Si Profumo a laissé son nom à cette célèbre affaire de mœurs et d’espionnage du début des années 1960 (il est ministre, membre de l’establishment), la principale victime en a en fait été Stephen Ward. C’est ce dernier que Fromental a choisi comme narrateur de l’histoire, ce qui a le mérite de montrer les rouages de l’engrenage médiatique et politique à l’œuvre, mais aussi de décentrer l’intrigue, pour mettre en avant le scandale de mœurs, au détriment du scandale politique.
L’intrigue est fluide et agréable à suivre. Mais elle est aussi un peu linéaire et mollassonne (ce que le dessin d’Hyman, à la fois clair et statique, un peu froid dans son rendu) accentue. Cela peine à rendre la passion, voire l’hystérie qui a catapulté cette affaire au rang d’affaire d’État, en pleine guerre froide, et alors que la libération sexuelle n’avait pas encore marqué de son empreinte la société londonienne. Une affaire débordant d’hypocrisie concernant la presse à scandale et une bonne partie de l’opinion publique – sans parler des services secrets, qui connaissaient les faits, leur manque de profondeur, mais qui ont laissé s’emballer la cabale.
Une intrigue bien ancrée dans son époque, mais qui m’a laissé quelque peu sur ma faim, par manque de rythme et de passion. Peut-être ce côté « clinique » de la narration compense-t-il le déchainement médiatique et judiciaire de l’époque contre Stephen Ward.
Le sujet est très intéressant. Je le connais un peu par les écrits du grand poète surréaliste Benjamin Péret (« La commune du Palmares »). En tout cas l’auteur s’est documenté. Il parle d’une douzaine d’années de recherche, et ça se sent (et le dossier final, avec carte, imposante bibliographie – majoritairement en Portugais, confirme la somme de travail nécessaire pour raconter cette histoire).
Du coup, je me demande si un documentaire n’aurait pas été plus efficace. Non pas que cet album imposant (plus de 400 pages !) soit illisible, mais il manque parfois de fluidité. J’ai plusieurs fois eu du mal à reconnaitre les personnages, et les nombreux changements de lieux et « d’époque » m’ont à plusieurs reprises gêné, ça n’était pas toujours très clair.
De la même façon – comme on peut le faire pour un documentaire ou un livre « scientifique/historique » - je pense qu’il aurait sans doute mieux valu mettre les explications sur les nombreux termes techniques (noms de lieux, dieux, mots portugais ou angolais) en bas de page, pour faciliter la lecture (les astérisques renvoient vers un lexique en fin de volume – bien fait au demeurant).
Bon, ces réserves mises à part, c’est un album à lire, le sujet est très intéressant et, par-delà l’aspect aventure, brasse pas mal de thèmes : l’esclavage, la « construction de la société brésilienne (le racisme est encore une donnée importante et découle de ces « premières années – l’album se concentre sur la deuxième moitié du XVIIème siècle). Et bien sûr le marronnage, la constitution de villes, voire d’États par des esclaves en fuite (les quilombos ou mocambos) – et la répression sauvage dont ils furent victimes.
Un album dense et riche, dont la lecture est recommandée, même si la forme aurait selon moi pu être plus efficace autrement.
Note réelle 3,5/5.
J’essaye d’étoffer ma culture manga, en sortant parfois quelque peu de ma zone de confort, comme ici avec ce « Berserk », qui semble être une des séries manga les plus appréciées.
Et j’avoue ne pas avoir compris pourquoi, tellement j’ai été rebuté par cette lecture – quand elle ne m’a pas laissé indifférent.
J’ai lu certains avis, et je ne peux que m’étonner que beaucoup louent le dessin. Certes, je ne suis pas fan a priori du manga classique, mais je l’ai trouvé souvent plein de défauts – indépendamment des figures de style que je n’aime pas. Les longues bastons, avec actions au ralenti, délayées sur quatre ou cinq pages, ce n’est pas mon truc ! Et honnêtement, le dessin n’est ni clair ni bon (après, c’est sans doute affaire de goût, mais moi, ça ne passe pas).
