La Chambre de Lautréamont

Note: 2.8/5
(2.8/5 pour 10 avis)

« Un poète maudit, une plante hallucinogène, un piano qui parle, une écriture révélée par le feu, des relations sulfureuses entre deux poètes… » Attention, vous entrez dans un livre terriblement… réjouissant !


1872 - 1899 : de la IIIe république à la fin du XIXe siècle Arthur Rimbaud La BD au féminin Milieux artistiques Paris Poètes et poésie

Préférant par paresse et facilité, être un pisse-copie plutôt qu’un poète sans le sou, Auguste Bretagne est feuilletoniste à la « Gazette de Paris ». Ce manque d’ambition littéraire provoque la risée des membres du Cercle des poètes zutiste (Rimbaud, Verlaine, les frères Cros…), qui ne manquent pas de multiplier à son insu des blagues d’un goût douteux. C’est d’ailleurs à l’une des réunions du cercle, qu’Auguste a rencontré d’Émily, une jeune et très jolie poétesse, dont il est follement amoureux. Autant Émily adore les soirées déjantées et excentriques des zutistes, qui souvent tourne en une déclaration de guerre envinée à l’encontre des Zaka-zaka, cette espèce nuisible d’artistes académiques à éradiquer, autant elle ne supporte pas en revanche le capharnaüm morbide (hibou empaillé, squelettes divers, corps non identifiés dans du formol…) qui règne dans la chambre en location où Auguste vit. Et pourtant, c’est un endroit d’exception, un lieu extraordinaire : Isidore Ducasse, comte de Lautréamont y vécut et y mourut à l’âge de 24 ans. « Chaque atome de cette pièce est imprégné de sa présence ». Une nuit, après avoir pris du peyotl, Bretagne et Rimbaud finissent au petit matin dans cette chambre, s’effondrant sur le lit. Est-ce dû à une hallucination ? Toujours est-il que Rimbaud entend jouer du piano et la voix de Lautréamont déclamer des vers à propos de sa verge. Ce serait donc le fantôme du comte de Lautréamont ? Auguste Bretagne n'est pas au bout de ses découvertes... Texte : Editeur.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 05 Janvier 2012
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série La Chambre de Lautréamont © Futuropolis 2012
Les notes
Note: 2.8/5
(2.8/5 pour 10 avis)
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11/01/2012 | Alix
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Par Solo
Note: 3/5
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Satisfait de ma lecture Page de couverture: "Le premier roman graphique, publiée en 1874, enfin dans son édition intégrale". Ca racole sévère, mais c'est un leurre. Habituellement, je pestifère contre ce genre de coup marketing qui induise le lecteur en erreur... et je vais continuer. Honteuse mise en scène éditoriale, cette préface est à vomir... Jusqu'où peut-on aller pour faire vendre? Il faut lire quelques lignes de la postface pour se rendre compte de la supercherie. C'est forcément tentant de faire ce petit clin d'oeil vis-à-vis du récit, mais ça n'en reste pas moins à éviter parce-que la finalité reste la même : prendre le lecteur pour un pigeon. Un peu frustré que cette BD soit gâchée ainsi, parce-que j'ai su entrer dans le récit et l'apprécier. L'époque des poètes révolutionnaires, des rendez-vous littéraires souterrains, d'un Paris qui bouillonne de l'intérieur et qui s'oppose aux officiels et académistes, des intellectuels un peu dérangés ou décadents, la liberté sexuelle et l'indépendance des femmes dans ce milieu d'artistes... Tout cet univers m'a plus, je l'ai ressenti et c'était très agréable. Certaines scènes graphiques sont vraiment pénétrantes: piano/partition/poème, scène d'hallucination dûe au pezatl entre Rimbaud et Bretagne, la simple ballade de Bretagne et Emily vers la fin de l'album... Le problème, c'est que c'est irrégulier. On voit très peu le quartier parisien dans lequel les intellectuels se sont retrouvés et, associé au fait que l'environnement principal de l'histoire soit une chambre, j'ai manqué d'air, enfermé ainsi entre 4 murs. Et l'irrégularité va parfois jusqu'au manque complet de décor intérieur. C'est dommage, d'autant que les pages 31 et 76 laissent penser que le dessinateur aurait pu me captiver davantage. Le trait réservé aux personnages dégagent suffisamment d'expressions pour que j'y adhère. Il faudra lire cette BD avec une bonne luminosité, beaucoup de scènes sombres avec des couleurs grisâtres et assez ternes. Côté intrigue, après réflexion j'ai décidé de ne pas m'intéresser plus que ça au côté vrai/pas vrai du récit. L'histoire de la "première BD" est très anecdotique (pour ne pas dire fausse). Qui a rencontré qui me passe par-dessus la jambe... Voilà, passons. Je ressens simplement que le récit dégage quelque chose d'authentique qui me plaît, et cette aventure de Bretagne est suffisamment originale pour alimenter mon enthousiasme jusqu'au bout. J'ai bien accueilli la montée en puissance des évènements jusqu'à l'épilogue. Sans savoir si ma perception est bonne, la présence de Rimbaud colle très bien avec l'idée que je me fais de l'homme-poète de cette époque. C'est donc une aventure parisienne qui m'a touché. Mais ça reste "juste" une aventure à mes yeux, qui use du prétexte "BD" pour publier un récit. Il aurait fallu sortir de ce piège pour que les auteurs prennent plus de libertés et donnent plus de profondeurs au scénario. Cette BD me fait rendre compte d'une époque, mais elle ne questionne pas. A lire c'est certain, je suis trop satisfait pour mettre une note plus basse. J'aurais été capable d'en donner une meilleure, mais je ne peux pas complètement fermer les yeux sur cet acte éditorialiste que je juge bien bas et malhonnête.

