Kraken (Soleil)

Note: 3.2/5
(3.2/5 pour 5 avis)

« Celui qui doit combattre des monstres doit prendre garde de ne pas devenir monstre lui-même. Et si tu regardes dans un abîme, l’abîme regarde aussi en toi ». F. Nietzsche


Auteurs italiens

Serge est l’ancien présentateur d’un programme TV à succès sur les créatures des abysses. Rongé par la mort de son fils qui s’est noyé, il est hanté par des cauchemars sur les grands fonds marins. Un soir, il reçoit la visite d’un enfant paumé qui lui demande de l’aide. Il est l’unique survivant du naufrage d’un bateau où se trouvait son père et son grand frère. Il est persuadé que leur route a croisé celle de l’effroyable créature marine, le Kraken, qu’il veut éliminer…

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 12 Septembre 2018
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Kraken (Soleil) © Soleil 2018
Les notes
Note: 3.2/5
(3.2/5 pour 5 avis)
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25/10/2018 | PAco
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L'avatar du posteur Noirdésir

Une lecture plaisante. Pourtant, la première moitié du récit, au rythme lent et presque convenu, m’avais fait un temps penser à une sorte de téléfilm de France télévision, avec quelques personnages presque caricaturaux, le rythme lent donc. Mais j’ai passé outre ce départ mollasson, grâce au dessin, vraiment bon, dynamique et agréable. Et aussi parce que l’histoire se densifie, sait ménager quelques effets et retournements, et donne un peu d’épaisseur à quelques personnages. La fin est par contre menée sur un rythme plus rapide – contrastant trop avec ce qui précède – ce qui fait perdre un peu de crédibilité au récit (concernant le coupable des crimes qui endeuillent le petit village de pêcheurs dans lequel prend place cette histoire qui appâte avec du fantastique mais qui reste dans un récit classique finalement).

26/04/2024 (modifier)
L'avatar du posteur Pokespagne

Le mythe du Kraken a déjà donné lieu à diverses adaptations BDs intéressantes, la plus marquante restant sans doute celle de Bernet et Segura qui confrontait le monstre lovecraftien à la noirceur urbaine contemporaine. L'excellente idée de Pagani est de faire du Kraken une puissante métaphore du trouble, voire de la monstruosité qui se niche dans l'inconscient de chacun - que nous soyons des citadins victimes de la superficialité du succès, comme le "héros" défait de cette histoire, ou des pêcheurs s'accrochant aveuglement à des traditions exsangues comme la plupart des protagonistes de Kraken. A partir de là, Pagani nous offre un voyage infernal dans les affres de la culpabilité, de la haine de soi et du rejet aveugle de l'Autre, qui ne peut que se terminer horriblement dans une révélation - assez improbable quand même - qui sonne le glas de toutes nos illusions : il n'y a rien d'autre dans notre monde "moderne" que la folie que nous nourrissons en nous. Un très beau et très ambitieux programme donc pour cette BD qui a d'ailleurs été primée en Italie, son pays d'origine. C'est malheureusement dans son exécution que le bât blesse... Car Pagani échoue largement à construire des personnages qui ne soient pas de simples esquisses, voire de pures caricatures de leurs tourments psychologiques, et surtout à construire un récit qui nous entraîne littéralement vers le gouffre : Kraken s'avère une succession un peu stérile et répétitive de scènes sonnant faux, trop démonstratives, parfois même franchement grotesques. Les noms des personnages et des lieux sonnant "français" (est-ce la traduction ?), le lecteur d'ici aura beaucoup de mal à imaginer Kraken dans le décor de la Bretagne contemporaine, le manque de réalisme de ce contexte minant la crédibilité de la charge contre notre soi-disant inhumanité. Au dessin, Cannucciari nous offre quelques pages lyriques saisissantes, grâce à un usage habile d'un gris vert monochromatique traduisant bien le désespoir glauque du récit. Néanmoins, son style louche trop vers celui d'un Will Eisner, sans jamais en atteindre la finesse, pour que la comparaison avec le travail du grand maître américain ne joue finalement contre lui. Kraken est donc une tentative ambitieuse de grand roman graphique, que l'on ne peut qu'admirer, mais qui échoue finalement à délivrer ses promesses, à cause d'un paradoxal "manque de profondeur", qui empêche qu'un Kraken puisse vraiment s'y loger...