Quant à l’histoire et les dialogues, je n’y ai rien trouvé d’intéressant. Ma médiathèque avait les cinq premiers albums, que j’ai empruntés. Je me suis arrêté aux trois premiers, tellement ça me gonflait et ai rapidement rendu les cinq. Un peu de gore et de trash OK, je n’y suis pas réfractaire, mais ici ça faisait souvent remplissage inutile, au milieu de très longues bastons, dans lesquelles le chevalier noir de héros découpe à la chaine ses adversaires (humains ou démons), avec une épée plus grande et large que lui. Au moins dans Krän on sentait la déconne, un aspect parodique et volontairement exagéré qui faisait passer presque tout. Mais là, non.
J’ai lu dans certains avis que la série est meilleure au bout d’un moment. Meilleure je veux bien croire, mais je ne le vérifierai pas (il faut dire qu’une autre de mes préventions envers le genre manga, c’est justement ces séries interminables…).
Cette série porte des valeurs vraiment à mon goût. Serge Le Tendre nous propose un récit au parfum de Pagnol assez intime sur les valeurs de réconciliation, de pardon et d'ouverture à l'autre.
Il utilise avec brio la thématique du trauma post combat d'un gosse envoyé dans l'enfer berlinois au printemps 45. Le scénario n'évite pas quelques clichés un peu réducteurs mais l'histoire est bien construite avec une intensité dramatique qui va crescendo .
Le Tendre choisit un final optimiste qui renvoie aux efforts politiques du rapprochement Franco-allemand des années 50/60. On peut y lire une sorte d'hommage à une volonté de construire la paix en Europe après tant de barbarie.
Je trouve cette lecture très intéressante car elle rappelle combien les hommes sont prompt à s'entretuer pour un affect devant une situation que l'on pourrait assez facilement surmonter.
Je découvre le graphisme de Dethorey qui fait la part belle à cette volonté de vie dans ce village de Provence. Les personnages possédent cette expressivité volubile des gens du Sud quand ils sont entre eux. Les dialogues sont fleuris et sentent bon la lavande .
Manfred avec son look de l'Afrikakorps dominant qui débarque est un rien provocateur mais les passages berlinois arrivent en contrepoids pour rappeler le prix que les civils allemands ont du payer pour les errements tragiques de leurs soldats.
La mise en couleur est très lumineuse pour magnifier le soleil provençal en contraste avec les teintes rouges sombres des combats berlinois.
Une bonne lecture avec du sens. 3.5
Je n'ai pas du tout apprécié cette série. La thématique sur l'Afrique me passionne mais ici je suis resté en dehors du récit dès les premières cases.
J'aurais pu me satisfaire de ce type de graphisme à caractère humoristique et caricatural même si perso je le trouve laid. Je trouve que le N&B est une facilité qui ne convient pas du tout au récit de jungle, d'autant plus qu'il n'y a aucune ombre et que le grisé est utilisé à démesure.
L'histoire n'a ni queue ni tête et s'appuie sur des dialogues où la vulgarité tient lieu d'humour.
Pas du tout mon truc.
Anne Bonny est une pirate légendaire dont je n’avais jamais entendu parler. Cet album retrace les évènements de sa vie assez fidèlement (si j’en crois sa page Wikipédia).
L’histoire est classique, il s’agit d’une énième histoire de pirates, on retrouve les batailles navales, les coups fourrés, les duels à l’épée… l’originalité du récit provenant du fait que la protagoniste soit une femme, fait assez rare dans la piraterie. Reste que j’ai trouvé l’ensemble un peu convenu, et la narration perfectible - les enchainements ne sont pas toujours très fluides. J’ai par contre beaucoup aimé la mise en image - c’est d’ailleurs la superbe couverture qui m’a convaincu de lire cet album.
Voila, un bon moment de lecture, et la fin m’a beaucoup plu, mais une lecture pas vraiment marquante.
