Les forums / Les auteurs et les remises de prix

Par Katz Le 23/05/2007 - 18:59 (Modifier)

>>ArzaK avait écrit: >>Tu préférerais que ce soit le syndicat des plombiers zingueurs qui jugent les romans? restons sérieux... Excellente idée. Moi, cela m'intéresserait beaucoup de voir ce qu'un jury de plombiers zingueurs donnerait comme prix. On aurait sans doute des surprises... Sourire Après tout, n'y a-t-il tout un pan de la démarche artistique qui consiste à casser les codes ? Et cette histoire de légitimité n'est-elle pas le code même à casser ? >>caisse de résonnace, oui, marketing, non... Il y a du marketing à Cannes, mais le palmarès, ce n'est pas du marketing... Je ne parlais pas du palmarès, je parlais de l'impact du festival de Cannes en termes médiatiques. C'est l'événement qui est "marketing", au sens qu'il a un impact commercial (c'est en fait le sens premier du terme marketing, en anglais, je suis passé par une école de commerce, alors je n'utilise pas ce terme comme un gros mot). >>Je pense que sans Cannes (et sans autre festivals importants comme Berlin ou Venise) nous ne connaitrions même pas l'existence des films de Kurturica, Kiarostami, Wong-Kair-Wai ou Lars Von trier... et notre vie de spectateur de cinéma serait beaucoup plus triste, seul les dirigeants des multiplexes ferait la loi... tu t'en fous peut-être parce que tu ne réalises pas à quel point des festivals internationnaux comme Cannes sont absolument primordiaux pour nombre cinématographie de par le monde... sans ces festivals, le cinéma indépendant iranien (dont l'importance de l'enjeu politique n'est pas à démontrer, je pense), le cinéma belge, ou même le cinéma indépendant américain n'existeraient simplement plus! Vous ne vous rendez peut-être pas tout à fait compte de ça en France, parce que le cinéma français s'est sauvegardé bon gré mal gré, mais pour beaucoup de cinéastes du monde entier, l'existence des ces festivals, c'est une question de vie ou de mort... et ce n'est pas un simple enjeu bassement "commercial", c'est une condition d'existence même... Je crois que pour le "bassement" commercial, j'ai précisé plus haut... Mais, justement, le "commerce" ou la vente en général, lorsqu'il s'agit de vendre de bons trucs, exigeants, spécifiques, etc., etc., ça n'a rien de honteux. Et justement, si les films dits difficiles ne peuvent être vendus, et bien derrière s'ensuit la mort de ceux qui les font. Donc, même pour défendre des oeuvres spécifiques, il faut s'intéresser à l'aspect commercial, simplement pour les faire, et pouvoir en refaire d'autres. >>je précise toute de même que l'art égalitaire, ça n'existe pas... en art, on tend vers le meilleur, si c'est pas pour ça, ça vaut pas la peine... non, TOUT ne se vaut pas... et les prix, c'est un moyen parmi d'autres de faire le tri... Je ne parlais pas des oeuvres. Je parlais de ceux qui les reçoivent. Soit tu destines tes oeuvres à tes pairs, et en ce cas un jury de pairs se conçoit. Soit tu les destines à tout le monde (a priori), et alors ce même jury ne se justifie plus du tout. Du point de vue de celui qui reçoit, le prix n'a d'intérêt que s'il correspond à ses goûts. C'est bel et beau l'ouverture, mais si un prix m'explique que je devrais aller voir du côté d'un film d'horreur, parce que, en fait, message caché, vision de la société, etc., etc., et ben, peut-être, mais l'horreur, je n'aime pas ça. En plus, il suffit d'écouter un journal TV pour en avoir un aperçu, y compris dans la hiérarchie imbécile de ces journaux. Donc, tu as de la chance que les prix sélectionnent des oeuvres que tu apprécies, mais c'est très rarement mon cas. Quant à la défense du cinéma iranien, on est dans de la politique, plus tout à fait dans l'art. Les deux ne sont pas étrangers l'un à l'autre, bien au contraire. D'ailleurs, mes oeuvres préférées sont souvent politiques. Mais si les prix artistiques doivent se mêler de politique et de géopolitique, alors autant confier directement leur supervision à Amnesty International, Greenpeace, MSF, ainsi qu'à l'assemblée générale de l'ONU pour le respect des cinémas oubliés...


