Wonderland

Note: 4/5
(4/5 pour 2 avis)

Une autobiographie pleine d’humanité sur l’enfance, ses peurs, ses espoirs et ses victoires.


Atrabile Auteurs suisses Autobiographie

Tom Tirabosco évoque son enfance dans cette autobiographie qui commence comme un vieux film italien mais ne ressemble en rien à une « dolce vita ». Il retrace ainsi les premières années italiennes à l’installation en Suisse, son enfance aux côtés de son frère Michel, né avec une malformation le privant des ses mains et d'une jambe droite, l'omniprésence d'un "padre" généreux mais directif, jusqu'aux années de collège. L’auteur montre qu’il n’est pas forcément facile de trouver sa place entre un père macho un peu tyrannique et un frère handicapé mais plein de vie mais et monopolisant l’attention.

Scénario
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 13 Avril 2015
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Wonderland © Atrabile 2015
Les notes
Note: 4/5
(4/5 pour 2 avis)
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10/05/2015 | Blue Boy
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Par Spooky
Note: 4/5
L'avatar du posteur Spooky

Difficile de passer après Blue Boy sur ce titre, tant il a su en tirer la substantifique moëlle et rendre compte fidèlement de son impression de lecture. Mais on va quand même essayer. En effet Tom Tirabosco se livre longuement sur son enfance dans cet album, qui met en lumière toute la complexité d'une famille helvète dans les années 1970. Une famille avec trois enfants, tous différents et un avec en particulier un handicap lourd qui l'a obligé à se battre pour trouver une place et surmonter cette différence. C'est touchant mais Tirabosco ne joue pas sur la fibre empathique à l'envi, préférant se montrer réaliste et bienveillant par rapport à ces années pas toujours faciles. Des années qui l'ont aussi amené à développer sa fibre artistique, son imagination, la combativité de son frère l'inspirant un peu. de prime abord la couple formé par ses parents paraît déséquilibré, presque caricatural, mais petit à petit, par petites touches, l'auteur réussit à nuancer tout cela. C'est très subtil, plutôt bien raconté, et le trait sensible de l'auteur permet au lecteur d'entrer sans honte dans ce récit intime. Vraiment bien.

27/11/2015 (modifier)
Par Blue Boy
Note: 4/5
L'avatar du posteur Blue Boy

De par la couverture où l’on voit une pieuvre sur le point de s’emparer du lit-amphibie sur lequel un jeune garçon bouquine tranquillement, on doute que ce « Wonderland » s’apparente au pays des bisounours. En tout cas, on a très envie d’aller voir ce qui se trame dans cette mer sombre et hantée par des créatures terrifiantes. Ceux qui s’attendent à un récit d’aventures traditionnel seront déçus, car si effectivement il est question d’enfance, c’est uniquement pour l’exploration des souvenirs enfouis dans les profondeurs du passé. « Ma vie est plutôt confortable, alors pourquoi ce désenchantement et ce sentiment d’urgence ? » se demande Tom Tirabosco en bon quadra qu’il est devenu. Partant de ce constat, il s’est vaillamment lancé il y a dix ans dans ce projet autobiographique, en évitant d’édulcorer les aspects les plus sombres. Si l’auteur évoque avec tendresse cette enfance « sans problèmes », il parle aussi de ce frère handicapé avec la rage chevillée à un corps privé d’avant-bras et de la jambe droite, une rage si folle qu’elle le transformera en terreur du quartier. Il dresse également un portrait sans complaisance de ce père macho et sanguin face auquel sa sensibilité peinait à s’épanouir, tout en évoquant les querelles incessantes avec son épouse, elle-même révoltée par l’injustice sans doute en raison du handicap de son fils. Mais la maturité aidant, il fait preuve vis-à-vis du paternel d’une indulgence à la fois moqueuse et bienveillante en décrivant son goût pour la peinture « réaliste » et l’opérette, et lui reconnaît le soutien dont il fit preuve lorsque l’auteur, à la fois influencé par Walt Disney et Titien, manifesta la volonté de s’orienter vers une carrière de dessinateur. Quant au dessin en noir et blanc, à la fois réaliste et schématique, Tom Tirabosco possède une technique toute personnelle et plutôt rare, dont l’aspect final donne l’impression qu’il s’en est tenu au crayon à papier. En fait, il s’agit du monotype, un procédé un peu plus long que le simple dessin au trait. Conjugué à la sensibilité de l’auteur, le rendu est extrêmement plaisant et traduit l’amour de ce dernier pour son art. Ainsi « Wonderland » s’impose comme une œuvre introspective, humaine et riche en questionnements, mais à laquelle une pointe d’humour et d’onirisme évite toute lourdeur. On ne peut s’empêcher de faire le parallèle avec « L’Ascension du haut-mal » de David B., où l’auteur évoquait l’épilepsie de son frère, maladie beaucoup plus difficile à appréhender qu’un handicap physique et autrement plus dommageable pour la personne atteinte et son entourage. Là où David B. produisait un récit âpre et désenchanté, Tirabosco montre davantage de tendresse et d’indulgence, avec même une pointe de nostalgie. L’histoire se termine sur un échange tout en pudeur entre les deux frères, qui, devenus des adultes d’âge mûr, parviennent à se livrer mutuellement, brisant ainsi les commandements d’un père envers lequel ils savent toutefois exprimer leur reconnaissance.

10/05/2015 (modifier)