Histoire des tirailleurs sénégalais (Sang noir)

Note: 4/5
(4/5 pour 5 avis)

Les tirailleurs sénégalais ont beaucoup donné et tant perdu au cours du premier conflit mondial...


1914 - 1918 : La Première Guerre Mondiale Afrique Noire Champagne-Ardenne Les petits éditeurs indépendants Petit à Petit Première Guerre mondiale Racisme, fascisme

C’est l’histoire d’un tirailleur sénégalais (Yacouba Ndaw), issu d’une classe populaire de l’ethnie Wolof. Au départ, il regarde les français avec une forme « d’admiration ». Ce sont des guerriers puissants, des surhommes qui méritent de les dominer. En allant au feu il revoit son jugement. Il croise des hommes blancs qui ont plus peur que lui, qui refusent d’aller au combat, il voit la peur dans le regard du soldat allemand. Dans les tranchées, il apprend l’égalité humaine, dans la peur, la souffrance et la mort. Il apprend à se positionner en égal du blanc. 2 officiers français dirigent son « bataillon ». L’un est respectueux de ses hommes tandis que l’autre les méprise. L’histoire s’orientera sur la relation de plus en plus amicale de Yacouba envers l’un et l’affrontement crescendo avec l’autre. (texte : Physalis)

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution Juin 2013
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Histoire des tirailleurs sénégalais (Sang noir) © Petit à Petit 2013
Les notes
Note: 4/5
(4/5 pour 5 avis)
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24/07/2013 | Spooky
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L'avatar du posteur Steftheone

Une œuvre utile à l'heure où la montée de l'extrémisme et de la haine de l'autre est malheureusement plus que jamais d'actualité... L'histoire se place du côté d'un jeune Sénégalais du nom de Yacouba qui fait partie de la classe populaire de la tribu Wolof et dont le destin va basculer dans l'horreur des tranchées de la première guerre mondiale. Ce one shot retrace assez bien, je trouve, le ressenti et le point de vue de ces jeunes Africains qui ne connaissaient rien de la France et du conflit pour lequel ils allaient verser leur sang. Bien que l'histoire soit parfaitement structurée autour de courts et nombreux chapitres retraçant les tranches de vie de Yacouba (quotidien au Sénégal/conscription/entrainement/tranchée/etc.), je suis toutefois rester légèrement sur ma faim, tant l'histoire aurait pu gagner en épaisseur, notamment en développant plus les personnages secondaires gravitant autour de Yacouba. Tout comme NoirDésir, j'ai aussi apprécié la nuance dans le traitement de l'histoire et des personnages qu'ils soient noirs ou blancs. Pas de condamnation facile un siècle plus tard ici. Côté graphique, si l'ouvrage paru aux éditions Physalis est très soignée (grammage des pages, présentation des chapitres, etc...), je reste moins sensible au dessin dont le trait est très épais et les décors un peu dépouillés. L'ensemble colle toutefois bien avec l'ambiance Africaine que Julien Monier a souhaité conférer à l'histoire. Enfin, très bonne idée que cet ajout de documents d'époque en fin d'ouvrage permettant d'éclairer un peu plus la lecture et de mieux appréhender la réalité des événements historiques. Il faudrait à mon sens mettre ce livre entre toutes les mains des collégiens au moment où les commémorations devant les monuments aux morts sont de plus en plus désertes et où de plus en plus de gens ont tendance à oublier l'une des origines de l'immigration en France... Je terminerai sur cette très belle phrase du lieutenant Villefort que tout le monde devrait garder à l'esprit : "Pour en avoir vu couler plus que de raison, le sang est le même pour tous, Allemands, Français, noirs ou jaunes!" CQFD Un bon 3,5 ramené à 4/5. SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 8/10 GRAPHISME (Dessin, colorisation) : 6/10 NOTE GLOBALE : 14/20