Carmen - Travis même combat !!
Ces 2 séries partagent le même univers. J’avoue ma petite préférence pour notre mercenaire, je la trouve bien plus charismatique.
Au scénario, on retrouve Duval qui déploie la même formule, des histoires bien construites aux thématiques sf sous fond d’action.
J’ai découvert la série à son 2eme cycle depuis je ne loupe pas un album, une série qui ne m’a pas encore déçu et qui arrive à se renouveller je trouve.
On aura ses préférences niveau cycle et dessinateurs mais c’est toujours bien fait et maîtrisé.
Avant de briller avec les univers de La brigade chimérique et Les contes de la pieuvre, Gess s’illustrait avec talent sur les débuts de notre héroïne, 8 albums et 3 cycles à son actif.
Ça démarre brouillon avant de trouver son rythme de croisière, il a de chouettes trouvailles graphiques dans la narration (pour l’époque) et l’action est bien rendu, je déplore juste des couleurs loupées sur le tome 8.
Honnêtement ne vous arrêtez pas au 1er cycle bien trop pop corn et encore maladroit, c’est clairement le moins bon, les 2 suivants montent de suite en puissance avec quelques pages ou cases d’anthologie, il en est de même pour les scénarios.
Les 2 cycles suivants (4 albums chacun) sont assurés par Emem, que je ne connaissais pas. Je dois avouer ma déception à sa découverte, la relève était mal engagé … mais je m’y suis finalement bien fait, on perd en dynamisme avec un trait plus figé et froid, cependant ça accompagne parfaitement les scénarii de Duval qui montent encore d’un cran.
A compter du 17eme tome, Louis assure le renouveau des aventures de Carmen. Il possède un dessin plus lisible que ces prédécesseurs, un trait souple et efficace, je l’ai trouvé bien appliqué, on regagne en dynamisme.
Un premier cycle court de 2 albums qui fait bien le taf et qui joue sur notre nostalgie, j’adore le personnage de Leonid. Le 19eme entame un nouveau cycle mais continue avec les mêmes ingrédients à savoir quelques personnages de Code Mc Callum qu’on ressort. Des histoires sans doute moins marquantes que les précédentes mais toujours distrayantes.
Voilà Carmen McCallum ça peut faire mouais si on s’arrête à ces premiers tomes mais une série qui prend de l’envergure par la suite, ça vaut le coup de persévérer pour tout amateur de sf serie B intelligente. J’aime beaucoup la façon du scénariste de traiter de sujets divers : génétique, IA, eau, cataclysme nucléaire … ni trop lourd ni trop léger et surtout divertissant.
Un reportage qui retrace le combat d'ouvriers contre la fermeture de l'usine GM&S.
GM&S, dans la petite ville de La Souterraine, était le deuxième employeur de la Creuse, un département rural où le travail ne court pas les rues. Une usine qui, à ses débuts, fabriquait des trottinettes pour ensuite devenir un sous-traitant de Renault et Peugeot.
Benjamin Carlé retrace le parcours de cette usine depuis les 30 glorieuses à son redressement judiciaire. De 2018 à 2020, il a interrogé, enquêté pour comprendre ce naufrage industriel, il a suivi la lutte pour la conservation de l'emploi.
Un documentaire fidèle à la réalité qui donne la parole aux ouvriers, il permet de comprendre les rouages d'un système qui donne les pleins pouvoirs aux "donneurs d'ordres" avec toutes les conséquences pour les sous-traitants mais aussi des choix politiques qui ont conduit à ce désastre (désindustrialisation, primes diverses ...), de tribunaux de commerce et de repreneur en repreneur, c'est le combat du pot de terre contre le pot de fer.
Je n'aime pas le dessin de David Lopez mais il convient bien pour ce type de bd et le passage au noir et blanc pour les périodes antérieures est une bonne idée. Une mise en page sobre et efficace.
Une lecture instructive et recommandable.
