Route 78

Note: 3.67/5
(3.67/5 pour 6 avis)

Eric Cartier évoque ses souvenirs d’une excursion aux USA en compagnie de sa petite amie à la fin des 70’s. Une plongée au cœur de l’Amérique profonde comme on les aime.


1961 - 1989 : Jusqu'à la fin de la Guerre Froide La BD au féminin Les hippies Mirages Road movie San Francisco

1978. Deux jeunes Français, Eric et sa petite amie Patricia, viennent de débarquer à Big Apple sans un dollar en poche. Leur but, traverser les States en auto-stop pour vivre l’utopie du « Flower Power » à San Francisco. Leur voyage ne durera pas quatre jours comme ils le croyaient mais deux longs mois, avec quelques frayeurs en prime, de la romance aussi, mais surtout de grosses désillusions lorsqu’ils découvriront ce qu’il est advenu du mouvement hippie de la côte Ouest.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 18 Mars 2015
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Route 78 © Delcourt 2015
Les notes
Note: 3.67/5
(3.67/5 pour 6 avis)
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13/04/2015 | Blue Boy
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L'avatar du posteur Noirdésir

Un jeune couple de Français veut traverser en stop tous les États-Unis, de New-York à San Francisco, à la fin des années 1970. On a là un road-movie très classique, sur un thème déjà pas mal vu, en BD ou en littérature. On pense inévitablement à Kérouac, le titre de l’album faisant immanquablement référence au livre le plus connu du chantre de la Beat Generation. C’est bien sûr sur ses pas que se lancent nos deux jeunes gens, pleins d’illusions, pensant revivre en réalité ce qu’ils ont lu. C’est effectivement ce qu’ils vont faire, même si ça ne va pas se passer comme ils le pensaient. Car, dès les premières pages, Cartier (qui nous livre ici un récit autobiographique, ce sont bien lui et sa future femme qui sont mis en scène, qui égrènent leurs souvenirs, plus ou moins romancés) nous montre des idéalistes naïfs, inadaptés à une réalité qui défie leurs rêves, avec pas mal d’autodérision et d’humour. Car ils n’aperçoivent que de loin la queue de la comète, les temps ont changé. Si la consommation de drogues diverses les accompagne, ce ne sont plus l’illumination, la joie béate qui sont au rendez-vous, mais les overdoses, la déchéance et la désillusion. Et l’aventure – pas exempte de moments dingues (ils sont pris en stop par quelques beaux spécimens d’allumés !) se finit en eau de boudin, au point que leur couple lui-même se trouve placé au bord du précipice. Partis dans l’euphorie, ils finissent ce voyage dans l’amertume (même si l’épilogue, contemporain, redonne oxygène et optimisme qui avaient singulièrement disparu à la fin de leur équipée américaine). Narration, dessin et colorisation sont très agréables, et Cartier a réussi à rendre intéressant un récit à la fois personnel et pas mal balisé. Une lecture très sympathique. Note réelle 3,5/5.

09/03/2023 (modifier)
Par sloane
Note: 4/5
L'avatar du posteur sloane

Ma première réaction à la lecture de ce one shot c'est l'étonnement. En effet je crois bien que c'est la première fois que je lis une BD sur le thème de la route à travers le États Unis qui est à ce point comment dire véridique qui n'édulcore pas systématiquement tous les travers d'une société, ici celle du Flower Power. Ce couple de héros ne semble pas s'être fait une image mirifique du pays, c'est juste l'envie de découvrir des paysages et des gens. De ce point de vue on peut dire qu'ils vont être servis. Au fil de la route des individus plus ou moins accueillants, recommandables. De joints en joints, l'homme de ce couple pourra se reposer sur sa compagne qui elle est plus dans la réalité des choses. Les évènements pour la plupart dramatiques si l'on veut bien y regarder de plus près sentent le désenchantement et l'on est à milles lieues d'un Kerouac ou d'un Ginsberg qui mêlaient la poésie à leurs périples. Un dessin sympathique et approprié avec une mention spéciale à la colorisation qui rend bien compte des diverses ambiances proposées. A faire tourner...

11/12/2016 (modifier)
L'avatar du posteur Mac Arthur

Il est rare de voir ce type de reportage épouser ce ton amer qui est celui de la perte des illusions. Il est vrai que cette époque hippie est aujourd’hui source de fantasmes de liberté et d’ouverture au monde. La bd témoignage d’Eric Cartier nous en donne une autre vision. Entre l’abus de drogues et les rencontres désastreuses, la route d’Eric et de sa compagne est marquée par le désenchantement. J’ai beaucoup aimé cette sincérité, qui n’occulte pas la pureté des intentions originelles. Mais la naïveté du départ s’efface progressivement devant les réalités matérielles. Coté dessin, rien à redire non plus. Le trait est agréable et expressif. Son côté caricatural apporte une forme de légèreté au récit sans le faire tomber dans la farce grotesque. Un livre que, dans l’ensemble, j’ai donc beaucoup apprécié même s’il a un côté nombriliste qui pourra irriter le lecteur en quête de sensations fortes et d’aventures hors du commun.

