Cet exercice de style est à la fois très stimulant, pertinent et tout simplement bon.
Il adapte ingénieusement les différents scénarios décrits dans les rapports du GIEC sur le réchauffement climatique, en 3 variations autour de la même histoire : une course-poursuite entre 3 hors-la-loi à la recherche d'un même "butin", en hommage assumé et référencé au film de Léone "Le Bon, la Brute et le Truand".
L'exercice de style se prolonge donc dans ce jeu sur le genre, entre thriller dystopique et western, la comédie s'invite évidemment.
Visuellement, outre l'importance du format à l'italienne, cela débute de manière ludique avec un découpage de chaque planche en 3, la ligne supérieure pour le scénario +2°, celle médiane pour +3° et celle inférieure pour +4°. Le ludique du procédé visuel pouvant rapidement s'estomper puis lasser, de nombreuses pages proposent des variantes plus dynamiques : un même dessin découpé de biais, des intermèdes "virgules" humoristiques, etc.
Très vite se pose la méta-question de que regarder, comment lire, par quel bout commencer : d'abord un 1er jet avec uniquement le scénario 1 optimiste, puis que le 2 et enfin uniquement le 3 ? Alterner en permanence les 3 ? Sachant que les 3 scénarios se répondent, sont des variations autour de la même proposition, s’enrichissent mutuellement dans leur redondance détournée : la mise en abîme est pleinement souhaitée et véritablement explicite.
Définitivement une belle idée, un exercice de style assez remarquable. Et tout se suffirait même sans, tant scénario et illustrations répondent aux attentes plus habituelles du lecteur de BD.
Je ne suis pas spécialement amateur d’horreur ou du réalisateur John Carpenter (une grosse inspiration de ce récit selon les autres avis), mais j’avais beaucoup aimé Basketful of heads du même scénariste, et le pitch me faisait envie, je me suis donc lancé… et j’ai trouvé ça pas mal, sans plus.
L’intrigue est bien construite et prenante, et je dois avouer avoir avalé l’album assez rapidement. Mais de manière générale le ton est trop vulgaire et gore pour moi, et le scenario trop tiré par les cheveux (voire ridicule par moment). J’ai donc pris ça comme une grosse déconnade, une BD popcorn qui m’a diverti mais pas vraiment marqué. Surtout que la mise en image est efficace, voire jolie par moment.
Je pense que les fans du genre devraient apprécier cet album à sa juste valeur.
C'est la joie des vides greniers que de trouver des albums que je n'aurais jamais achetés. Pour une somme modique on peut tout essayer.
Cinq à table ne renouvelle pas le genre des gags dans une famille avec des enfants turbulents mais Philippe Reyt propose un humour tendre et gentil.
Ses strips de six cases sont très dynamiques et même si il y a quelques répétitions, l'ouvrage se lit rapidement et sans déplaisir.
Il y a même une volonté d'aborder des scènes intimes que l'on ne rencontre pas souvent dans une BD tout public.
Le graphisme est minimaliste accompagné d'une mise en couleur assez flashy. Mais cela donne une cohérence à l'esprit de la série qui peut être lu par tous.
C'est même ce graphisme un peu singulier qui m'a invité à prendre la série.
La série touchera surtout les parents avec plusieurs enfants. Ils pourront soit se reconnaître dans ces bêtises ou soit se dire qu'ils élèvent bien mieux leurs garnements.
Tout cela avec le sourire.
C'est le premier ouvrage de Pierre Dubois que je lis. J'ai fini les cinq tomes sans déplaisir même si il y a quelques faiblesses qui parsèment la série.
Globalement je suis en phase avec les avis de Pierig et de Elveen, la série est trop déséquilibrée entre du récit de critique sociale sur presque 4 tomes pour un tome et demi de fantastique.
En effet si Dubois installe dès le début son histoire dans la féérie (l'aubépine, les fées, le pseudo Merlin) il revient très vite sur du réaliste social à travers la paupérisation des campagnes, l'exploitation des ouvriers, le travail des enfants, la prostitution ou le trafic d'opium dans un Londres de Dickens.
