Mettez des mots sur votre colère

Note: 3.6/5
(3.6/5 pour 5 avis)

Dans ce somptueux album au format à l’italienne, Marc Malès nous livre une histoire bouleversante et humaniste sur les conditions de vie des enfants travailleurs aux États-unis au début du XXe siècle à travers le travail d'un reporter-photographe.


1900 - 1913 : Du début du XXe siècle aux prémices de la première guerre mondiale Format à l’italienne Photographie

Début des années 1900, aux États-Unis. Owen Brady, photographe, s’est spécialisé dans la prise d’instantanés représentant des portraits d’enfants. Ils ont tous en commun le fait de venir de milieux défavorisés et d’être, malgré leur âge, obligés de gagner leur vie. Soutenu par le National Child Labour Committee, voilà plus de quatre ans qu’il parcourt le pays dans le but de dénoncer le scandale de l’exploitation de ces jeunes travailleurs. Mais ce combat, il le livre aussi pour lui-même : Owen a été l’un de ces enfants. Ces cicatrices mal refermées ont fait de lui un écorché vif, en lutte contre toutes les formes d’injustices...

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 18 Mars 2015
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Mettez des mots sur votre colère © Glénat 2015
Les notes
Note: 3.6/5
(3.6/5 pour 5 avis)
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01/11/2015 | Erik
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L'avatar du posteur Noirdésir

L’histoire s’inspire de celle d’un photographe américain qui a réellement mené cette enquête sur le travail des enfants au début du XXème siècle aux États-Unis – tout en prenant pas mal de libertés quant à la personnalité véritable de ce photographe, héros de cette histoire. Du coup, le roman graphique a de furieux airs de documentaire, et donne à voir une réalité affreuse, une exploitation cynique de la misère et de l’enfance par un patronat peu gêné par les scrupules. Une vision très noire mais crédible de la société de l’époque. Le récit gagne en densité et en force grâce à la personnalité de ce photographe. Dont la violence exacerbée, à fleur de peau, éclate de plus en plus. Un personnage qui reproduit sur les autres une partie de la violence qu’il a subie enfant de la part de son père. Un personnage qui au départ semblait jouer un rôle uniquement positif, et dont plusieurs aspects de sa personnalité rendent antipathique (sa vision des femmes, prostituées par exemple). Mais le récit est ainsi moins monocorde et manichéen. Récit très agréable à suivre aussi grâce au dessin de Malès, que j’ai trouvé très bon, très beau (superbe colorisation, aux rendus de rouille et de sépia). A part un défaut – en tout cas une caractéristique « bizarre » – relativement récurrent chez Malès, des corps un peu filiformes, avec des visages qui paraissent un peu trop petits par rapport au reste du corps, j’aime vraiment beaucoup ce travail graphique. Qui plus est dans un chouette format à l’italienne. Une lecture très plaisante.

31/01/2024 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
L'avatar du posteur Gaston

Une bande dessinée qui montre les malheurs des pauvres travailleurs (ici, des enfants qui travaillent dans des conditions horribles) au début du 20 ème siècle. Ce n'est pas un sujet nouveau, mais ce qui est original est que l'auteur évite de tomber dans le manichéen en mettant en avant un héros complexe qui a de bonnes intentions, mais qui a aussi des défauts comme un problème de comportement. On tombe donc dans un truc un peu plus profond qu'une simple histoire qui montre des riches très méchants exploiter des pauvres très gentils. J'ai bien aimé lire le récit malgré quelques scènes qui m'ont moins intéressé que le reste. Malès maîtrise bien son sujet et il semble s'être bien documenté. J'ai cru que c'était une biographie un peu romancée alors que le personnage principal est un personnage de fiction ! Enfin, l'auteur s'est tout de même basé sur le travail d'un vrai photographe pour construire son histoire. Le dessin de Malès est excellent comme d'habitude.

