Les derniers avis (111621 avis)

Par Ro
Note: 3/5
Couverture de la série Numéro Invalide
Numéro Invalide

Numéro Invalide est, à l’origine, un webtoon lancé en 2014 par l’autrice, qui y racontait ses déboires médicaux après une opération ayant mal tourné lorsqu’elle était adolescente. À 15 ans, on lui diagnostique une absence d’utérus et une malformation du vagin. Elle ne pourra pas avoir d’enfant, mais il lui est possible de corriger le second point pour avoir une sexualité normale. La solution proposée consiste en une opération encore expérimentale : remplacer l’intérieur du vagin par une portion du gros intestin. Effrayée, résignée mais surtout mal informée, la jeune fille accepte. Après quelques jours qui semblent normaux, l’opération échoue, apparemment à cause d’une erreur médicale. Ce sera le début d’un calvaire : interventions à répétition, douleurs chroniques, complications multiples, le tout aggravé par des comportements abusifs du corps médical, qui refuse d’assumer toute responsabilité. Après des années de publication en ligne, le webtoon a été adapté en manga cette année. Il a été entièrement redessiné, et tant mieux : le webtoon avait un charme visuel certain, mais restait très amateur. Le manga, plus propre et un peu plus pro dans l’encrage, reste encore hésitant techniquement, mais l’effort est notable. Le format n'est pas la même et les images sont agencées différemment pour tenir sur des pages en papier. Au-delà de quelques pages inédites d'introduction, ce sont peu ou prou les mêmes scènes et le même découpage que le webtoon, avec quelques corrections amenées par un peu plus de recul sur l'œuvre avec les années. On perd la couleur, mais ce n’est pas un mal, et la mise en page s’en sort bien, avec quelques tentatives de mise en scène réussies. Quant à l’histoire, elle est à la fois bouleversante et difficile à juger. Bouleversante, parce que ce qui arrive à cette adolescente est atroce. Sa vie est fracassée par les conséquences d’une opération qu’elle aurait préféré éviter et aurait sans doute refusé si elle avait été mieux informée. Erreur médicale, douleurs ignorées, négligences dans son suivi, comportement injuste voire maltraitant des soignants, jusqu’à l’abandonner handicapée en rejetant la faute sur elle ainsi que sur sa relation trop fusionnelle avec sa mère. Si tout est vrai, c’est accablant. Difficile de ne pas imaginer un procès finissant par lui donner raison et condamner les responsables. Mais le problème, c’est dans la mise en scène qui est tellement à charge qu'elle instille instinctivement le doute sur son impartialité. Après prise d'un peu de renseignements sur Internet, il y a bien eu procès et son jugement accrédite une partie des accusations de l'autrice (faute de l'hôpital sur l’obtention de son consentement libre et éclairé), mais il ne semble rien dire des maltraitances et des conséquences qu'elle raconte ensuite, ou du moins le manga ne me permet pas d'en juger. Du coup, on n'a que la vision de l'autrice et c'est difficile de se faire sa propre opinion. Les premières pages, pourtant cruciales évacuent très vite la présentation préalable des solutions médicales alors que la clé du problème réside là, le fait qu'on n'ait pas ou mal expliqué les tenants et aboutissants de ce qui était proposé. Et de fait en deux pages à peine, l’héroïne rejette catégoriquement une autre solution, certes pénible mais bien moins risquée, ce qui donne déjà une impression de victimisation. Et ensuite, c’est un enchaînement de figures hostiles : médecins, infirmières, administratifs, anciennes amies, beau-père (dépeint comme un salaud), tous sont montrés comme des ordures. Tous, sauf la mère (et encore, son rôle est flou), quelques ambulanciers et un kiné brièvement rencontrés qui vont dans le sens de l’héroïne. C’est le souci : on n’a que son point de vue, celui de la victime, et jamais la version des autres. Les dialogues laissent entendre qu’ils mentent ou se dédouanent, mais on n’a aucune contradiction impartiale. Et la mise en scène n’aide pas : la mère, censée être fusionnelle, paraît souvent absente, ne facilite pas la communication avec les médecins, se contente de râler en marge et semble tolérer le comportement inacceptable du beau-père. Et l'héroïne elle-même s'enfonce régulièrement dans le dégoût d'elle-même et la peur d'exprimer à l'oral ce qu'elle pense vraiment, ce qui est certes crédible mais rend l’ensemble encore plus confus. Bref, ce genre de témoignage, très orienté, me met mal à l’aise. Surtout que dans un tel ouvrage autobiographique, on a toujours peur qu'une critique de l'ouvrage soit considérée comme une critique de l'auteur en tant que personne. Je ne remets absolument pas en question le traumatisme vécu ni ses conséquences durables, mais la façon dont tout cela est raconté, avec une telle lourdeur accusatrice, fait douter instinctivement de l’impartialité du propos ce qui est terrible au vu de ce qu'elle a subi. Je le précise à nouveau, je parle là de la manière dont les choses sont racontées et mises en scène, je ne conteste pas la véracité des faits. Je pense que pour un meilleur impact, l'ouvrage aurait bénéficié d'un avis tiers qui aurait permis de mieux situer la réalité des faits. En l’état, c’est difficile à encaisser, et ça ne donne franchement pas envie de se faire opérer en Belgique.

