Les interviews éditeurs / Interview de Nathalie Meulemans - Les Enfants Rouges

Rencontre avec Nathalie Meulemans, fondatrice de la maison d’éditions « Les Enfants Rouges ».

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Nathalie Meulemans Bonjour Nathalie, pouvez-vous nous dire comment s’est montée la maison d’édition les enfants rouges ?
En 1991, j’ai ouvert ma première librairie spécialisée en bandes dessinées qui s’est agrandie en 93 d’un restaurant et d’un café. En 2004, l’idée de créer une maison d’édition s’est précisée, j’ai donc décidé de vendre la librairie. Un an plus tard, c’était chose faite et la SARL « Les Enfants Rouges » a été officiellement créée en janvier 2006.

A l’occasion du Festival de la BD d’Angoulême 2007, nous présentions les 4 premiers titres : Ce qu'il en reste de Loïc Dauvillier et Jérôme d’Aviau, Quatre de Laurent Bramardi et Anton, "Love Stores" De Elfo et "Double Trouble" de Tanxxx. Depuis 2 autres romans graphiques sont sortis : Appartement 23 de Michel Alzéal et "Loup" de Amélie Sarn et des frères Moreno.
Logo Les Enfants Rouges
Pourquoi ce nom ? Comment le logo a-t-il été trouvé ?
Les Enfants Rouges est le nom d’un marché très ancien (1615) situé dans le 3è arrondissement de Paris. Ce nom lui fut donné après la fermeture de l’orphelinat construit par Marguerite de Navarre en 1534. Les orphelins étaient alors revêtus de rouge.
Le logo a été dessiné par Marc Moreno. L’idée était de représenter des enfants sans visage, sans caractéristiques particulières, si ce n’est cet habit rouge.

Quelle est la ligne éditoriale des Enfants rouges ?
Les Enfants Rouges s'intéressent aux histoires intimistes, aux récits personnels, qui reflètent l'évolution de la société. Nous publions également des fictions directement inspirées par l'actualité ou la politique. Notre catalogue s'adresse pour une très large part à un lectorat adulte. Ce qui n'exclut pas quelques bandes dessinées plus « légères » avec la collection Coquelicot.

Accéder à la fiche de Ce qu'il en reste (© D'Aviau - Dauvillier - Les enfants rouges) La maison d’édition est toute jeune, mais elle fait déjà parler d’elle en recevant des prix, en attirant des auteurs connus (Moreno, Dauvillier, Michel Alzéal…) ? C’est quoi votre secret de beauté ?
Marc Moreno, Loïc Dauvillier et Michel Alzéal m’ont présenté leurs projets avant même que la maison d’édition tienne debout. Ce sont tout d’abord des amis, ils avaient tous des projets très personnels. Notre relation est bâtie sur l’écoute, la discussion, les échanges et la confiance. Chacun peut développer son récit sur un nombre de pages désiré, et préférer le noir et blanc ou la bichromie. Nous allons même jusqu’à choisir le papier ensemble ! Ainsi tous peuvent être fiers du résultat. D’autres projets sont déjà en cours avec Loïc Dauvillier et Amélie Sarn (co-scénariste de "Loup" avec Marc Moréno). Puis il y a les rencontres, les projets se mettent en place sur les mêmes bases : la confiance et les affinités.

C’est vrai que recevoir un prix à peine quelques mois d’existence (le prix Ovni au premier festival de Toulouse en avril) fut une très belle surprise et une belle récompense pour leurs auteurs. Je suis très heureuse pour eux. (NdW : Ce qu'il en reste de Loïc Dauvillier et Jérôme d’Aviau)

la revue Ping Pong Un petit mot sur Ping Pong, la petite revue coéditée avec les Editions Charrette ? Quel est son rôle ?
Nous avions envie de proposer un espace d’expression pour la bande dessinée qui sorte un peu du magazine « maison » qui ne présente souvent que des prépublications et très rarement de l’inédit.