29/11/2023 (modifier)
Par Spooky
Note: 4/5
L'avatar du posteur Spooky

Lorsqu’on pense à la Grande Guerre, on pense souvent à ces regards hébétés, ces peaux cireuses, de ceux qu’on a surnommé les Poilus. Mais qu’en est-il de leurs camarades venus des nombreuses colonies, ceux qu’on appelait les Tirailleurs sénégalais, selon une tradition vieille de 80 ans, ces conscriptions un peu hasardeuses qu’on a imposées aux tribus les plus reculées ? Le travail des historiens a fini par leur accorder leur vraie place, mais ce phénomène a été peu traité en images. Nous suivons donc le parcours de Yacouba, un jeune homme de l’Afrique occidentale française, plus précisément du Sénégal. De sa brousse hostile, il va passer presque sans transition, au cours de l’année 1915, aux tranchées de la Champagne, pays exotique s’il en est… Et découvrir les horreurs d’un conflit barbare qui lui est totalement étranger. Pourtant, grâce à son niveau de français, son bon sens et sa bravoure, le jeune homme va réussir à faire sa place, et ce malgré les remontrances et l’esprit colonialiste de son chef de corps. On pourra reprocher à « Sang noir » sa fin « heureuse » (et encore). On pourra lui reprocher trois fautes d’orthographe, disséminées dans le tome. C’est peut-être tout ce qu’on pourra lui reprocher, tant l’ensemble force le respect. Le choix du scénariste, Frédéric Chabaud, d’abord, de raconter l’histoire d’un Poilu finalement comme les autres, dont seule l’origine diffère de la majorité (quoiqu’on soit encore en peine, un siècle après, de donner des chiffres précis sur les conscrits africains). Le choix narratif (et éditorial ?) de nous montrer une sélection du parcours de Yacouba, de sa vie « tranquille » à Thiowor, jusqu’à sa retraite à Marseille, en 1939, à l’heure où de nouvelles menaces tournent autour de la France et de l’Europe… De relier également le début du conflit à l’assassinat de Jaurès, à Paris… de découper le récit en chapitres, lesquels correspondent à différents épisodes. De ne pas en rajouter dans le pathos ou le misérabilisme, essayant de redonner à chacun sa vraie place. Des choix confortés par une postface qui explore un certain nombre de circonstances autour de la guerre. Côté graphique Chabaud collabore avec Julien Monier, dont le trait semi-réaliste, un poil charbonneux, colle à merveille avec l’ambiance de la savane sénégalaise ainsi –et c’est un parallèle intéressant, qu’avec les tranchées champenoises. L’ensemble baigne dans une ambiance dérivant de l’ocre, un choix chromatique là encore gagnant. Au final, voici donc un excellent album, qui revient sur un aspect un peu méconnu de la première guerre mondiale, et de façon aussi sobre qu’informée. A noter la ressortie de l'album en janvier 2023 sous un nouveau titre, avec un appareil pédagogique un peu plus fourni, en parallèle avec la sortie du film Tirailleurs, avec Omar Sy.

24/07/2013 (MAJ le 01/04/2023) (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

L’album ne joue pas trop sur le pathos, et reste aussi modeste par rapport à son sujet (les « Noirs » des colonies, embarqués dans la boucherie des tranchées de la première guerre mondiale), qui est traité en quelques courts chapitres, durant lesquels nous suivons quelques personnages, au fil d’épisodes pointillistes. Mais c’est une lecture à la fois instructive et intéressante, agréable. D’abord, j’ai bien aimé le temps pris à présenter le protagoniste principal, son univers – la cambrousse animiste du Sénégal. Cela n’en montre que mieux la brutalité de la rupture, mais aussi le cynisme et l’hypocrisie du colonisateur, qui ne met en avant – dans tous les mauvais sens du terme – les « colonisés » que lorsque les besoins de chair à canon se font sentir. Le traitement que vont ensuite subir les colonisés après-guerre (cela se renouvèlera après la suivante), est une tache supplémentaire sur notre histoire nationale, et explique en partie incompréhensions mutuelles et racisme d’aujourd’hui. J’ai bien aimé aussi l’absence de manichéisme outrancier (et par la même contreproductif) au niveau des « Blancs ». Si l’état-major, et un officier supérieur, imbus de leur morgue, leurs préjugés de classe et leur racisme, méprisent ouvertement ces « nègres », il y a aussi un officier plus humaniste. De la même façon, le bon dossier final, au milieu d’informations sur le développement de clichés paternalistes et racistes (« y a bon Banania » et autre « petit nègre »), montre que les troupes coloniales ont aussi été acclamées par certaines foules. Lecture fluide, mais courte (j’aurais bien vu quelque chose de plus dense, développé), en tout cas lecture recommandée.