Par ArzaK Le 23/05/2007 - 13:39 (Modifier)

>>Katz avait écrit: >>Sauf par ceux qui n'ont pas du tout envie d'être jugé par leurs pairs. Après tout, on pourrait soutenir a contrario que ce n'est pas très fair-play de se juger ainsi dans le petit monde des créateurs de tel ou tel domaine. Avec tous les éventuels problèmes de bisbilles, jalousies, mesquineries, qui sous-tendent tel ou tel choix, et que le public ne connaît pas (ou alors que le public imagine exister, à tort, lorsqu'il n'est pas d'accord avec tel choix d'un jury). >> Tu préférerais que ce soit le syndicat des plombiers zingueurs qui jugent les romans? restons sérieux... >>Enfin, bref, il me semble que les prix sont surtout vus par les diverses professions comme des caisses de résonnances, et des instruments marketing. Il y avait ainsi un article, dans Télérama, il y a peut-être un, deux ou trois ans, à propos de Cannes, vu sous cet angle, dans la profession du cinéma, alors en grande crise (et peut-être toujours). Cannes était d'abord vu comme un événement à valeur "commerciale", pour faire parler du cinéma, attirer les gens dans les salles, etc., etc.. >> caisse de résonnace, oui, marketing, non... Il y a du marketing à Cannes, mais le palmarès, ce n'est pas du marketing... >>Quand on voit aussi des villes décider de créer un festival pour des raisons touristiques, avec le prix qui va avec (ça fait mieux un prix : comme l'insinue Aurélie Aurita, ça fait un spectacle, une dramaturgie), ça commence à dévaloriser sérieusement les prix en général. >> Trop de prix tuent les prix... c'est clair... >>Enfin, il est vrai que le prix Goncourt, et la façon dont il est fait (cooptation de l'académie Goncourt) m'a toujours choqué, que Cannes, ça n'existe tout simplement à mes yeux, à part comme un machin qui m'emm... lorsque les infos m'en abreuvent, et que Télérama va publier des pages là-dessus, qui seront des pages quasi perdues à mes yeux. Les autres prix, sont juste marrants. Pour le goncourt, l'idée d'un jury permanent me débecte... pour moi, un jury doit être temporaire et conjoncturel... Domage que tu aie cette vision de Cannes... le côté paillette, c'est clairement pour les gogos... Je m'en tape... mais le palmares, je trouve ça nettement plus intéressant, je pense que sans Cannes (et sans autre festivals importants comme Berlin ou Venise) nous ne connaitrions même pas l'existence des films de Kurturica, Kiarostami, Wong-Kair-Wai ou Lars Von trier... et notre vie de spectateur de cinéma serait beaucoup plus triste, seul les dirigeants des multiplexes ferait la loi... tu t'en fous peut-être parce que tu ne réalises pas à quel point des festivals internationnaux comme Cannes sont absolument primordiaux pour nombre cinématographie de par le monde... sans ces festivals, le cinéma indépendant iranien (dont l'importance de l'enjeu politique n'est pas à démontrer, je pense), le cinéma belge, ou même le cinéma indépendant américain n'existeraient simplement plus! Vous ne vous rendez peut-être pas tout à fait compte de ça en France, parce que le cinéma français s'est sauvegardé bon gré mal gré, mais pour beaucoup de cinéastes du monde entier, l'existence des ces festivals, c'est une question de vie ou de mort... et ce n'est pas un simple enjeu bassement "commercial", c'est une condition d'existence même... >>Angoulême... Si j'apprends qu'une BD a eu un prix à Angoulême, ma réaction première va être "ouh la la, méfiance, ne pas acheter". C'est un peu le réflexe de rejet que j'évoquais dans un autre post. Un peu de sentiment anar, et égalitariste : un Prix, c'est un truc élitiste, par essence, de gens qui voudraient "que tu lises ça coco, c'est 'achement bien". Réaction automatique : leur dire d'aller se faire voir ailleurs. >> Ben bravo...drôle de réaction... esprit de contradiction? Ca peut avoir du bon...parfois... je précise toute de même que l'art égalitaire, ça n'existe pas... en art, on tend vers le meilleur, si c'est pas pour ça, ça vaut pas la peine... non, TOUT ne se vaut pas... et les prix, c'est un moyen parmi d'autres de faire le tri...