Les auteurs en profitent pour faire de multiples détours vers la littérature anglaise du 19 eme siècle: Dickens, Defoe ou Barrie sont clairement visités. Scrubby nous sert de guide à travers ce Londres légendaire croisant de temps en temps un mystérieux personnage aux yeux rouges qui se révélera au T5.
Cela fait un peu catalogue sociétal avec des thèmes traités de façon superficielle malgré des passages intéressants (la mine , les docks).
Les auteurs bifurquent même vers une secte à connotation satanique sans que ce soit vraiment indispensable à la destinée de Scrubby.
Car le tome 5 revient au fantastique du début, explique le titre et reprend les codes mi fantastiques mi fantasy du genre Tolkien: Scrubby posséde une destinée, avait une garde de protecteurs mais doit se débrouiller seul face au Maître des Ténèbre.
C'est si classique que Dubois ne cherche pas à peaufiner et expédie tout en trois coups d'épée (magique). Tout ça pour un si pauvre final.
J'ai bien aimé le dessin de Xavier Fourquemin. C'est assez classique pour correspondre au genre un peu hybride du récit entre l'imaginaire féérique et la caricature semi réaliste pour le social. C'est précis avec de nombreux personnages tous bien soignés.
Le plus du graphisme est le soin apporté à tous les décors qui sont nombreux. La campagne, les quartiers populaires de Londres, les docks , la mine proposent tous des détails et des ambiances très réussis. Les éclairages participent à cette réussite dans des épisodes nocturnes nombreux bien maîtrisés.
Une lecture agréable d'une série avec de belles qualités mais qui manque un peu de cohérence pour en faire du tout bon.
Cette série fait presque l'unanimité contre elle malgré le nom prestigieux de son créateur.
L'idée de départ n'est pas très novatrice. On retrouve ce schéma dans pas mal d'oeuvres antérieures et c'est une variante low cost d'un scénario comme "The Game" de David Fincher.
Malheureusement Bernard Weber multiplie les raccourcis et les invraissemblances pour faire survivre son Amandine. Comme le veut le schéma du genre Amandine passe de la pauvre déprimée suicidaire à une battante attachée à sa survie.
C'est très classique mais les ficelles sont tellement visibles que l'on se désintéresse vite des épreuves qu'elle rencontre puisque c'est si facile à surmonter.
Le graphisme est à l'image du scénario, un peu bâclé et rapide dans plusieurs cases. C'est dommage car je trouve le personnage d'Amandine assez sexy avec un côté érotique qui donne du piment à la série.
Une lecture moyenne sans beaucoup de profondeur.
Le récit est assez linéaire et sans surprises, mais je ne pense pas que ce soit le but. Il s'agit avant tout de faire un portrait de femme contemporaine, piégée entre les injonctions qu'elle subit au quotidien (très bien retranscrit par les petites phrases et les affiches publicitaires) et ses envies personnelles. Aude Picault joue sur les préjugés et perceptions que les femmes subissent pour montrer que la femme est jugée, catégorisée, brimée et rangée dans des belles cases.
Ce qui m'a plu dans la lecture c'est de reconnaitre des comportements ou des situations que j'ai déjà vu. Les injonctions à se raser, à avoir une sexualité plus poussée que juste le missionnaire, les problèmes de jouissance, les tâches quotidiennes … Tant de situations qui jaillissent de plus en plus y compris dans l'espace médiatique, montrant que la femme est soumise en permanence à des injonctions formatant l'idée du bonheur, souvent en opposition avec une réalité qu'elles vivent.
La BD se pose donc en observatrice de tout ces comportements et se permets de nous donner une fin qui tends vers une insouciance et un bonheur possible, pour peu qu'on s'affranchisse de ce qu'on nous impose. Le dessin convient au récit, rondouillet et mignon, c'est parfait pour un récit de ce genre.