03/02/2021 (modifier)
Par Ro
Note: 4/5
L'avatar du posteur Ro

Un excellent album sur les tirailleurs sénégalais qui n'est pas sans rappeler le film Indigènes mais avec cette fois de vrais sénégalais. Cette BD est très bien construite. Sobre et élégante dans sa narration, elle s'entame par une courte introduction sur les derniers instants avant l'assassinat de Jean Jaurès (deux jours avant le début de la Première Guerre Mondiale) et son plaidoyer contre la guerre et pour l'émancipation des peuples. Puis on plonge dans un village dans la brousse Sénégalaise où l'on suit brièvement la vie et les passions du jeune héros avant qu'il se porte volontaire pour s'engager dans l'armée française. On assiste ensuite à sa formation en Afrique puis en France et enfin à sa découverte des tranchées et des longs mois qu'il va y passer en compagnie de ses frères d'armes et de couleur. Le tout est scindé en une dizaine de chapitres qui offrent une structure claire et facile à lire tout en permettant des sauts chronologiques s'étalant sur deux années, voire bien plus si on considère l'épilogue se déroulant en 1939. Ce qui est fort dans cet album, c'est son humanité. Il n'y a pas de sentimentalisme et pourtant c'est plein d'émotion. Certains moments sont doux-amers, comme certaines belles preuves de courage qui finalement n'amènent qu'à une mort certaine. On y ressent bien que tous les hommes sont égaux en esprit, qu'ils soient blancs, noirs ou jaunes, puisque les auteurs ont eu la bonne idée d'intégrer aussi quelques soldats Tonkinois dans leur récit. Il y a des cons et des bons partout, et si on ne peut pas forcément avoir confiance dans la société humaine dans son ensemble, on peut plus facilement compter sur les hommes en tant qu'individus. J'ai aussi apprécié l'ambiance de chaque décor. Le petit village d'Afrique noire où est né le héros est bien rendu. J'y ai retrouvé l'ambiance de ma propre enfance africaine. Celles des centres de formations puis celle évidemment plus sombre et désespérée de tranchées n'est pas en reste. Tout est crédible, mature et sans pathos inutile. Qui plus est, le dessin est très bon, agréablement coloré et tout aussi élégant que la narration et le ton du scénario. Je n'aurais qu'un regret, celui d'avoir vu au moins deux grosses fautes de conjugaison me sauter aux yeux dans les textes narratifs ("Nous furent", "Il ne sais pas"...). C'est dommage car cela réduit un peu l'excellence de l'album. J'espère que si réédition il y a, ces fautes seront corrigées.

11/05/2017 (modifier)
Par Lucie B
Note: 5/5 Coups de coeur expiré

L'histoire des Tirailleurs qui meurent au combat pour défendre la Mère Patrie... qui ne leur a pas été vraiment reconnaissante! Histoire forte et très beau dessin. A mettre d'urgence dans toutes les mains: de jeunes (programme de 3ème!), des moins jeunes, citoyens en tous genre qui voient le racisme quotidien s'étendre...

06/01/2015 (modifier)