Par Katz Le 23/05/2007 - 01:41 (Modifier)

>>ArzaK avait écrit: >>>>Katz avait écrit: >>>>Pour ma part, c'est plus la question de la légitimité de ceux qui jugent. Mettre en valeur une oeuvre méconnue, ou un jeune auteur, certes, mais quelle est la légitimité de ceux qui s'auto-proclament jury ? >>>> >> >>je ne sais pas par qui est constitué le jury de ce prix en particulier, mais la plupart du temps, les prix artistiques sont remis par des jurys constitués pour l'occasion par des membres de la profession artistique en question... la plupart du temps la légitimité se fait assez logiquement... >> >>le jury de Cannes, par exemple, est différent chaque année et il est constitué de gens du cinéma : acteurs, réalisteurs, scénaristes parfois écrivain... qui ont une certaine légitimité par leur parcours personnels... >> >>dès lors, souvent, le prix prend une tournure "reconnaissance des pairs" qui est quelque chose recherché par la plupart des artistes... Sauf par ceux qui n'ont pas du tout envie d'être jugé par leurs pairs. Après tout, on pourrait soutenir a contrario que ce n'est pas très fair-play de se juger ainsi dans le petit monde des créateurs de tel ou tel domaine. Avec tous les éventuels problèmes de bisbilles, jalousies, mesquineries, qui sous-tendent tel ou tel choix, et que le public ne connaît pas (ou alors que le public imagine exister, à tort, lorsqu'il n'est pas d'accord avec tel choix d'un jury). Enfin, bref, il me semble que les prix sont surtout vus par les diverses professions comme des caisses de résonnances, et des instruments marketing. Il y avait ainsi un article, dans Télérama, il y a peut-être un, deux ou trois ans, à propos de Cannes, vu sous cet angle, dans la profession du cinéma, alors en grande crise (et peut-être toujours). Cannes était d'abord vu comme un événement à valeur "commerciale", pour faire parler du cinéma, attirer les gens dans les salles, etc., etc.. Quand on voit aussi des villes décider de créer un festival pour des raisons touristiques, avec le prix qui va avec (ça fait mieux un prix : comme l'insinue Aurélie Aurita, ça fait un spectacle, une dramaturgie), ça commence à dévaloriser sérieusement les prix en général. Enfin, il est vrai que le prix Goncourt, et la façon dont il est fait (cooptation de l'académie Goncourt) m'a toujours choqué, que Cannes, ça n'existe tout simplement à mes yeux, à part comme un machin qui m'emm... lorsque les infos m'en abreuvent, et que Télérama va publier des pages là-dessus, qui seront des pages quasi perdues à mes yeux. Les autres prix, sont juste marrants. Angoulême... Si j'apprends qu'une BD a eu un prix à Angoulême, ma réaction première va être "ouh la la, méfiance, ne pas acheter". C'est un peu le réflexe de rejet que j'évoquais dans un autre post. Un peu de sentiment anar, et égalitariste : un Prix, c'est un truc élitiste, par essence, de gens qui voudraient "que tu lises ça coco, c'est 'achement bien". Réaction automatique : leur dire d'aller se faire voir ailleurs. Par contre, et très paradoxalement, j'aime la SF et si j'apprends qu'une oeuvre a obtenu le Hugo ou le Nebula (les deux plus hautes distinctions de la SF américaine) alors là, je me dis "ah ouais, tout de même...". Sauf que ça n'a aucun impact sur ma volonté de lire ou non, mais c'est tout de même une distinction valorisante à mes yeux. Là, évidemment, je suis en plein paradoxe... Clin d


Par ArzaK Le 21/05/2007 - 01:30 (Modifier)

>>Katz avait écrit: >>Pour ma part, c'est plus la question de la légitimité de ceux qui jugent. Mettre en valeur une oeuvre méconnue, ou un jeune auteur, certes, mais quelle est la légitimité de ceux qui s'auto-proclament jury ? >> je ne sais pas par qui est constitué le jury de ce prix en particulier, mais la plupart du temps, les prix artistiques sont remis par des jurys constitués pour l'occasion par des membres de la profession artistique en question... la plupart du temps la légitimité se fait assez logiquement... le jury de Cannes, par exemple, est différent chaque année et il est constitué de gens du cinéma : acteurs, réalisteurs, scénaristes parfois écrivain... qui ont une certaine légitimité par leur parcours personnels... dès lors, souvent, le prix prend une tournure "reconnaissance des paires" qui est quelque chose recherché par la plupart des artistes... >>Les prix du 'public' me semblent un peu plus légitimes (par aspect démocratique), mais finalement, un prix du public, est-ce que cela ne revient pas à "qui a vendu le plus de..." ? >> c'est le problème de ce genre de prix... souvent le choix de ce type de prix se révèle assez consensuel et consiste à donner un prix à une oeuvre qui a déjà la reconnaissance du public... non pas que le public soit peu imaginatif ou constitué de gens incapables d'originalité dans leurs choix, mais la question du nombre joue, plus tu demandes l'avis à un grand nombre de personne, plus ce qui en résultera sera attendu...