31/07/2022 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
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J'ai l'impression qu'il faut être amateur de poésie de la seconde moitié du 19e siècle pour savourer pleinement cet ouvrage. Il fantasme en effet sur la rencontre et l'oeuvre commune de deux grands poètes de l'époque. Il met aussi grandement en avant les fameux Chants de Maldoror, oeuvre restée inconnue au moment de sa parution et qui a vraiment trouvé son public au 20e siècle seulement. Autant je connaissais le titre de cet ouvrage, autant je ne l'ai jamais lu et n'en savais presque rien. Mais il faut dire que je ne suis justement pas amateur de poésie... Pour autant, j'ai tout de même trouvé plaisante la lecture de cette BD. Elle nous plonge dans le milieu littéraire des lendemains de la Commune de Paris, notamment celui du Cercle des poètes zutiques. Le personnage principal est lui aussi écrivain, mais plus porté sur le roman feuilleton et il fréquente ce milieu de poètes sans s'en sentir vraiment membre ni le désirer. C'est la chambre qu'il loue dans Paris et le contenu qu'y a laissé son ancien propriétaire qui va le plonger dans une étrange aventure emplie de fantômes, de poètes maudits et de porte vers l'enfer. Ce que j'ai plutôt apprécié, c'est la certaine crédibilité des personnages et du développement de l'intrigue. Les auteurs ne jouent pas la carte du fantastique facile ou des personnages qui réagissent bêtement à des situation extraordinaires. Au contraire, ils sont plutôt réfléchis et communiquent bien. Le personnage principal n'est pas très attachant, mais j'ai bien aimé la relation qu'il entretenait avec une femme littéraire à forte personnalité ainsi que celle qu'il avait avec son frère policier. Le rythme du récit est un peu lent et pourrait ennuyer certains lecteurs amateurs de davantage d'action. Mais je me suis laissé porter et je l'ai trouvé sympathique. J'ai trouvé aussi assez surprenante et amusante l'étrange mise en abyme qui se met en place d'une BD dans la BD qui raconterait un récit dans le récit. Rien ne m'a vraiment marqué ou profondément charmé, mais j'ai plutôt bien aimé cet album.