11/07/2025 (modifier)
Couverture de la série La Baroque Épopée du monde qui ne voulait plus tourner
La Baroque Épopée du monde qui ne voulait plus tourner

Une nouvelle – j’allais dire énième – série d’Arleston, dans un univers Fantasy qu’il a quand même déjà pas mal balayé. La surprise vient de le retrouver chez Drakko et non chez Soleil. Quant à l’intrigue, elle est bâtie sur des fondations assez classiques, pas vues : un méchant oncle/régent faisant tout pour s’emparer du pouvoir au détriment du gentil héritier (qui cache le fait que c’est une héritière !), un monde menacé, ce qui amène un petit groupe à partir chercher la solution. Mais bon, ça se laisse lire. En tout cas le premier tome, car le second m’a un peu laissé sur ma faim (déjà la fin un peu facile du premier, notre héritier se débarrassant de façon improbable de l’un de ses ennemis). En fait ce second tome empile les facilités, et surtout, l’univers qui a été développé précédemment laisse finalement presque une coquille vide : c’est un peu trop creux et « gentil », au point que je pense que le lectorat visé est avant tout adolescent. Ce qui m’a aussi refroidi dans ce second tome, c’est le dessin. En effet, dès le début de ce tome, je l’ai trouvé moins précis, avec des têtes plus « enfantines » pour plusieurs personnages, alors même qu’à plusieurs reprises les visages surjouent les expressions à la manière du manga – ce que je n’aime pas vraiment – avec des visages un peu grotesques parfois. Quant aux scènes de combats, je ne les ai pas trouvées à mon goût (dans les deux tomes pour le coup). C’est dommage, car l’univers, les décors, et la colorisation lumineuse (elle aussi moins précise avec le changement de la coloriste dans le second tome) sont plutôt agréables. Un diptyque qui se laisse lire, mais qui globalement m’a laissé sur ma faim. Note réelle 2,5/5.

11/07/2025 (modifier)
Couverture de la série Le Portrait
Le Portrait

Je ne connais pas la nouvelle ici adaptée – et le très peu que je connaisse de Gogol ne m’a pas vraiment attiré sur son œuvre. J’ai emprunté ce diptyque au hasard, et j’en suis sorti déçu. Les deux albums se laisse lire, sans enthousiasme, mais très rapidement. Il faut dire qu’il y a peu de dialogues, et que l’intrigue est quand même squelettique. Ce qui ne m’a pas empêché d’être à la limite de m’ennuyer ! Les aspects fantastiques introduits parcimonieusement ne suffisent pas à dynamiser une histoire trop légère. Quant au dessin, il n’est pas forcément ma tasse de thé. Mais ce trait moderne peu tout à fait contenter d’autres lecteurs. C’est plutôt l’histoire elle-même qui m’a laissé de côté.

11/07/2025 (modifier)
Couverture de la série Love Not Dead
Love Not Dead

Mouais. J’ai clairement été moins conquis par cet album que Pol. J’avais déjà tâté de l’auteur avec Grenadine, qui m’avais aussi laissé sur ma faim. Je retrouve ici un dessin un peu simpliste, pas vraiment mon truc, mais qui pourrait tout à fait passer sir le reste me convenait, ce qui n’est hélas pas le cas. L’humour qui cherche à percer de-ci de-là ne m’a pas convaincu. Certes, il y a parfois quelques pointes vaguement trash, mais c’est généralement peu percutant, et surtout ça ne m’a jamais fait rire ou sourire. Reste donc l’histoire en elle-même (une suite de quatre cases qui s’assemblent pour former une histoire complète avec le plus souvent une « chute » en fin de page), que je n’ai pas trouvée transcendante. Des réflexions sur l’amour (physique ou cérébral) qui ne m’ont que rarement intéressé. Affaire de goût peut-être, mais je pense que ce que produit Zalewski n’est pas ma came.