J'ai emprunté cet album avec beaucoup de circonspection. En effet j'ai détesté Les Récits - Les Petits Rêveurs que je regarde presque comme une insulte à l'oeuvre de St Ex et je ne suis pas un grand fan des oeuvres de Sfar que j'ai lues.
Contrairement à mon idée première et à de nombreux autres avis, j'ai été très séduit par cette série. Je trouve que Sfar respecte le texte de St Ex . Plus, il me donne l'impression d'aimer profondément ce texte.
Le découpage que propose l'auteur met très bien en valeur les passages forts de la rencontre entre l'adulte et l'enfant. J'ai trouvé la création du passage sur la rose vraiment admirable. C'est au point que les propositions de Sfar me donnent des pistes de reflexions que je n'avais pas perçues auparavant.
Sfar balaye toute la richesse du texte avec justesse. Du rationnel à l'affectif, la gamme des sentiments proposés m'a touché tout du long de ma belle lecture.
Je suis un peu hermétique au dessin de Sfar mais ici je l'ai trouvé à sa place. Je ne me fais pas de souci pour la perception des enfants qui y retrouveront un petit côté graphisme de Bob l'éponge. Pour ma lecture adulte j'ai beaucoup aimé ce côté tendre, poétique et presque fataliste que donne Sfar au Petit Prince. Je salue aussi la représentation digne et réaliste d'Antoine de Saint-Exupéry.
J'ai aussi apprécié la mise en couleur qui accentue le contraste entre l'univers si coloré de l'enfant et la grise matérialité de l'aviateur.
J'ai passé un excellent moment de lecture grâce à cette série qui m'a pris à contre-pied.
Cette série est bien étrange dans sa construction. Solo est clairement conçu comme le début d'une série, sinon le scénario est absurde.
Mais le titre était il prémonitoire car la série est retombée comme un soufflet mal préparé. En effet, toutes les planches qui font référence à une enquêtrice
( police,journaliste, détective privée, assistante sociale?) qui recherche des informations sur Alain n'ont aucun sens dans ce one shot.
Alain étant majeur, une enquête sur sa personne implique plus qu'une simple disparition sans laisser d'adresse. Ici cela ressemble à un artifice pour créer du mystère dans une simple histoire rebattue du gars qui part chercher ses cigarettes et ne revient pas.
La rencontre entre Alain et Marion travaille sur une arrière pensée assez glauque ( plusieurs fois suggérée dans le récit) qui ne tient pas la route de la façon dont elle est présentée.
Il ne reste pas grand chose sauf un récit lent et contemplatif sur la valeur de la randonnée comme thérapie hors du monde. On est très loin de l'excellent "Into the Wild" si justement cité par jul.
Le graphisme est classique et ne prend pas beaucoup de risques en s'appuyant sur les paysages champêtres du GR et les fermes typiques du coin. Le personnage d'Alain me semble un peu lisse et fade et je ne comprends pas ce qui amène Marion à s'ouvrir à un "vieux" avec autant de facilité.
C'est une lecture pas désagréable mais qui n'apporte pas grand chose en one shot.
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Une romance anglaise
Si Profumo a laissé son nom à cette célèbre affaire de mœurs et d’espionnage du début des années 1960 (il est ministre, membre de l’establishment), la principale victime en a en fait été Stephen Ward. C’est ce dernier que Fromental a choisi comme narrateur de l’histoire, ce qui a le mérite de montrer les rouages de l’engrenage médiatique et politique à l’œuvre, mais aussi de décentrer l’intrigue, pour mettre en avant le scandale de mœurs, au détriment du scandale politique. L’intrigue est fluide et agréable à suivre. Mais elle est aussi un peu linéaire et mollassonne (ce que le dessin d’Hyman, à la fois clair et statique, un peu froid dans son rendu) accentue. Cela peine à rendre la passion, voire l’hystérie qui a catapulté cette affaire au rang d’affaire d’État, en pleine guerre froide, et alors que la libération sexuelle n’avait pas encore marqué de son empreinte la société londonienne. Une affaire débordant d’hypocrisie concernant la presse à scandale et une bonne partie de l’opinion publique – sans parler des services secrets, qui connaissaient les faits, leur manque de profondeur, mais qui ont laissé s’emballer la cabale. Une intrigue bien ancrée dans son époque, mais qui m’a laissé quelque peu sur ma faim, par manque de rythme et de passion. Peut-être ce côté « clinique » de la narration compense-t-il le déchainement médiatique et judiciaire de l’époque contre Stephen Ward.