14/08/2020 (modifier)
Par sloane
Note: 1/5
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Dans le genre je veux faire de l'esbroufe, c'est totalement gagné! Allons donc, avec un auteur que l'on aime ou pas, il faut créer un buz comme disent les jeunes! Une intro qu'ici d'autres ont qualifié de comique,(si je résume bien), qui en tout cas n'apporte finalement pas grand chose. Car de quoi s'agit il? Lautréamont, un poète dans la veine des Baudelaire, Rimbault et consorts; les affres de la création pour un poète que l'on qualifiait de maudit. A chacun son goût, on aime ou pas. L'utilisation d'un background sensé être ancré dans une réalité supposée ne m'a absolument pas touché, alors oui ces cercles de poètes et d'écrivains en attente de publication ou de reconnaissance avaient du potentiel mais ici je trouve que tout cela est très basique. Le dessin n'est pas moche mais n'insuffle pas ce qu'il faut pour transcender l'oeuvre. Une seule idée me vient après cette lecture, un peu pénible, relire "Les chants de Maldoror", et aussi Baudelaire. Au final beaucoup d'esbroufe.

06/01/2015 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Contrairement à Alix, je suis très gros lecteur de poésie, surréaliste essentiellement. Et j’ai donc été attiré par cet album faisant référence à Lautréamont – dont « Les chants de Maldoror » sont une œuvre majeure et bouleversante (autant que ses « Poésies » sont intrigantes d’ailleurs). Je laisse de côté le texte de présentation, qui est pour moi une vaste farce, de même que ce soi-disant professeur d’université semblant valider le tout. C’est peut-être une erreur, mais je n’y crois pas du tout ! Pour ce qui est de l’album proprement dit, je n’ai pas été enthousiasmé. Par le dessin d’abord, que je n’ai franchement pas aimé. Par l’histoire ensuite, dans laquelle je n’ai pas réussi à entrer vraiment. Original peut-être, mais pas réussi je trouve.

23/01/2014 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
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Cet album est censé être une restauration du premier roman graphique, mais je pense que c'est un gros gag (et puis ce n'est pas de la fausse représentation et donc illégale ?). J'aime bien le dessin d'Édith et elle sait comment créer des atmosphères. En revanche, je trouve que le scénario est moyen. J'aime bien lorsqu'il se passe des trucs étranges comme par exemple au début lorsque Auguste reçoit une tête de mort, mais le reste comme la relation entre Auguste et Émily ou encore avec d'autres artistes m'a laissé indifférent. Je crois d'ailleurs que le seul personnage que j'aime est le policier. Le récit a de bonnes idées, mais il manque quelque chose pour que je le trouve passionnant.

16/10/2013 (modifier)
Par Erik
Note: 3/5
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C'est certainement une bonne idée de ressusciter le premier roman graphique publié en 1874. Cela se présente comme une enquête d'un certain Auguste Bretagne qui semble en perte de vitesse dans un milieu artistique toujours plus avide de nouveautés. La figuration poético-narrative ne parlera pas aux communs des mortels. Cet ouvrage est par conséquent intéressant pour s'ouvrir l'esprit. Des soirées déjantés du cercle des poètes zutistes à l'extravagance d'un certain jeune Arthur Rimbaud, on sombrera vite dans un rêve éveillé peuplé de fantômes à l'aide de substances hallucinogènes. Au final, il n'y aura pas de révélations aussi fracassantes que promis mais une belle vision d'un monde artistique bouillonnant à la fin du XIXème siècle. Reste une grande question en suspend : est-ce bien une oeuvre fondatrice de la bd comme l'affirme l'auteur dans la préface ? Si tel était le cas, elle serait manifestement en avance sur son temps. On a envie d'y croire.

20/01/2013 (modifier)
Par Erwelyn
Note: 3/5

D'abord je n'ai pas du tout compris le message de l'intro et ce qui était finalement vrai ou faux. Le dossier de fin est très intéressant mais du coup je n'arrive plus à savoir si tout est dessiné par Edith ou si il y a vraiment eu des dessins retrouvés... Si l'on met ça de côté, j'ai bien aimé mais sans plus. Le dessin est particulier. Je trouve la vie de bohème bien décrite. Bien sûr il y a d'autres choses : un semblant de fantastique, d'enquête policière, un soupçon de décadence. On y retrouve aussi Rimbaud et d'autres... Normalement c'est une BD qui aurait dû me plaire mais je sens que déjà elle disparaît de mon souvenir. Mauvais signe ;-). Je mets 3 pour le complet de fin.