Après, la BD ne dépasse pas suffisamment cette condition (notamment sur la question des hommes et de la potentielle déconstruction de leur position) et je trouve que quelques nuances m'auraient bien plu dans le traitement. Pour le reste je suis franchement content de la lecture, je recommande notamment aux jeunes femmes pour comprendre à quel point nous forcer dans un modèle peut nous coincer dans des situations qui ne nous conviennent pas.
Mouais, je suis assez peu convaincu par le rendu final de la BD. Je pense que les connaisseurs n'y trouveront rien, puisque la BD semble faire synthèse des ouvrages de Badinter et retracer sa vision du problème, corrélé avec deux affaires médiatiques. Quelques points viennent se greffer au récit, comme la question du procès de Klaus Barbie. Mais globalement c'est surtout l'histoire des deux affaires, et la rédaction de la loi qui a suivi l'élection de Mitterrand.
Je pense que je vois trop facilement les limites de ce genre de documentaire qui se contente de faire un rapport chronologique de l'ensemble. C'est bien pour découvrir, et personnellement je ne connaissais rien de ce combat, ce qui est chouette pour des néophytes. Maintenant, c'est vite lu et ca manque de développement intéressant. Typiquement les passages sur Klaus Barbie et la perte de son père sous l'occupation donnent un aperçu de ce qu'il aurait fallu développer : soit la vie de Badinter en dehors de ça et comment il en est venu à vouloir abolir la peine de mort, soit l'histoire de la peine de mort et surtout comment cela a évolué dans le monde à cette époque … J'aimerai plus qu'une simple fiche récapitulative qui ne sort pas d'un résumé wikipédia. C'est dommage, le duo d'auteur aurait grandement gagné à étoffer le sujet.
En tout cas, ça reste à lire si vous avez envie de découvrir le sujet, mais clairement ça ne suffit pas pour en faire un bon documentaire à mes yeux.
Je rejoins l'avis de ThePatrick. C'est assez vite lu, un peu étrange dans le scénario qui semble vouloir raconter comment les ancêtres de l'homme contemporain ont commencé à former des couples. Enfin, je crois. En tout cas le récit s'apparente à une longue course poursuite entrecoupée de moments de sexe assez nombreux, sur fond de préhistoire.
Comme souvent dans des BD de ce genre, on a différentes races humaines qui se mélangent, et je trouve ça dommage d'avoir donné à la fille une apparence aussi contemporaine alors qu'elle côtoie des hominidés au faciès plus disgracieux. D'autre part, je trouve que le scénario tourne vite en rond pour se finir sans vraiment de conclusion, si ce n'est qu'ils ont maintenant échappé à leurs poursuivants.
Ce qui reste surtout c'est ce dessin, étrangement efficace dans les scènes d'actions mais qui ose aussi parfois jouer sur les cadrages et les points de vue. C'est pas révolutionnaire mais ça fonctionne, dommage que la limitation au traditionnel gaufrier semble souvent contenir le dessin et ne pas lui permettre de s'exprimer clairement. Je pense que l'auteur aurait gagné à laisser sa fantaisie se débrider un peu et nous proposer des vrais scènes en plan large et en découpage plus dynamique.
Je retiendrai surtout les dessins de cette BD dont le scénario est convenu, comme souvent pour une BD X du genre.
Une nouvelle histoire mettant en scène des adolescent(e)s confrontés à une entité surnaturelle qui hante leur petite ville... Des Goonies à Stranger Things en passant par Super 8 et Ça, on peut certainement trouver des tas de parrains cinématographiques, romanesques et télévisuels à ce genre d'histoire. Mais il ne faut pas bouder son plaisir, quand on a un comic qui parle de fantômes, de démons, de harcèlement scolaire, d'autisme, d'amitié, de pop culture... N'en jetez plus. Quelque chose d'assez ambitieux dans ses intentions, avec des personnages secondaires intrigants pour ne pas dire plus, et un duo d'héroïnes qui sans être super, n'en est pas moins touchant. L'histoire est dense, très dense, et au bout d'un certain temps, à la moitié, on a l'impression de perdre pied tant ça part dans tous les sens. Cela occasionne un gros trou d'air, et l'on se dit que la fin va tourner en eau de boudin.