Par Katz Le 20/05/2007 - 22:26 (Modifier)

>>ArzaK avait écrit: >>de manière générale, je peux comprendre la justification la plus souvent avancée qui veut qu'une discipline artistique, à la différence d'une discipline sportive, ce n'est pas une compétition entre différentes oeuvres, c'est juste une compétition de l'artiste vis-à-vis de lui-même... Pour mémoire, et parce que cela me semble très bien écrit, un extrait du mail envoyé par Aurelia Aurita aux organisateurs du prix : "Ce n’est pas un refus sur la forme, mais sur le fond, le principe même des prix. Je n’admets tout simplement pas qu’un livre puisse être jugé par une autorité, et que des œuvres par essence uniques et singulières soient comparées et soumises à une hiérarchie." Pour ma part, c'est plus la question de la légitimité de ceux qui jugent. Mettre en valeur une oeuvre méconnue, ou un jeune auteur, certes, mais quelle est la légitimité de ceux qui s'auto-proclament jury ? Les prix du 'public' me semblent un peu plus légitimes (par aspect démocratique), mais finalement, un prix du public, est-ce que cela ne revient pas à "qui a vendu le plus de..." ? Bon, Alix, tu as de la chance. Un Prix BDT, même pour de rire, on abandonne l'idée. Sourire >>le plus paradoxal, c'est que cela peut, selon les cas et justifications, apparaitre soit... >>- pour de la modestie... >>- soit pour l'existence d'un ego démesuré... S'est-on jamais interrogé sur l'éventuel ego démesuré de ceux qui organisent ces concours, et s'octroient le droit de décider de qui ou quoi recevrait tel ou tel prix, intitulé selon leur bon vouloir ? Après tout, sélectionner des oeuvres ou des personnes pour concourir, ça possède déjà un petit côté grisant, une forme d'emprise sur la vie d'autrui "toi, tu entres, toi, t'entres pas". Ensuite, décider de qui, au sein de cette sélection, aura le prix, c'est encore plus une sensation d'emprise sur une oeuvre ou une personne : on décide de son sort. Certes, dans le cadre restreint d'un prix, mais tout de même... Avoir le pouvoir sur autrui, c'est assez excitant, non ? En plus, si on est modeste, au nom de quoi son prix pourrait représenter un quelconque intérêt pour celui ou celle qui le reçoit ? Pourquoi devrait-il (-t-elle) s'en sentir flatté, honoré ? Pourquoi considérer que ce truc ait une quelconque importance ? Mais, par politesse, souci de ne pas froisser des gens, on peut être amené à accepter. Alors, je vous le demande : où se situe réellement l'égo surdimensionné et la modestie ? Chez ceux qui imaginent de sélectionner, trier et distinguer les autres ? Ou chez ceux qui se contentent, poliment, de recevoir ? [En tout cas, je peux vous le confirmer ici haut et fort : Alix, d'égo, il n'a point. Il refuse obstinément de créer un prix BDThèque. Ca, c'est de la modestie (en fait, c'est de la paresse, mais voyons le bon côté des choses). Moi, par contre, je sens que je viens de me casser, mais alors cassé de chez casser. Je vais devoir aller faire un stage bouddhiste pour désenfler cet égo... Pleure ]


Par ArzaK Le 27/02/2007 - 11:25 (Modifier)

d'autre exemple en bd, mais en littérature ou cinéma, ils sont nombreux... certains ont refusés le prix goncourt, d'autre le prix nobel de littérature... le plus paradoxal, c'est que cela peut, selon les cas et justifications, apparaitre soit... - pour de la modestie... - soit pour l'existence d'un ego démesuré... de manière générale, je peux comprendre la justification la plus souvent avancée qui veut qu'une discipline artistique, à la différence d'une discipline sportive, ce n'est pas une compétition entre différentes oeuvres, c'est juste une compétition de l'artiste vis-à-vis de lui-même...


Par Alix Le 26/02/2007 - 23:04 (Modifier)
Alix

Lu sur ActuaBD : Aurélia Aurita (Fraise et Chocolat) déteste les remises de prix. C’est parfaitement son droit. Demandant aux organisateurs du prix « Nouveaux Talents de la BD » de bien vouloir la retirer de sa présélection, elle se fait répondre qu’on l’y maintiendrait en dépit de sa demande et qu’on lui attribuait « automatiquement » la dernière place. Vous connaissez des histoires similaires ? D’auteurs ayant refusé des prix ? Vous en pensez quoi ? Sourire