03/02/2012 (modifier)

Une semaine après la lecture qu’en reste-t-il ? Tout d’abord de très beaux passages narratifs où les traits même laids transmettent une forte émotion. Ensuite un récit qui suite les plantes psychotropes, le poète maudit et l’idéalisme. Le récit nous présente un ensemble de poètes avec le perpétuel conflit entre l’underground et l’officiel. Tout cela se mêle avec les policiers puisque dans ces milieux très surveillés il ne fait pas bon agiter les masses populaires par des idées trop révolutionnaires. Le récit se lit avec sympathie jusqu’à ce que les auteurs glissent un clin d’œil appuyé à la bande dessinée. Là vraiment c’est trop ; même si les passages sont courts et secondaires j’ai vraiment décroché de la narration devant cette volonté trop présente de défendre le 9eme art. Dommage car les personnages se laissent apprivoiser car ils sortent de leur archétype. (par exemple beaucoup aimé le policier) Des personnages écorchés vifs dessinés à la machette dans des décors parisiens glauques du 19eme siècle, cela peut paraitre excessif, et pourtant au-delà d’un premier aspect peu agréable, la qualité narrative de découpage et de mise en situation permet au lecteur d’enter complètement dans le sujet. De ce côté-là chapeau. La colorisation permet de magnifier un trait grossier pour faire ressortir l’ambiance du récit. Au final après une semaine, il ne me reste qu’une impression d’ambiance, j’ai aimé suivre le récit sans qu’il me passionne plus que çà. Le passage forcé sur le 9eme art m’a franchement fait sortir du contexte tant cela paraissait arriver comme un cheveu sur la soupe en l’introduisant au marteau piqueur. Bien aimé les poètes et leurs névroses, pas plus.

26/01/2012 (modifier)
Par Spooky
Note: 3/5
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Les Chants de Maldoror est une oeuvre majeure de la poésie française, qui a apporté une gloire posthume à son auteur, de par la richesse de son verbe, l'ampleur de sa vision ou encore sa structure si particulière. Lautréamont, dont la vie reste entachée d'ombres, a amené autour de sa personne pas mal de fantasmes. Edith et Corcal nous proposent une nouvelle variation sur ces fantasmes, en produisant une sorte de biographie partielle fictive, autour de l'écriture d'un septième Chant de Maldoror, écrit dans des circonstances particulières, non par Lautréamont lui-même, mais par une autre personne... Celui qui découvrira ce dernier Chant est lui-même une sorte de poète obscur et maudit, comme paris en a connu des centaines, au XIXème siècle. Leur récit nous permet de côtoyer plusieurs génies de la littérature de l'époque, par le petit bout de la lorgnette, dans un récit plein de sensibilité et de respect. Cependant je n'ai pas été touché plus que ça. Le dessin d'Edith me laisse assez froid, je trouve qu'il manque d'expression, même si les ambiances sont assez réussies. Ensuite le récit partait assez bien avec cette histoire de voix de Lautréamont qui résonne dans son ancienne chambre, une option fantastique qui m'a plu mais qui a vite été éventée pour aller vers autre chose. Une orientation à laquelle j'ai été moins sensible. Ceci dit, l'ensemble est vraiment très agréable, plutôt intéressant, notamment concernant l'ambiance autour des auteurs parisiens de l'époque.

14/01/2012 (modifier)
Par Alix
Note: 4/5
L'avatar du posteur Alix

Cette histoire, largement inspirée par la vie du poète Isidore Lucien Ducasse et par ses « Chants de Maldoror » nous emmène dans un Paris de fin de 19eme siècle, sur fond de poésie et de luttes artistiques entre poètes et académiques. Malgré des thèmes a priori peu engageants (je ne suis guère réceptif à la poésie !) le récit est rythmé et passionnant, et le format « intrigue policière » et le ton sombre raviront les amateurs d'Edgar Alan Poe et de littérature fantastique et policière de manière générale. Les différentes révélations répondent à toutes les questions posées, et le récit se conclut de manière satisfaisante… la maitrise narrative est parfaite ! Le dessin est lui aussi parfaitement maitrisé, et retranscrit élégamment le Paris de l’époque et les délires intoxiqués de nos amis poètes. Le récit contient par ailleurs un clin d’œil rigolo à la bande dessinée… mais je vous laisse découvrir ça !

11/01/2012 (modifier)