Sauf que.
Sauf que dans le dernier acte, la scénariste nous propose un revirement plutôt inattendu, qui montre que l'histoire est nettement plus profonde qu'elle en avait l'air sur une petite moitié, où s'empilaient des poncifs du fantastique pour ados. Sans ce bouleversement, ma note aurait été inférieure d'un cran. Et sans cette grosse défaillance en cours de route, elle auriat pu être supérieure.
Car au-delà de l'histoire un brin en dents de scie, on a un beau boulot graphique de Jenn St-Onge, qui me semble capable de marcher sur les traces d'un auteur comme Ted Naifeh (Courtney Crumrin), si elle travaille un peu plus ses ambiances surnaturelles. Son style, qui allie comics et BD franco-belge, semble capable de quasiment tout faire, dans une veine contemporaine et fantastique. Ses couleurs, par contre, manquent de nuances dans la grosse première moitié de l'album, cela devient plus intéressant lorsque l'on est dans quelque chose de plus inquiétant. A suivre donc.
Fort sympathique, en résumé.
J’ai beaucoup aimé cette réinterprétation du récit post-apo par Jeff Lemire.
On retrouve les poncifs du genre (les factions de tarés qui se font la guerre, la recherche de nourriture, la survie) mais aussi quelques éléments originaux, dont la nature de la maladie et cette nouvelle espèce mi-homme mi-animale, qui semble être liée à la pandémie. Les réponses finissent par arriver, et sont logiques et satisfaisantes, voire presque réalistes. Les personnages sont bien développés et attachants (comme souvent avec cet auteur), et la fin est juste parfaite. Un seul reproche : quelques longueurs, surtout sur la deuxième moitié du récit, avec quelques chapitres un peu « remplissage » selon moi, et une pagination totale de 1000 pages.
J’ai néanmoins passé un excellent moment de lecture. Je lirai sans doute le deuxième cycle pour revisiter cet univers attachant.
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Cet exercice de style est à la fois très stimulant, pertinent et tout simplement bon. Il adapte ingénieusement les différents scénarios décrits dans les rapports du GIEC sur le réchauffement climatique, en 3 variations autour de la même histoire : une course-poursuite entre 3 hors-la-loi à la recherche d'un même "butin", en hommage assumé et référencé au film de Léone "Le Bon, la Brute et le Truand". L'exercice de style se prolonge donc dans ce jeu sur le genre, entre thriller dystopique et western, la comédie s'invite évidemment. Visuellement, outre l'importance du format à l'italienne, cela débute de manière ludique avec un découpage de chaque planche en 3, la ligne supérieure pour le scénario +2°, celle médiane pour +3° et celle inférieure pour +4°. Le ludique du procédé visuel pouvant rapidement s'estomper puis lasser, de nombreuses pages proposent des variantes plus dynamiques : un même dessin découpé de biais, des intermèdes "virgules" humoristiques, etc. Très vite se pose la méta-question de que regarder, comment lire, par quel bout commencer : d'abord un 1er jet avec uniquement le scénario 1 optimiste, puis que le 2 et enfin uniquement le 3 ? Alterner en permanence les 3 ? Sachant que les 3 scénarios se répondent, sont des variations autour de la même proposition, s’enrichissent mutuellement dans leur redondance détournée : la mise en abîme est pleinement souhaitée et véritablement explicite. Définitivement une belle idée, un exercice de style assez remarquable. Et tout se suffirait même sans, tant scénario et illustrations répondent aux attentes plus habituelles du lecteur de BD.
Plunge
Je ne suis pas spécialement amateur d’horreur ou du réalisateur John Carpenter (une grosse inspiration de ce récit selon les autres avis), mais j’avais beaucoup aimé Basketful of heads du même scénariste, et le pitch me faisait envie, je me suis donc lancé… et j’ai trouvé ça pas mal, sans plus. L’intrigue est bien construite et prenante, et je dois avouer avoir avalé l’album assez rapidement. Mais de manière générale le ton est trop vulgaire et gore pour moi, et le scenario trop tiré par les cheveux (voire ridicule par moment). J’ai donc pris ça comme une grosse déconnade, une BD popcorn qui m’a diverti mais pas vraiment marqué. Surtout que la mise en image est efficace, voire jolie par moment. Je pense que les fans du genre devraient apprécier cet album à sa juste valeur.