11/07/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 2/5
Couverture de la série Jihad (L'Empereur-Océan)
Jihad (L'Empereur-Océan)

Dans un futur proche, la Russie est redevenue un empire autoritaire, dirigé par un dictateur illuminé qui prétend entrevoir l'avenir au gré de ses visions sous LSD. Convaincu d'être la réincarnation de Gengis Khan, il dépêche ses agents à la recherche de la momie d'un moine bouddhiste, censée faciliter son retour. En parallèle, un derviche fanatique s'approche lui aussi, sans le savoir, de cette même momie, porté par une foi sanglante et aveugle. J'y ai retrouvé les régimes grotesques et brutaux à la Enki Bilal, mais surtout une déferlante mystique si délirante qu'on croirait lire un scénario de Jodorowsky. Le grotesque se mêle à la violence dans un chaos narratif constant. Et très franchement, ce n'est pas ma tasse de thé. Les délires ésotériques m'ont vite lassé. Tout y passe : bouddhisme, réincarnations, islam soufi, orthodoxie, ufologie… pour un résultat si confus qu'on ne sait jamais si l'auteur est sérieux ou s'il se moque du lecteur. Difficile aussi de s'attacher à qui que ce soit : les personnages meurent souvent avant d'avoir eu le temps d'exister, ou bien sont réduits à des caricatures de fous mystiques ou de soldats fanatisés. J'ai tout de même lu la trilogie jusqu'au bout, intrigué de savoir où cela mènerait, mais l'ensemble m'a paru si incohérent et décousu que je serais bien en peine d'en proposer un résumé intelligible. Un trip narratif aussi extravagant que vain, dont je suis ressorti plus perplexe que fasciné.

11/07/2025 (modifier)
Couverture de la série Numéro Invalide
Numéro Invalide

Numéro invalide est l’une de ces œuvres qui devrait être connues de tous. C’est un manga bien narré, avec des dessins percutants qui arrivent à nous faire ressentir toutes les émotions et l’enfer que la mangaka a vécus. La mangaka est très douée pour synthétiser et rendre accessible des informations médicales. C’est une œuvre difficile à lire par sa violence mais nécessaire. À recommander en masse.

11/07/2025 (modifier)
Par Cleck
Note: 3/5
Couverture de la série Le Cahier à spirale
Le Cahier à spirale

Album autobiographique de Tronchet assez touchant, mais quelque peu décousu. L'auteur y évoque sa famille et notamment sa maman, sans amertume malgré un passif quelque peu chargé en maladresses, avec surtout le regret de n'avoir pu comprendre et connaître véritablement ceux qui auraient dû être des proches. Cette évocation du contexte familial est l'occasion de revenir sur la bibliographie de l'auteur, de constater combien cette thématique de la famille a influencé et profondément nourri son œuvre, aussi bien les titres humoristiques des débuts, que les romans graphiques plus intimistes d'aujourd'hui. BD indéniablement agréable à lire (les chaleureuses illustrations y sont pour beaucoup), mais trop ambitieuse et en même temps superficielle, pour ne pas laisser un goût d'inachevé. Tronchet a la sympathique modestie de l'admettre en mettant en scène un personnage fictif d'éditeur apeuré par ce projet faiblement structuré, mais se contenter de douter à propos du sens global et de la direction à donner au récit, tout comme simplement évoquer ses anciennes œuvres, ne permet pas de mettre véritablement en perspective l'ensemble ou de tenir un propos pertinent. Pas la BD de Tronchet à lire prioritairement, mais un projet inabouti sympathique et fort honorable malgré d'évidentes réserves.

