patron, un jeune métisse japonais aux yeux bleus très moderne d'esprit et maîtrisant aussi bien l'Anglais que le Français. Au long des deux premiers tomes de la série, nous découvrons comment les Japonais découvre avec plaisir ces vêtements et autres ustensiles occidentaux et comment ils les intègrent dans leur vie encore très traditionnelle. Puis à partir du troisième tome s'entame le chemin inverse, quand les héros se lancent dans l'ouverture d'un magasin dans les rues de Paris pour y vendre des objets d'arts et autres curiosités japonaises aux Français. Le tout est enrobé dans un ensemble d'intrigues semi-romantiques, familiales et autres relations d'amitié et de rivalité entre les protagonistes. J'ai pris grand plaisir à lire cette série. Le graphisme n'est pas formidable mais il est très plaisant, malgré quelques structures de visages un peu trop similaires et des décors pas toujours très beaux. Sa force est essentiellement dans la douceur de son trait et dans les visages et expressions de ses personnages principaux, notamment la mignonne et ingénue Miyo. Le contexte m'a rapidement captivé, d'autant plus que je me suis vite attaché à la jeune héroïne ; un peu plus d'ailleurs qu'à son patron ce qui m'a causé une légère déception quand sur le troisième tome on la quitte pour se focaliser sur ce dernier principalement, ce qui chez moi a résulté dans une petite baisse de rythme du récit et un certain désintérêt pour toute la part de l'intrigue tournant autour de la fameuse Judith que je trouve agaçante. Heureusement on retrouve Miyo par la suite et surtout tout ce contexte de relations entre France et Japon au 19e siècle, notamment l'importation des premières estampes et leur accueil par le milieu artistique français. C'est à la fois réaliste, avec l'intégration de personnages réels et de beaucoup de textes très instructifs entre chaque chapitre, et en même temps c'est léger, optimiste et souvent teinté de pas mal d'humour. Les protagonistes sont bons, chacun avec une personnalité et une intelligence remarquables, avec on a d'ailleurs droit à une répartition très équitable et moderne entre personnages masculins et féminins ce qui est très appréciable. J'ai adoré les deux premiers tomes, trouvé le troisième plus mou, et les trois derniers bien mais pas exceptionnels, mais la conclusion et l'épilogue du récit ont su me toucher, avec cette pointe de nostalgie que l'on ressent quand on quitte à regret un univers qui a su vous charmer. Je ne retiendrais donc globalement que les nombreux aspects positifs de ce manga que je conseille sans hésiter.

03/01/2022 (modifier)
L'avatar du posteur Mac Arthur

Ce manga est intéressant à plus d’un titre. Outre le parcours de vie de son héroïne (un classique du genre), il possède également une belle dimension historique et, surtout, permet aux lecteurs de voir comment la culture occidentale a pu influencer le Japon (et inversement) dès lors que celui-ci fut contraint et forcé d’ouvrir ses frontières. Enfin d’autres personnages et leurs mystères permettent d’étoffer cet univers en multipliant les centres d’intérêt. Ceci dit, et même si j’ai bien apprécié ma lecture jusqu'à présent, l’ensemble reste confiné à l’anecdote. Mais à l’anecdote amusante et instructive. Mais anecdotique quand même… Les premiers vêtements occidentaux, les premiers phonographes, les premières tablettes de chocolat au lait. Il est plaisant de voir les réactions et la fascination qu’exercent ces objets sur la jeune et naïve Miyo mais aussi face à la population japonaise de cette fin de XIXème siècle dans son ensemble. Je n’ai cependant pas (encore) ressenti en quoi cette découverte du mode de vie occidental allait révolutionner la vie du peuple japonais, et c’est en cela que je reste sur cette idée d’un récit anecdotique. Le deuxième tome permet d'inverser quelque peu les rôles puisqu'il y sera aussi question de l'exportation de produits originaires du Japon vers les pays occidentaux. Il s'agit ici toujours de produits secondaires liés à des effets de mode (de l'époque). Les estampes, la soie, ces petites choses qui ne révolutionneront pas nos vies mais qui, par leur caractère exotique, intriguaient, amusaient ou étonnaient (amusant de voir par exemple qu'à l'époque de ce récit l'exportation de sauce soja s'était soldée par un échec, le goût étant trop exotique pour les palais occidentaux). Mais, d’un point de vue historique, le travail effectué est plaisant. De plus, pour nous, occidentaux, l’intérêt est double puisque non seulement nous (re)découvrons les innovations occidentales de l’époque (l’expo universelle de Paris de 1878 est souvent évoquée) mais nous sommes également plongés dans le Japon à la même période, ce qui s’avère encore bien plus dépaysant. Mais finalement, ce qui porte réellement ce récit, ce sont ses personnages principaux. La petite Miyo est très vite attachante malgré un profil assez convenu (pauvre orpheline inculte qui va s’avérer volontaire, courageuse, obstinée et dotée d’une grande capacité d’apprentissage, elle apprend d’ailleurs à lire l’anglais en un temps record). Son « don » surnaturel lui apporte un pouvoir et une originalité propices à de multiples développements, ce qui permet de créer de petites intrigues qui dynamisent la série. Deux autres personnages se démarquent dans le premier tome, et leurs passés encore emplis de zones d’ombres sont autant de sources de questionnement. Un quatrième personnage, dont on sait rapidement beaucoup du passé, est une porte d’entrée vers la réalité sociale du Japon de l’époque. Personnage touchant et positif, il soutient l’héroïne et lui apporte de la crédibilité. Et le deuxième tome nous permet d'en apprendre plus sur tous ces personnages, tout en en découvrant de nouveaux. Cette galerie de personnage, couplée au caractère historique du récit, est vraiment le point fort de la série. Enfin, un mot sur le dessin que j’ai bien apprécié. Les pages sont fournies et les décors sont soignés. Le trait clair et précis de Kan Takahama permet de facilement différencier les personnages. La mise en page est claire. L’ensemble est facile à lire et agréable à regarder. Cette profusion de détails justifie le format du livre (plus grand que les mangas traditionnels) et par conséquent le prix un peu plus élevé que ceux traditionnellement pratiqués pour les mangas. Une série qui, après deux tomes, demeure à un très bon niveau. Reste juste à parvenir à quitter l’anecdote, à trouver un peu plus de profondeur à cet univers pour faire de La Lanterne de Nyx une petite perle à ne pas manquer (et certains développements dans le tome 2 me laissent espérer que ça va être le cas).

10/04/2019 (MAJ le 20/06/2019) (modifier)