Cinq à table
C'est la joie des vides greniers que de trouver des albums que je n'aurais jamais achetés. Pour une somme modique on peut tout essayer. Cinq à table ne renouvelle pas le genre des gags dans une famille avec des enfants turbulents mais Philippe Reyt propose un humour tendre et gentil. Ses strips de six cases sont très dynamiques et même si il y a quelques répétitions, l'ouvrage se lit rapidement et sans déplaisir. Il y a même une volonté d'aborder des scènes intimes que l'on ne rencontre pas souvent dans une BD tout public. Le graphisme est minimaliste accompagné d'une mise en couleur assez flashy. Mais cela donne une cohérence à l'esprit de la série qui peut être lu par tous. C'est même ce graphisme un peu singulier qui m'a invité à prendre la série. La série touchera surtout les parents avec plusieurs enfants. Ils pourront soit se reconnaître dans ces bêtises ou soit se dire qu'ils élèvent bien mieux leurs garnements. Tout cela avec le sourire.
La Légende du Changeling
C'est le premier ouvrage de Pierre Dubois que je lis. J'ai fini les cinq tomes sans déplaisir même si il y a quelques faiblesses qui parsèment la série. Globalement je suis en phase avec les avis de Pierig et de Elveen, la série est trop déséquilibrée entre du récit de critique sociale sur presque 4 tomes pour un tome et demi de fantastique. En effet si Dubois installe dès le début son histoire dans la féérie (l'aubépine, les fées, le pseudo Merlin) il revient très vite sur du réaliste social à travers la paupérisation des campagnes, l'exploitation des ouvriers, le travail des enfants, la prostitution ou le trafic d'opium dans un Londres de Dickens. Les auteurs en profitent pour faire de multiples détours vers la littérature anglaise du 19 eme siècle: Dickens, Defoe ou Barrie sont clairement visités. Scrubby nous sert de guide à travers ce Londres légendaire croisant de temps en temps un mystérieux personnage aux yeux rouges qui se révélera au T5. Cela fait un peu catalogue sociétal avec des thèmes traités de façon superficielle malgré des passages intéressants (la mine , les docks). Les auteurs bifurquent même vers une secte à connotation satanique sans que ce soit vraiment indispensable à la destinée de Scrubby. Car le tome 5 revient au fantastique du début, explique le titre et reprend les codes mi fantastiques mi fantasy du genre Tolkien: Scrubby posséde une destinée, avait une garde de protecteurs mais doit se débrouiller seul face au Maître des Ténèbre. C'est si classique que Dubois ne cherche pas à peaufiner et expédie tout en trois coups d'épée (magique). Tout ça pour un si pauvre final. J'ai bien aimé le dessin de Xavier Fourquemin. C'est assez classique pour correspondre au genre un peu hybride du récit entre l'imaginaire féérique et la caricature semi réaliste pour le social. C'est précis avec de nombreux personnages tous bien soignés. Le plus du graphisme est le soin apporté à tous les décors qui sont nombreux. La campagne, les quartiers populaires de Londres, les docks , la mine proposent tous des détails et des ambiances très réussis. Les éclairages participent à cette réussite dans des épisodes nocturnes nombreux bien maîtrisés. Une lecture agréable d'une série avec de belles qualités mais qui manque un peu de cohérence pour en faire du tout bon.