16/05/2019 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
L'avatar du posteur Ro

C'est l'histoire d'un photographe parti faire un reportage sur le travail des enfants dans les usines et champs américains du début 20e siècle. Si le reportage en question est authentique, le personnage du photographe, lui, est fictif. Et c'est justement autour de lui que tourne véritablement le récit, autour de sa personnalité complexe, de son esprit torturé par le traumatisme de son père qui le battait et par un sens de la justice qui tourne facilement à la violence. L'auteur prend soin d'en faire un personnage non manichéen car autant il combat avec ses armes à lui l'exploitation des enfants, autant il reste froid ou du moins mal à l'aise face à celle des femmes. Quant au dessin, il est bon et plaisant, quoique j'ai trouvé quelques décors légèrement raides. Mais si, sur le papier, le sujet est complexe et mature, avec une touche instructive sur la condition sociale de l’époque, je dois dire que le récit m'a un peu ennuyé. Le personnage principal m'est paru assez antipathique, le récit part dans un peu trop de directions et dans l'ensemble, cela m'a paru longuet et cela ne m'a guère passionné.

24/10/2017 (modifier)
L'avatar du posteur Mac Arthur

Je m’attendais à un récit principalement historique traitant du travail des enfants dans l’Amérique de la révolution industrielle et je me suis retrouvé face au portrait d’un homme. Et je suis loin d’être déçu tant ce portrait m’aura accroché par sa grande humanité. Le personnage est tiraillé dans ses contradictions, empli de bonnes intentions et de mauvaises actions. Un très beau portrait ! Par ailleurs, la dimension historique n’est pas oubliée puisque ce portrait, fictif, use du travail, bien réel celui-là, réalisé par un photographe au début du XXème siècle. Cette toile de fond nourrit le récit sans en constituer le thème principal. C’est un choix audacieux tant ce sujet très fort aurait pu suffire pour écrire un récit. Opter pour une voie détournée est donc très culotté à mes yeux et la preuve que Marc Malès aime surprendre et se mettre en danger. Au niveau du visuel, hormis le fait que les personnages féminins ont tendance à se ressembler, c’est un travail impressionnant qui nous est proposé. Tout d’abord, le format à l’italienne nous sort de nos habitudes. De plus, cette horizontalité favorise les plans larges et donc apporte une dimension cinématographique au visuel. Ensuite, la colorisation sépia est en parfait accord avec le thème. Enfin, le trait de Marc Malès, très fin, permet à ce dernier de détailler ses décors sans jamais perdre de sa lisibilité. Un album réussi à plus d’un niveau, donc. A lire !

04/04/2016 (modifier)
Par Erik
Note: 4/5
L'avatar du posteur Erik

Marc Malès est un génie méconnu du grand public. On a souvent critiqué sa manière si caractéristique et si classique de dessiner les personnages. Pour autant, je considère qu'il arrive à leur insuffler une vie, une passion, une âme. Il s'est inspiré de la vie et du travail de Lewis Hine, un photographe américain dont les clichés ont contribué à sensibiliser l'opinion publique sur le phénomène des enfants au travail au début du XXe siècle. Il prévient toutefois que son héros Owen Brady n'est qu'un personnage de fiction et que son histoire est imaginaire. Pourtant, cela sent ce qui aurait pu être vécu. Ce personnage plutôt trouble évolue durant la période de la grande dépression. On arrive à saisir tout le sens de cette colère contre l'injustice à travers sa propre histoire. La photographie est également le seul moyen de mettre les gens en contact avec la réalité. La puissance des images peut jouer un rôle de nos jours encore pour intervenir dans un pays en guerre par exemple. Les enfants en souffrance sont un sujet plutôt sensible entraînant une certaine émotion pour peu qu'on soit pourvu d'une once d'humanité. La violence sera sans complaisance de même que le ton résolument adulte avec des scènes qui pourront choquer. J'ai beaucoup aimé cette oeuvre sincère et authentique. Plus encore, elle nous entraîne dans les tréfonds de l'âme humaine dans une société capitaliste parfois sordide. Il y a une belle profondeur psychologique que l'on retrouve et qui est également la marque de fabrique de Malès. Bref, il dessine avec son coeur ! Le format à l'italienne est une nouveauté dans la bibliographie de cet auteur. Il a voulu surprendre son lectorat. Cela passe plutôt bien en donnant une dimension presque cinématographique. Les planches sépias sont véritablement magnifiques. La forme sublime encore plus le fond. C'est le mariage presque parfait sur un thème qui ne choisira pas la facilité. Mettez des mots sur votre colère est véritablement une oeuvre expiatoire. Note Dessin: 4/5 - Note Scénario: 4/5 -Note Globale: 4/5

01/11/2015 (modifier)