01/09/2016 (modifier)
Par Erik
Note: 3/5
L'avatar du posteur Erik

La route 78 n'existe pas. Cela fait référence à la fameuse route 66 qui traverse les Etats-Unis. En réalité, le périple de l'auteur et de sa compagne a eu lieu en 1978. Il nous raconte ses souvenirs de vacances. On se rend compte que les States ne sont pas aussi accueillants que cela. On peut mourir au bord d'une route ou dans la rue sans que personne ne vienne à votre secours. C'est le règne du roi dollar et de l'individualisme. Dans les Etats du Sud et notamment le Texas, notre couple va plutôt découvrir l'hostilité des gens du coin. On dégaine les armes assez facilement. Il ne vaut mieux pas parler de politique et de socialisme. L'idéal hippie n'est pas dans ma culture. Je suis assez choqué d'ailleurs par cette jeunesse qui se laisse aller dans la drogue et l'alcool. Bien entendu, je ne juge pas et je respecte le mode de vie et de culture des gens. Cependant, je ne peux pas dire que je m'y suis retrouvé pour avoir également parcouru ce beau pays. Par contre, le gros point noir de cette bd est que la moitié de l'album aura des expressions typiquement américaines pour faire version originale. Certes, il y aura un lexique qui expliquera de façon sommaire certaines de ces expressions qui ne volent pas haut (fucking bitch, dickhead ou encore piss off pour ne citer que quelques exemples parmi le florilège). Voilà, un road movie à couper le souffle pour certains mais rien de transcendant en ce qui me concerne. Trois étoiles tout de même pour nous avoir livré une expérience sans concession. L'idéal n'est jamais au loin.

20/03/2016 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
L'avatar du posteur Gaston

L'auteur nous raconte son périple aux États-Unis dans les années 70 avec sa petite amie et c'est un peu triste de voir tous les trucs qu'ils sont vécus et leurs déceptions de voir que le peace and love des années 60 était bien fini. Il y a des anecdotes intéressantes et un peu glauques (ils se retrouvent dans une maison remplie de cafards par exemple), mais globalement je n'ai pas été captive par le scénario malgré ses qualités. Je ne veux pas être méchant avec l'auteur, mais je trouve lui et sa petite amie, tels que représenté dans cette bande dessinée, peu charismatique. J'etais surtout intéressé par la galerie de personnages qu'ils rencontrent (mention spéciale pour le vétéran de la guerre du Vietnam complètement cinglé). En revanche, je n'ai rien contre le dessin que je trouve superbe.

21/11/2015 (modifier)
Par Blue Boy
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Blue Boy

Le titre se veut à la fois une allusion à la mythique Route 66 et au roman de Jack Kerouac « Sur la route ». Basé sur les propres souvenirs de l’auteur, ce « road novel » est une évocation pour le moins hallucinante de l’envers du rêve américain, avec une galerie de personnages tous plus déglingués les uns que les autres : laissés pour compte, hobos, freaks ou rednecks. Arrivés dix ans trop tard pour vivre l’explosion du mouvement psychédélique, le jeune couple de Frenchies candides y laissera une bonne part de ses illusions, alors que l’âpre réalité a repris le dessus. La violence triviale et les embrouilles liées à la dope se sont substituées à la croyance désintéressée et naïve en un « Peace and Love » universel. Quant aux crétins bas du front, ils n’ont pas largué leur bêtise crasse au bord de la route et la chérissent plus que jamais dans leurs gros Macks en forme de bites géantes. Exit l’amour libre et les fleurs dans les cheveux. Les « fabulous » paradis artificiels se sont transformés en une cruelle descente d’acide. A Frisco, seuls les homos auront tiré leur épingle de ce jeu de dupes. Sur le plan du dessin, on est d’emblée séduit par son expressivité élancée, en particulier des attitudes, expressivité renforcée par un cadrage très cinématographique. Et puis les caisses américaines de ces années-là, si bien représentées ici, c’étaient certes de vrais veaux qui devaient consommer un baril au cent, mais qu’est-ce qu’elles en avaient de la classe… De même, il faut souligner le talent du coloriste Pierô Lalune. Son travail sur la couleur est très poussé avec de belles ambiances aux tons à la fois chauds et froids, et une technique de patine très plaisante. C’est une très bonne idée aussi de la part d’Eric Cartier que d’avoir choisi de ne pas traduire les dialogues en anglais, signe qu’il ne prend pas ses lecteurs pour des demeurés (il s’est contenté d’insérer en fin d’ouvrage un lexique en particulier pour les expressions les plus argotiques). L’auteur a parfaitement relevé le défi de faire de ses souvenirs de sa virée américaine un véritable récit bien construit et très fluide, qui fait que l’on ne s’ennuie pas une minute. Avec en filigrane une touchante déclaration d’amour de la part d’un homme à sa « chère et tendre », lequel avoue l’avoir « si peu dessinée durant toutes ces années ». Tendresse et émotion sont bien présentes, au même titre que l’humour (Ah ! L’esprit taquin du Texan lambda !). Au final, c’est un tableau saisissant de l’Amérique que résume bien cette phrase d’Eric Cartier lui-même : « Entre New York et Frisco, y a un grand trou, vaut mieux pas tomber dedans. » Je l’ai déjà offert à un ami, c’est dire !

13/04/2015 (modifier)