Exit
Cette série fait presque l'unanimité contre elle malgré le nom prestigieux de son créateur. L'idée de départ n'est pas très novatrice. On retrouve ce schéma dans pas mal d'oeuvres antérieures et c'est une variante low cost d'un scénario comme "The Game" de David Fincher. Malheureusement Bernard Weber multiplie les raccourcis et les invraissemblances pour faire survivre son Amandine. Comme le veut le schéma du genre Amandine passe de la pauvre déprimée suicidaire à une battante attachée à sa survie. C'est très classique mais les ficelles sont tellement visibles que l'on se désintéresse vite des épreuves qu'elle rencontre puisque c'est si facile à surmonter. Le graphisme est à l'image du scénario, un peu bâclé et rapide dans plusieurs cases. C'est dommage car je trouve le personnage d'Amandine assez sexy avec un côté érotique qui donne du piment à la série. Une lecture moyenne sans beaucoup de profondeur.
Idéal Standard
Le récit est assez linéaire et sans surprises, mais je ne pense pas que ce soit le but. Il s'agit avant tout de faire un portrait de femme contemporaine, piégée entre les injonctions qu'elle subit au quotidien (très bien retranscrit par les petites phrases et les affiches publicitaires) et ses envies personnelles. Aude Picault joue sur les préjugés et perceptions que les femmes subissent pour montrer que la femme est jugée, catégorisée, brimée et rangée dans des belles cases. Ce qui m'a plu dans la lecture c'est de reconnaitre des comportements ou des situations que j'ai déjà vu. Les injonctions à se raser, à avoir une sexualité plus poussée que juste le missionnaire, les problèmes de jouissance, les tâches quotidiennes … Tant de situations qui jaillissent de plus en plus y compris dans l'espace médiatique, montrant que la femme est soumise en permanence à des injonctions formatant l'idée du bonheur, souvent en opposition avec une réalité qu'elles vivent. La BD se pose donc en observatrice de tout ces comportements et se permets de nous donner une fin qui tends vers une insouciance et un bonheur possible, pour peu qu'on s'affranchisse de ce qu'on nous impose. Le dessin convient au récit, rondouillet et mignon, c'est parfait pour un récit de ce genre. Après, la BD ne dépasse pas suffisamment cette condition (notamment sur la question des hommes et de la potentielle déconstruction de leur position) et je trouve que quelques nuances m'auraient bien plu dans le traitement. Pour le reste je suis franchement content de la lecture, je recommande notamment aux jeunes femmes pour comprendre à quel point nous forcer dans un modèle peut nous coincer dans des situations qui ne nous conviennent pas.
L'Abolition - Le Combat de Robert Badinter
Mouais, je suis assez peu convaincu par le rendu final de la BD. Je pense que les connaisseurs n'y trouveront rien, puisque la BD semble faire synthèse des ouvrages de Badinter et retracer sa vision du problème, corrélé avec deux affaires médiatiques. Quelques points viennent se greffer au récit, comme la question du procès de Klaus Barbie. Mais globalement c'est surtout l'histoire des deux affaires, et la rédaction de la loi qui a suivi l'élection de Mitterrand. Je pense que je vois trop facilement les limites de ce genre de documentaire qui se contente de faire un rapport chronologique de l'ensemble. C'est bien pour découvrir, et personnellement je ne connaissais rien de ce combat, ce qui est chouette pour des néophytes. Maintenant, c'est vite lu et ca manque de développement intéressant. Typiquement les passages sur Klaus Barbie et la perte de son père sous l'occupation donnent un aperçu de ce qu'il aurait fallu développer : soit la vie de Badinter en dehors de ça et comment il en est venu à vouloir abolir la peine de mort, soit l'histoire de la peine de mort et surtout comment cela a évolué dans le monde à cette époque … J'aimerai plus qu'une simple fiche récapitulative qui ne sort pas d'un résumé wikipédia. C'est dommage, le duo d'auteur aurait grandement gagné à étoffer le sujet. En tout cas, ça reste à lire si vous avez envie de découvrir le sujet, mais clairement ça ne suffit pas pour en faire un bon documentaire à mes yeux.