Angola Janga
Le sujet est très intéressant. Je le connais un peu par les écrits du grand poète surréaliste Benjamin Péret (« La commune du Palmares »). En tout cas l’auteur s’est documenté. Il parle d’une douzaine d’années de recherche, et ça se sent (et le dossier final, avec carte, imposante bibliographie – majoritairement en Portugais, confirme la somme de travail nécessaire pour raconter cette histoire). Du coup, je me demande si un documentaire n’aurait pas été plus efficace. Non pas que cet album imposant (plus de 400 pages !) soit illisible, mais il manque parfois de fluidité. J’ai plusieurs fois eu du mal à reconnaitre les personnages, et les nombreux changements de lieux et « d’époque » m’ont à plusieurs reprises gêné, ça n’était pas toujours très clair. De la même façon – comme on peut le faire pour un documentaire ou un livre « scientifique/historique » - je pense qu’il aurait sans doute mieux valu mettre les explications sur les nombreux termes techniques (noms de lieux, dieux, mots portugais ou angolais) en bas de page, pour faciliter la lecture (les astérisques renvoient vers un lexique en fin de volume – bien fait au demeurant). Bon, ces réserves mises à part, c’est un album à lire, le sujet est très intéressant et, par-delà l’aspect aventure, brasse pas mal de thèmes : l’esclavage, la « construction de la société brésilienne (le racisme est encore une donnée importante et découle de ces « premières années – l’album se concentre sur la deuxième moitié du XVIIème siècle). Et bien sûr le marronnage, la constitution de villes, voire d’États par des esclaves en fuite (les quilombos ou mocambos) – et la répression sauvage dont ils furent victimes. Un album dense et riche, dont la lecture est recommandée, même si la forme aurait selon moi pu être plus efficace autrement. Note réelle 3,5/5.
Berserk
J’essaye d’étoffer ma culture manga, en sortant parfois quelque peu de ma zone de confort, comme ici avec ce « Berserk », qui semble être une des séries manga les plus appréciées. Et j’avoue ne pas avoir compris pourquoi, tellement j’ai été rebuté par cette lecture – quand elle ne m’a pas laissé indifférent. J’ai lu certains avis, et je ne peux que m’étonner que beaucoup louent le dessin. Certes, je ne suis pas fan a priori du manga classique, mais je l’ai trouvé souvent plein de défauts – indépendamment des figures de style que je n’aime pas. Les longues bastons, avec actions au ralenti, délayées sur quatre ou cinq pages, ce n’est pas mon truc ! Et honnêtement, le dessin n’est ni clair ni bon (après, c’est sans doute affaire de goût, mais moi, ça ne passe pas). Quant à l’histoire et les dialogues, je n’y ai rien trouvé d’intéressant. Ma médiathèque avait les cinq premiers albums, que j’ai empruntés. Je me suis arrêté aux trois premiers, tellement ça me gonflait et ai rapidement rendu les cinq. Un peu de gore et de trash OK, je n’y suis pas réfractaire, mais ici ça faisait souvent remplissage inutile, au milieu de très longues bastons, dans lesquelles le chevalier noir de héros découpe à la chaine ses adversaires (humains ou démons), avec une épée plus grande et large que lui. Au moins dans Krän on sentait la déconne, un aspect parodique et volontairement exagéré qui faisait passer presque tout. Mais là, non. J’ai lu dans certains avis que la série est meilleure au bout d’un moment. Meilleure je veux bien croire, mais je ne le vérifierai pas (il faut dire qu’une autre de mes préventions envers le genre manga, c’est justement ces séries interminables…).
