Le Roi des Scarabées

Note: 4/5
(4/5 pour 2 avis)

Au XIXème siècle, au Danemark, Aksel Storm rêve de devenir un grand poète. Mais même avec quelques « muses », on ne commande pas toujours sa destinée… Un récit en forme de spirale fataliste sur un tempo romanesque.


1872 - 1899 : de la IIIe république à la fin du XIXe siècle Auteurs nordiques La BD au féminin Pays scandinaves

C’est à Svanegard, au Danemark, à la fin du XIXéme siècle, qu’Aksel Storm pointe le bout du nez. Ses parents n’avaient à priori aucune raison de filer le parfait amour, mais un seul regard aura pourtant suffi. Bien vite, Olaf Storm sent que sa femme Klara lui échappe et qu’il aura bien des difficultés à assouvir ses besoins. Aussi, tandis qu’il se réfugie dans l’agriculture et les questions locales, elle s’enferme dans sa solitude. Elle reste à peine éveillée par la soif de poésie qu’elle a pour son fils Aksel. Elle déteste la boue et les paysans : Aksel lui promet de devenir un grand poète et de réaliser ses rêves... En attendant, le gamin qu’il est passe la plupart de son temps avec son ami Sophus, le fils du pasteur. Pour eux, la moindre occasion est prétexte à faire virevolter leur imagination. Ils font la guerre aux Turcs, broient des os aux Sarrasins, conversent avec des hommes à têtes d’animaux, tutoient le Troll et festoient avec Elfes ou âmes flottantes. Sophus est docile, dévoué. Aksel est le maître du jeu. Bientôt, pourtant, les choses vont changer, lorsque la famille accueille pour quelques temps le jeune Frederik. Rapidement, Aksel est fasciné. Frederik dessine à merveille et il aimerait étudier la peinture à Copenhague. Mais surtout, il semble terriblement déterminé. Une détermination rapidement communicative qui balaie les jeux de l’enfance…

Scénario
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 01 Octobre 2014
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Le Roi des Scarabées © Sarbacane 2014
Les notes
Note: 4/5
(4/5 pour 2 avis)
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13/03/2015 | Erik
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Par Blue Boy
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
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Je recommande vivement de découvrir ce chef d’œuvre injustement oublié, qui avait rencontré assez peu d’écho à sa sortie. « Le Roi des scarabées » est une adaptation librement inspirée du roman « Niels Lyhne », publié en 1880 par l’écrivain et poète danois Jens Peter Jacobsen. Sans avoir lu le livre, difficile de dire si la qualité narrative de l’ouvrage est due à ce dernier ou à Anne-Caroline Pandolfo elle-même. Quoi qu’il en soit, il y a un vrai talent de conteur derrière tout cela, et c’est avec une immense fascination que l’on suit le parcours de cet anti-héros qu’est Aksel, aussi performant en poète lunaire qu’en loser mélancolique. Et il le prouve admirablement : on peut parfaitement être un perdant magnifique et faire montre de panache en délaissant l’ignoble réalité âpre et butée pour la folie douce, envisagée ici comme un refuge merveilleux peuplé de scarabées aux reflets lumineux, « sauvages et raffinés à la fois ». Aksel, poète blessé et agrippé au monde de l’enfance... L’horloge tournera trop vite pour ce doux tocard contemplatif qui décevra les espoirs trop lourds à porter de sa mère qui voulait voir en lui un futur poète de génie adulé par le monde entier et une planche de salut pour s’extirper de la boue de sa campagne où elle mourrait à petit feu, déçue par un mariage pourtant prometteur… Mais comme par une sorte de malédiction familiale, Aksel va être à l’adolescence totalement subjugué puis aspiré par cet « astre noir » qu’est Fredrik, fils charismatique d’une cousine de son père et talentueux dessinateur promis à une carrière artistique. Aksel scellera très tôt avec Fredrik un pacte d’amitié comme on scelle un pacte avec le diable. Il partagera quelques temps la vie de son complice à Copenhague, mais celui-ci, également désireux de l’encourager dans son art, sera vite consumé par son inclination aux plaisirs terrestres. Son attirance pour l’ivresse et les jolies femmes aura finalement raison de son talent, et cet écorché vif exubérant, « lamentable jouisseur » comme il se définira lui-même, connaîtra une fin tragique, entraînant Aksel vers des gouffres existentiels dont il ne se sortira pas. Pour mettre en valeur cette histoire prenante traversée par de très beaux personnages, Terkel Risbjerg nous livre un dessin pur, en noir et blanc, comme s’il avait trempé son pinceau dans les tréfonds de son âme, conférant à l’œuvre une qualité poétique remarquable, ce qui est la moindre des choses ici. Alimenté par les sensations, le trait semble inachevé, d’une tournure minimaliste exprimant l’essentiel des choses et des sentiments, avec une splendide évocation des rêves enfantins. C’est très fort, très puissant. Fidèle à la grande tradition romanesque, ce chef d’œuvre, qui nous immerge dans l’hiver danois du XIXe siècle, suscite une réflexion profonde sur l’identité et la folie en poussant le parcours de chaque personnage vers des extrémités spectaculaires qui laissent le lecteur sidéré. Sous une obscurité apparente liée à un contexte climatique glacial et à la description de destins funestes, une certaine luminosité émerge, de l’ordre peut-être de celle qui se reflète sur les ailes des scarabées.

28/09/2019 (modifier)
Par Erik
Note: 3/5
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Le Roi des Scarabées conte la vie d’un jeune danois d’une famille plutôt argentée qui rêve d’être un grand poète. Au fil de sa vie, il ne va pas parvenir à cet idéal qu’il s’est fixé. Il préférera collectionner des scarabées de préférence morts donc inertes. Comme je le dis toujours dans un esprit de tolérance, à chacun sa passion ! Cependant, je ne suis pas obligé d’y adhérer. Ce conte danois est plutôt bizarre dans le message qu’il souhaite nous apporter. Certes, c’est inspiré d’un roman naturaliste. Pour autant, j’ai bien aimé une certaine fluidité de la lecture ainsi que la mise en page. C’est frais, aérien et dynamique avec pour cadre un pays que j’ai déjà visité et apprécié à savoir le Danemark. On passe de la campagne à la capitale Copenhague. Le conte de Hans Christian Andersen La petite sirène fera office de référence. Bref, le tout se transforme en une espèce de bouillon qui termine en queue de poisson, c’est le cas de le dire. Certes, on ne pêchera pas la morue mais on succombera dans un étrange univers qui nous rappelle la fragilité humaine. La quête d’identité d’un homme peut prendre une direction bien particulière…

13/03/2015 (modifier)