Ma vie dans les bois (Manga Shinshirakawa Genjin Upa!)

Note: 4/5
(4/5 pour 1 avis)

À mi-chemin entre Je ne suis pas mort et Une sacrée mamie, découvrez l'inspirante histoire auto-biographique d’un mangaka qui, après trente ans de carrière, décide de partir vivre en autonomie dans la montage ! Entre guide pratique et manga quotidien familial, Ma vie dans les bois propose un véritable modèle de vie, en toute liberté et indépendance. (texte de l'éditeur)


Autobiographie Crise de la quarantaine Documentaires Environnement et écologie Kodansha La Pêche Seinen Séries avec un unique avis

Cela fait bientôt trente ans que Shin Morimura est auteur de mangas. S’approchant de la cinquantaine, et tandis qu’il vient de mettre un point final à sa dernière série fleuve, son éditeur lui demande de trouver une nouvelle idée originale pour son prochain titre. D’abord en manque d’inspiration, le dessinateur va finalement se lancer dans un projet « un peu » fou : partir vivre dans la montagne, sans eau courante ni électricité, et raconter son nouveau quotidien en manga ! Sa femme finira par le suivre, malgré "quelques" appréhensions… De la construction de leur maison passive en bois jusqu’au difficile apprentissage de l’autonomie alimentaire, suivez l’incroyable vie de ce couple plus tout à fait comme les autres !

Scénario
Dessin
Traduction
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 24 Août 2017
Statut histoire Histoires courtes (normalement, la série est terminée) 10 tomes parus

Couverture de la série Ma vie dans les bois © Akata 2017
Les notes
Note: 4/5
(4/5 pour 1 avis)
Cliquez pour afficher les avis.

04/09/2017 | Mac Arthur
Modifier


L'avatar du posteur Mac Arthur

J’aime beaucoup ce manga… et, encore aujourd’hui, les raisons de cette appréciation continuent de me poser question. Pourquoi, en effet, me suis-je passionné pour ce récit d’un mangaka qui s’en va construire sa maison au milieu des bois et se passionne pour la pêche ? Les réponses à cette question sont multiples et parfois franchement étonnantes. La plus étonnante de toutes à mes yeux, c’est le dessin. Pourquoi celui-ci m’a t’il fait penser au regretté Michel Plessix (oui, je sais, quand on regarde la couverture, c’est encore plus étonnant) ? J’ai d’abord pensé à la calligraphie employée (ce qui n’était pas idiot)… mais il n’y a pas que ça. La manière de dessiner la forêt et ses arbres, mais aussi les visages des personnages a un petit quelque chose de Plessix (période Julien Boisvert ou, mieux encore, La Déesse aux Yeux de Jade). Ce trait m’a beaucoup plu, même lorsqu’il se fait plus caricatural. Il est expressif et dynamique, ce qui convient parfaitement au thème, mais aussi détaillé et différent du style employé dans la majorité des mangas actuels (pour lesquels on pourrait véritablement interchanger les auteurs sans que personne n’y remarque quoique ce soit). Ensuite vient le thème en lui-même. Il y a dans celui-ci un léger parfum du mythe de l’île déserte. Depuis l’île mystérieuse (véritable livre de chevet durant ma jeune adolescence), j’ai toujours été fasciné par les récits dans lesquels des humains parviennent à construire quelque chose à la seule force de leurs mains, de leur courage, de leur ingéniosité et de leur obstination. Et d’autant plus fasciné lorsque les techniques employées nous sont livrées sans pour autant que l’intrigue en souffre. J’ai retrouvé un peu de cet esprit dans cet album, qui nous explique très clairement et dans le détail mais sans que cela ne devienne trop technique comment construire une maison en rondins au cœur d’une forêt pour un budget réduit, comment construire un four, comment fabriquer une canne à pêche à partir de bambous... Franchement, ça donne envie de se lancer dans l’aventure même si tout n'est pas réalisable sous nos latitudes. Et puis, il y a le ton employé et la personnalité de Shin Morimura. Obstiné et positif, le mangaka fait montre d’humilité et d’humour mais parvient à donner vie à ce qui ressemblait pourtant à une douce utopie. Ce retour à la nature et aux travaux manuels a certes un franc côté bobo (je ne sais pas s’ils emploient ce qualificatif au Japon mais dans l’esprit on en est proche) mais un bobo réaliste, un rêveur pragmatique. Les questionnements du personnage sont une des composantes essentielles du récit… et donc de mon appréciation. L’humour est également bien présent, et comme souvent dans les mangas en relation directe avec la scatologie. En temps normal, je peux trouver ça très vite gonflant mais ici, ça passe plutôt bien. Les photos qui viennent illustrer la fin de nombreux chapitres jouent aussi dans mon appréciation d'ensemble, car elles matérialisent ce récit, le font rentrer dans le concret. Bon, je dois admettre qu'il y a une petite baisse de régime entre la fin du tome 4 et le tome 7. Le fait que Shin Morimura semblait avoir réalisé tout ce qui était possible et nécessaire à son habitation après ces quatre premiers tomes est certainement la cause principale de cette baisse d'intérêt de ma part. La part prise par ses récits de pêche depuis le tome 3, et qui ne cesse de grandir depuis est une autre raison (et une conséquence de la première ?) Les changements de traducteurs ont aussi joué un rôle (principalement dans le cas du tome 6). Heureusement les trois derniers tomes ont réussi à réveiller mon intérêt. Le tome 9 qui aborde la thématique de la transmission ainsi que les voyages en chien de traineau m'a particulièrement plu, le positionnant au même niveau que les tout premiers tomes de la série dans mon classement personnel. Quoiqu'il en soit, pour l'évocation de ses chiens, pour les pages consacrées à sa perception de la catastrophe de Fukushima (il habite à seulement 80 km de la centrale nucléaire et son habitat naturel, maison, potager, forêt nourricière, a donc été exposé aux radiations), pour la bonhomie qui se dégage de ses récits, pour son ingéniosité et son obstination (on ne peut pas dire que je me passionne pour une canne à pêche mais les siennes sont vraiment des œuvres d'art autant que d'artisan), je considère cette série comme un de mes mangas préférés, sinon mon préféré. Vraiment à découvrir !

04/09/2017 (MAJ le 08/09/2022) (modifier)