L'Oiseau noir
Cette série porte des valeurs vraiment à mon goût. Serge Le Tendre nous propose un récit au parfum de Pagnol assez intime sur les valeurs de réconciliation, de pardon et d'ouverture à l'autre. Il utilise avec brio la thématique du trauma post combat d'un gosse envoyé dans l'enfer berlinois au printemps 45. Le scénario n'évite pas quelques clichés un peu réducteurs mais l'histoire est bien construite avec une intensité dramatique qui va crescendo . Le Tendre choisit un final optimiste qui renvoie aux efforts politiques du rapprochement Franco-allemand des années 50/60. On peut y lire une sorte d'hommage à une volonté de construire la paix en Europe après tant de barbarie. Je trouve cette lecture très intéressante car elle rappelle combien les hommes sont prompt à s'entretuer pour un affect devant une situation que l'on pourrait assez facilement surmonter. Je découvre le graphisme de Dethorey qui fait la part belle à cette volonté de vie dans ce village de Provence. Les personnages possédent cette expressivité volubile des gens du Sud quand ils sont entre eux. Les dialogues sont fleuris et sentent bon la lavande . Manfred avec son look de l'Afrikakorps dominant qui débarque est un rien provocateur mais les passages berlinois arrivent en contrepoids pour rappeler le prix que les civils allemands ont du payer pour les errements tragiques de leurs soldats. La mise en couleur est très lumineuse pour magnifier le soleil provençal en contraste avec les teintes rouges sombres des combats berlinois. Une bonne lecture avec du sens. 3.5
Bar Brousse
Je n'ai pas du tout apprécié cette série. La thématique sur l'Afrique me passionne mais ici je suis resté en dehors du récit dès les premières cases. J'aurais pu me satisfaire de ce type de graphisme à caractère humoristique et caricatural même si perso je le trouve laid. Je trouve que le N&B est une facilité qui ne convient pas du tout au récit de jungle, d'autant plus qu'il n'y a aucune ombre et que le grisé est utilisé à démesure. L'histoire n'a ni queue ni tête et s'appuie sur des dialogues où la vulgarité tient lieu d'humour. Pas du tout mon truc.
Anne Bonny
Anne Bonny est une pirate légendaire dont je n’avais jamais entendu parler. Cet album retrace les évènements de sa vie assez fidèlement (si j’en crois sa page Wikipédia). L’histoire est classique, il s’agit d’une énième histoire de pirates, on retrouve les batailles navales, les coups fourrés, les duels à l’épée… l’originalité du récit provenant du fait que la protagoniste soit une femme, fait assez rare dans la piraterie. Reste que j’ai trouvé l’ensemble un peu convenu, et la narration perfectible - les enchainements ne sont pas toujours très fluides. J’ai par contre beaucoup aimé la mise en image - c’est d’ailleurs la superbe couverture qui m’a convaincu de lire cet album. Voila, un bon moment de lecture, et la fin m’a beaucoup plu, mais une lecture pas vraiment marquante.