08/10/2019 (modifier)
Par sloane
Note: 4/5
L'avatar du posteur sloane

Oui, oh que oui! voila du bon sur lequel j'ai vraiment accroché. Tout d'abord ce qui m'a attiré l’œil c'est cette belle couverture dans les tons verts qui n'a d'ailleurs pas été sans me rappeler le travail de Riff Reb's. L'histoire évoque donc ce monstre marin, imaginaire ? Le Kraken, sorte de pieuvre gigantesque qui selon la légende était capable d'entraîner des navires au fond de l'océan. Ici le Kraken est accusé de faire fuir les poissons au large d'un petit port de pêche ruinant ainsi la population. Population un brin caricaturale et je dois dire, afin que les habitants de Sauzon ou de port Tudy se rassurent, qu'ils ne sont pas ainsi. Le dessinateur avec son trait plutôt réaliste arrive à instiller une ambiance assez sombre et prenante, j'adore le passage se situant dans le cimetière de bateaux qui n'a rien à envier à celui du fond de la baie de Douarnenez. Non vraiment, ambiance, histoire, dessin j'aime beaucoup cette histoire. Le fait qu'elle ait été primée en Italie est une bonne chose pour lui apporter plus de lisibilité. N'hésitez pas à emprunter la chose ! Pour moi cela mérite de figurer dans ma bibliothèque.

02/01/2019 (modifier)
L'avatar du posteur Mac Arthur

Mon sentiment à la fin de cette lecture est que cet album aurait pu être mieux, même s’il est déjà pas mal en l’état. Son gros point fort, pour moi, c’est son dessin. Un style semi-réaliste très lisible que viennent entrecouper des illustrations plus sombres venues des profondeurs. Honnêtement, je trouve que ça a de la gueule ! L’histoire aussi est plaisante avec ce petit village de pêcheurs, ses craintes légendaires et cet étranger venu foutre son grain de sel alors que la majorité des autochtones auraient préféré ne jamais le croiser. Par contre, j’ai trouvé qu’il y avait un problème de rythme. Le début est fort lent alors que la fin est vite expédiée. Et du coup les révélations finales tombent un peu mal à propos. Le récit perd en crédibilité et le retournement de situation, qui aurait vraiment pu être très bien vu, devient trop surprenant pour être plausible. Une bonne lecture quand même mais je conseillerais plutôt un emprunt en bibliothèque… sauf si vous accordez la priorité au dessin et que celui-ci vous plaît. Je pense en effet que ce dessin a un goût de revenez-y tel que posséder l’album rien que pour pouvoir le contempler n’est pas idiot.

28/12/2018 (modifier)
Par PAco
Note: 3/5
L'avatar du posteur PAco

Meilleur album italien du Festival Romics de Rome cette année, Kraken nous replonge dans les superstitions des localités reculées du bord de mer et la bassesse humaine. Damien est un jeune garçon simplet, seul survivant d'un naufrage où son grand frère et son père ont péri noyés. Le village de marins-pêcheurs où il vit voit en lui le responsable de ce malheur. Il aurait attiré le mauvais œil ou plutôt le Kraken, cause pour eux de trop nombreuses disparitions et de pêches calamiteuses qui à terme entraînera la mort lente du village. Ce monstre marin légendaire réclamerait son dû pour que la prospérité revienne... Damien, qui depuis cet accident dramatique vit un peu dans son monde et cherche à venger la mort de son frère et tuer le Kraken, va faire appel à un ancien journaliste TV de renom aujourd'hui tombé dans l'oubli, Serge Douggary. Lui aussi a perdu un fils et décide plus par compassion que conviction d'aider le jeune garçon à faire la lumière sur cette histoire pour lui prouver que le Kraken n'existe pas. Son arrivée au village ne va pas faire que des heureux, surtout quand il va commencer à prendre la défense du gamin... Cette histoire de légende marine qu'on pourrait situer n'importe où, mais qui m'a fait grandement penser à la Bretagne et à ses croyances avait tout pour me plaire. Amateur de fantastique, de légendes et du bord de mer, j'ai du trop me projeter. Car au final si l'album est bon, j'en attendais certainement un peu plus, surtout quand un album est primé. L'histoire se tient et est bien conduite, le dessin réaliste colorisé dans un camaïeu de vert est très élégant et expressif, mais il m'a manqué un je ne sais quoi pour que je rentre pleinement dans l'histoire. A découvrir quand même, surtout pour les amateurs de légendes marines et de thriller.

25/10/2018 (modifier)