La Nuit barbare
Je rejoins l'avis de ThePatrick. C'est assez vite lu, un peu étrange dans le scénario qui semble vouloir raconter comment les ancêtres de l'homme contemporain ont commencé à former des couples. Enfin, je crois. En tout cas le récit s'apparente à une longue course poursuite entrecoupée de moments de sexe assez nombreux, sur fond de préhistoire. Comme souvent dans des BD de ce genre, on a différentes races humaines qui se mélangent, et je trouve ça dommage d'avoir donné à la fille une apparence aussi contemporaine alors qu'elle côtoie des hominidés au faciès plus disgracieux. D'autre part, je trouve que le scénario tourne vite en rond pour se finir sans vraiment de conclusion, si ce n'est qu'ils ont maintenant échappé à leurs poursuivants. Ce qui reste surtout c'est ce dessin, étrangement efficace dans les scènes d'actions mais qui ose aussi parfois jouer sur les cadrages et les points de vue. C'est pas révolutionnaire mais ça fonctionne, dommage que la limitation au traditionnel gaufrier semble souvent contenir le dessin et ne pas lui permettre de s'exprimer clairement. Je pense que l'auteur aurait gagné à laisser sa fantaisie se débrider un peu et nous proposer des vrais scènes en plan large et en découpage plus dynamique. Je retiendrai surtout les dessins de cette BD dont le scénario est convenu, comme souvent pour une BD X du genre.
Le Démon de Bolingbroke
Une nouvelle histoire mettant en scène des adolescent(e)s confrontés à une entité surnaturelle qui hante leur petite ville... Des Goonies à Stranger Things en passant par Super 8 et Ça, on peut certainement trouver des tas de parrains cinématographiques, romanesques et télévisuels à ce genre d'histoire. Mais il ne faut pas bouder son plaisir, quand on a un comic qui parle de fantômes, de démons, de harcèlement scolaire, d'autisme, d'amitié, de pop culture... N'en jetez plus. Quelque chose d'assez ambitieux dans ses intentions, avec des personnages secondaires intrigants pour ne pas dire plus, et un duo d'héroïnes qui sans être super, n'en est pas moins touchant. L'histoire est dense, très dense, et au bout d'un certain temps, à la moitié, on a l'impression de perdre pied tant ça part dans tous les sens. Cela occasionne un gros trou d'air, et l'on se dit que la fin va tourner en eau de boudin. Sauf que. Sauf que dans le dernier acte, la scénariste nous propose un revirement plutôt inattendu, qui montre que l'histoire est nettement plus profonde qu'elle en avait l'air sur une petite moitié, où s'empilaient des poncifs du fantastique pour ados. Sans ce bouleversement, ma note aurait été inférieure d'un cran. Et sans cette grosse défaillance en cours de route, elle auriat pu être supérieure. Car au-delà de l'histoire un brin en dents de scie, on a un beau boulot graphique de Jenn St-Onge, qui me semble capable de marcher sur les traces d'un auteur comme Ted Naifeh (Courtney Crumrin), si elle travaille un peu plus ses ambiances surnaturelles. Son style, qui allie comics et BD franco-belge, semble capable de quasiment tout faire, dans une veine contemporaine et fantastique. Ses couleurs, par contre, manquent de nuances dans la grosse première moitié de l'album, cela devient plus intéressant lorsque l'on est dans quelque chose de plus inquiétant. A suivre donc. Fort sympathique, en résumé.
Sweet Tooth
J’ai beaucoup aimé cette réinterprétation du récit post-apo par Jeff Lemire. On retrouve les poncifs du genre (les factions de tarés qui se font la guerre, la recherche de nourriture, la survie) mais aussi quelques éléments originaux, dont la nature de la maladie et cette nouvelle espèce mi-homme mi-animale, qui semble être liée à la pandémie. Les réponses finissent par arriver, et sont logiques et satisfaisantes, voire presque réalistes. Les personnages sont bien développés et attachants (comme souvent avec cet auteur), et la fin est juste parfaite. Un seul reproche : quelques longueurs, surtout sur la deuxième moitié du récit, avec quelques chapitres un peu « remplissage » selon moi, et une pagination totale de 1000 pages. J’ai néanmoins passé un excellent moment de lecture. Je lirai sans doute le deuxième cycle pour revisiter cet univers attachant.