Ping-Pong, c’est une revue gratuite distribuée chez tous les libraires qui en font la demande auprès du Comptoir des Indépendants. C’est 48 pages d’histoires inédites en couleurs ou en noir et blanc offertes par une dizaine d’auteurs et publiée à 5000 ex. Quelques signatures déjà connues et reconnues, mais nous laissons aussi une large part aux jeunes auteurs en devenir. Nous mettons un point d’honneur à ce que Ping-Pong soit une revue de qualité. Nous n’avons pas une périodicité définie car nous dépendons aussi de la générosité de libraires ou bien de festivals qui voudraient nous aider en prenant pour quelques centaines d’€ un petit emplacement dans notre revue. Pour l’instant nous n’avons reçu le soutien que d’une seule librairie que je remercie encore :« Oscar Hibou ». J’en profite donc pour lancer ici un appel :)
Le N° 2 devrait sortir pour le festival de St-Malo avec une superbe couverture d’Emmanuel Moynot !

Waterloo - Essai couverture Des projets à venir ?
Dans quelques jours sortira « La boucherie » de Loïc Dauvillier et Thibault Poursin. C’est l’histoire d’un village qui tente de survivre avec les quelques habitants qui y vivent encore. Le ton de Loïc et les dessins de Thibault font merveille pour illustrer cette chronique champêtre. Puis il y aura en Juillet « Frères d’âmes » de Dan Nemeth et Rod, le projet le plus « décalé » au regard des autres titres. D’abord parce qu’une fois n’est pas coutume, il y aura 3 ou 4 parties pour cette histoire avec une fréquence de sortie de 7 mois. Le sujet aussi, qui s’adresse à un public plus large, avec des références très marquées aux grands classiques du manga. (Lone Wolf & Cub, ou Cobra). Le ton est à la fois comique et grave : 3 infirmes à la recherche de bonnes âmes à tuer…

Début 2008 sortiront « Fausse Route » un roman « noir » de Joseph Incardona et Vincent Gravé. « Le roman Noir » est un moyen efficace d’approcher au plus près les inquiétudes et les peurs (sociales et/ou intimes) de l’individu contemporain.

Un récit épique et historique « Waterloo » de Eco et Patrick Pirlot et « Salt Pit » une fiction basée sur une actualité brûlante de Sasha et Eric Laurin. (voir une planche ici)

Extrait de Nous n’irons plus ensemble au canal Saint-Martin Parmi ceux-ci, "Nous n’irons plus ensemble au Canal St Martin" nous semble bien excitant, avec un scénario co-écrit par Sibylline et Loïc Dauvillier, que nous avons interviewé récemment.
« Nous n’irons plus ensemble au Canal St Martin » sortira début octobre en librairie. Sur ce projet, pas moins de 5 personnes : 2 scénaristes et 3 dessinateurs qui réalisent chacun une histoire d’environ une vingtaine de pages dont les points communs sont un bar, un banc et le Canal St Martin (Paris). Trois histoires qui nous parlent une fois encore des rapports humains, amoureux ou filiaux. Une exposition des planches est en train de s’organiser dans le café qui sert de décors à l’album. Nous vous tiendrons informés de l’évènement.

Cette idée d’album à plusieurs mains est en train de faire des petits. On verra sans doute d’autres projets prochainement…

Le format carré a été amené avec les 2 premiers projets par Loïc Dauvillier et Laurent Bramardi et devant l’accueil des lecteurs, il devient naturel qu’il devienne une identité, une collection sans nom, mais dans laquelle le lecteur pourra reconnaître une ligne, un thème.

Sur BDTheque nous aimons donner un coup de pouce aux « petits » éditeurs. Avez-vous un message à faire passer à nos habitués ?
Soyez curieux :)



A voir :
Le site officiel "Les Enfants Rouges"
Interview réalisée le 04/06/2007, par Spooky.