Le Fardeau de l'Homme Noir

Note: 4/5
(4/5 pour 2 avis)

Co écrite par Alan Mitchell, cette histoire constitue un épisode à part entière de la série "Third World War" issue du magazine anglais Crisis.


2000 AD Auteurs britanniques Le Colonialisme Racisme, fascisme

Dans un futur proche post Thatchérien, l’inspecteur Ryan est un officier de police anglais psychotique, et raciste. Ses rêves sont peuplés de femmes noires qu’il traque et abuse sexuellement. Tourmenté par les cauchemars de sa jeunesse au Kenya, Ryan confond chaque jour davantage ses fantasmes avec la réalité. Alors qu’il est chargé d’arrêter un leader de la résistance noire, sa folie va atteindre un point de non retour.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 1993
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Le Fardeau de l'Homme Noir © Arboris 1993
Les notes
Note: 4/5
(4/5 pour 2 avis)
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21/09/2010 | hevydevy
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L'avatar du posteur Noirdésir

Ouaouh ! Eh bien en voilà une BD qui nous balance à la figure des choses bien sales ! On n’est pas dans du politiquement correct, ni dans du dessin léché pour amateurs de franco-belge classique. Il y a un peu du « Tombeau pour mille soldats » de Guyotat dans ce long cri de haine, cette violence absurde et définitive. Le personnage principal est un vieux flic anglais totalement aigri, infiniment raciste, fortement misogyne et franchement barré, atteint de troubles psychologiques. Une névrose qu’il semble attribuer à la révolte des Mau Mau au Kenya, qu’il semble avoir vécue. En tout cas c’est à elle qu’il attribue la fin d’une certaine vie idyllique dans les colonies, la déchéance de sa mère (il ne semble pas admettre qu’elle ait eu un amant noir). Et toute sa haine, ses frustrations, il les passe sur des femmes noires, avec lesquelles il abuse de son pouvoir, et d’une violence sadique (verbale et physique). C’est donc très très noir, parfois trash, et les outrances de notre flic névrotique sont en creux une charge contre le colonialisme et le racisme. Le dessin est lui aussi outrancier, exagère les rictus de haine, l’expression de la violence. Un album prenant, dérangeant, mais intéressant. Note réelle 3,5/5.

23/06/2023 (modifier)
Par hevydevy
Note: 4/5

En 1988, Pat Mills contribue au lancement d’un magazine de bandes dessinées, Crisis, visant un public adulte mature, sensibilisé aux questions politiques et sociales. Le périodique est publié par Fleetway, et est donc naturellement présenté comme une parution satellite à 2000AD. Les histoires de ce magazine étaient parallèlement destinées à être publiées sous leur propre nom sur le marché nord américain, sous la forme des habituels fascicules (probablement dans l’idée de rentabiliser une parution à risque). C’est d’ailleurs sous cette forme que j’ai découvert la série Third World War écrite par Pat Mills. Cette série, qui peut aussi bien se comprendre en anglais comme la Troisième Guerre Mondiale ou la Guerre du Tiers Monde, peut être résumée par « comment le tiers monde se fait arnaquer par les pays développés », dixit l’auteur lui-même. Elle est le fruit d’un travail de recherche et de documentation plus que conséquent effectué par l’auteur, ce qui lui permet d’appeler un chat un chat malgré le risque de passer pour un lourdingue. Le Fardeau de l’Homme Noir est un épisode tiré de cette série (l’héroïne Eve y fait une brève apparition), épisode co écrit par Alan Mitchell, illustré par le regretté John Hicklenton (décédé en mars 2010) et très joliment mis en couleur par Angie Kincaid Mills. Le titre démarque un poème de Rudyard Kipling, "Le Fardeau de l’Homme Blanc", par lequel l’écrivain marque son soutien au colonialisme. La BD, qui, elle, tend bien sûr à dénoncer les travers coloniaux, évoque la brutalité des colons anglais lors de la répression ayant suivie la révolte des Mau Mau au Kenya en 1952. L’inspecteur Ryan, personnage central de l’histoire à la psyché tumultueuse, a vécu ces événements tragiques lorsqu’il était enfant au Kenya, et reste persuadé que sa mère a été agressée sauvagement par des Mau Mau alors qu’elle avait tout simplement un amant noir. On peut préciser ici que ce personnage a été créé par Alan Mitchell, alors jeune scénariste sous la houlette de Mills. L’édition française bizarrement fait l’impasse sur les auteurs sur sa couverture, ne laissant que le seul nom d’Hicklenton. Ceci dit, il ne fait aucun doute que le style du dessinateur a fortement nourri l’histoire et l’ambiance du scénario. Un style qui ne ressemble à nul autre, très organique, fait de corps et de chairs distordues. De ce fait, c’est de loin la bd la plus extrême et dérangeante que j’ai jamais lu. D’une noirceur totale, et d’une violence verbale et graphique inouïe, Le Fardeau de l’Homme Noir est une œuvre qui m’a bousculé, et qu’il m’est difficile de noter, ou de recommander à n’importe qui. Si je mets finalement 4 étoiles c’est parce que l’on ressort de cette BD sans avoir été trompé sur la marchandise, c'est-à-dire avec un sentiment de malaise palpable nous faisant quelques peu ressentir le fardeau dont il question dans le titre. ps : et pour la petite histoire les scans utilisés pour la couverture et la galerie sont de Pat Mills lui même.

21/09/2010 (modifier)