11/07/2025 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
Couverture de la série La Fabrique des Français - Histoire d’un peuple et d’une nation de 1870 à nos jours
La Fabrique des Français - Histoire d’un peuple et d’une nation de 1870 à nos jours

Un documentaire qui montre l'évolution de la nation française depuis la troisième République et particulièrement tout ce qui touche l'immigration. On va donc voir que le beau rêve d'une France pure est un mythe, vu qu'il y a toujours eu des vagues d'immigration et comment les immigrants d'hier sont devenus les Français de demain avec des vagues d'immigration venant de différents pays au fil des périodes historiques. C'est pas trop mal, mais la narration manque vraiment de dynamisme. Il y a aussi le fait qu'on a surtout droit à un résumé d'histoire de la France depuis 1870 et plusieurs éléments qui auraient mérité d'être un peu plus approfondis. Lorsqu'on connait l'histoire de France, on ne va pas apprendre grand chose de nouveau. Je pense que les seules grosses surprises que j'ai eues dans l'album ont été d'apprendre que les Auvergnats étaient aussi pointés du doigt à une époque, que les Bretons et que la grosse vague d'immigration portugaise étaient plus récentes que je le pensais. Il y a un coté politique orienté et je pense que cet album va surtout parler aux convertis. Dans notre époque de plus en plus divisée, j'ai pas l'impression que plus grand monde veut changer d'idées après avoir lu une BD. Il y a quelques détails qui m'ont fait un peu sourciller (pourquoi tout le monde trouve ça normal que les immigrants de première génération ont des emplois de merde ?!), mais pas trop. Les meilleurs moments sont les mini-témoignages qui montrent la diversité des habitants de la France et à quel point il y a des personnages qui ont marqué la France qui étaient immigrants on enfants d'immigrants.

10/07/2025 (modifier)
Couverture de la série Le Manuscrit Interdit
Le Manuscrit Interdit

Un triptyque sympathique. J’ai un temps cru que le côté ésotérique – autour d’un manuscrit prouvant que le christ a survécu à la croix et qu’il s’est ensuite rendu au Tibet – allait prendre le pas sur l’intrigue, dans quelque chose de déjà pas mal vu, et que je n’aime généralement pas trop. Heureusement cet aspect reste en sourdine, certes présent jusqu’à la fin, avec l’intervention des autorités catholiques, mais, après un premier tome qui en avait fait son enjeu central, c’est en retrait, justifiant juste quelques montées en tension. On est donc là sur du polar, plutôt bien fichu. Si le conflit sino-tibétain occupait le premier tome, c’est par la suite aux États-Unis que ça se passe, à Los Angeles, avec une bonne utilisation du Maccarthysme. L’inévitable privé, qui navigue entre deux eaux, ajoute à quelques clichés (c’est aussi le personnage le plus intéressant). La narration est fluide, et l’histoire se lit agréablement. Je regrette juste quelques longueurs, et une certaine mollesse parfois, ainsi qu’une fin un peu facile. Mais ce qui garantit d’un bon moment de lecture, c’est aussi le dessin de Grella, vraiment intéressant – et beau.

10/07/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
Couverture de la série Kizilkum
Kizilkum

L'histoire se déroule dans l'Empire russe du début du XXe siècle, à une époque où de jeunes officiers pouvaient encore partir chercher l'aventure et la gloire aux confins d’un territoire immense, comme le faisaient leurs homologues des armées coloniales occidentales, à ceci près que leurs campagnes se jouaient dans les steppes et les montagnes de l’Asie centrale. Le lieutenant Vassili, mû par le besoin de s'accomplir et de prouver sa valeur, a lui-même demandé à servir dans ces zones reculées. Et c'est lui, toujours, qui réclame les missions les plus risquées. Stratège habile, peu enclin à fuir le danger, il s’illustre rapidement… mais se durcit tout autant, gagnant en autorité ce qu’il perd peut-être en humanité. Ce récit, à la fois dépaysant et parfois envoûtant, avance à bon rythme, usant de plusieurs ellipses conséquentes pour accompagner l’évolution de son protagoniste sans s’enliser. Le dessin, d’une sobriété maîtrisée, restitue avec efficacité les paysages rudes et dépouillés de ces régions, tout comme les dynamiques entre les hommes, rendues avec justesse et retenue. L’ensemble fonctionne, tient l’attention, et accompagne le lecteur jusqu’à une fin d’une brutalité inattendue, presque déroutante, tant elle donne l’impression qu’il manque un épilogue, voire un deuxième tome. Cette coupure soudaine laisse un goût d’inachevé, une frustration qui contraste avec la richesse du parcours proposé jusque-là. Malgré cette sortie de route un peu sèche, le voyage reste marquant, porté par une atmosphère singulière et un personnage principal dont l’ascension a quelque chose d’à la fois admirable et inquiétant.

10/07/2025 (modifier)