Carmen Mc Callum
Carmen - Travis même combat !! Ces 2 séries partagent le même univers. J’avoue ma petite préférence pour notre mercenaire, je la trouve bien plus charismatique. Au scénario, on retrouve Duval qui déploie la même formule, des histoires bien construites aux thématiques sf sous fond d’action. J’ai découvert la série à son 2eme cycle depuis je ne loupe pas un album, une série qui ne m’a pas encore déçu et qui arrive à se renouveller je trouve. On aura ses préférences niveau cycle et dessinateurs mais c’est toujours bien fait et maîtrisé. Avant de briller avec les univers de La brigade chimérique et Les contes de la pieuvre, Gess s’illustrait avec talent sur les débuts de notre héroïne, 8 albums et 3 cycles à son actif. Ça démarre brouillon avant de trouver son rythme de croisière, il a de chouettes trouvailles graphiques dans la narration (pour l’époque) et l’action est bien rendu, je déplore juste des couleurs loupées sur le tome 8. Honnêtement ne vous arrêtez pas au 1er cycle bien trop pop corn et encore maladroit, c’est clairement le moins bon, les 2 suivants montent de suite en puissance avec quelques pages ou cases d’anthologie, il en est de même pour les scénarios. Les 2 cycles suivants (4 albums chacun) sont assurés par Emem, que je ne connaissais pas. Je dois avouer ma déception à sa découverte, la relève était mal engagé … mais je m’y suis finalement bien fait, on perd en dynamisme avec un trait plus figé et froid, cependant ça accompagne parfaitement les scénarii de Duval qui montent encore d’un cran. A compter du 17eme tome, Louis assure le renouveau des aventures de Carmen. Il possède un dessin plus lisible que ces prédécesseurs, un trait souple et efficace, je l’ai trouvé bien appliqué, on regagne en dynamisme. Un premier cycle court de 2 albums qui fait bien le taf et qui joue sur notre nostalgie, j’adore le personnage de Leonid. Le 19eme entame un nouveau cycle mais continue avec les mêmes ingrédients à savoir quelques personnages de Code Mc Callum qu’on ressort. Des histoires sans doute moins marquantes que les précédentes mais toujours distrayantes. Voilà Carmen McCallum ça peut faire mouais si on s’arrête à ces premiers tomes mais une série qui prend de l’envergure par la suite, ça vaut le coup de persévérer pour tout amateur de sf serie B intelligente. J’aime beaucoup la façon du scénariste de traiter de sujets divers : génétique, IA, eau, cataclysme nucléaire … ni trop lourd ni trop léger et surtout divertissant.
Sortie d'usine
Un reportage qui retrace le combat d'ouvriers contre la fermeture de l'usine GM&S. GM&S, dans la petite ville de La Souterraine, était le deuxième employeur de la Creuse, un département rural où le travail ne court pas les rues. Une usine qui, à ses débuts, fabriquait des trottinettes pour ensuite devenir un sous-traitant de Renault et Peugeot. Benjamin Carlé retrace le parcours de cette usine depuis les 30 glorieuses à son redressement judiciaire. De 2018 à 2020, il a interrogé, enquêté pour comprendre ce naufrage industriel, il a suivi la lutte pour la conservation de l'emploi. Un documentaire fidèle à la réalité qui donne la parole aux ouvriers, il permet de comprendre les rouages d'un système qui donne les pleins pouvoirs aux "donneurs d'ordres" avec toutes les conséquences pour les sous-traitants mais aussi des choix politiques qui ont conduit à ce désastre (désindustrialisation, primes diverses ...), de tribunaux de commerce et de repreneur en repreneur, c'est le combat du pot de terre contre le pot de fer. Je n'aime pas le dessin de David Lopez mais il convient bien pour ce type de bd et le passage au noir et blanc pour les périodes antérieures est une bonne idée. Une mise en page sobre et efficace. Une lecture instructive et recommandable.
Le Petit Prince
J'ai emprunté cet album avec beaucoup de circonspection. En effet j'ai détesté Les Récits - Les Petits Rêveurs que je regarde presque comme une insulte à l'oeuvre de St Ex et je ne suis pas un grand fan des oeuvres de Sfar que j'ai lues. Contrairement à mon idée première et à de nombreux autres avis, j'ai été très séduit par cette série. Je trouve que Sfar respecte le texte de St Ex . Plus, il me donne l'impression d'aimer profondément ce texte. Le découpage que propose l'auteur met très bien en valeur les passages forts de la rencontre entre l'adulte et l'enfant. J'ai trouvé la création du passage sur la rose vraiment admirable. C'est au point que les propositions de Sfar me donnent des pistes de reflexions que je n'avais pas perçues auparavant. Sfar balaye toute la richesse du texte avec justesse. Du rationnel à l'affectif, la gamme des sentiments proposés m'a touché tout du long de ma belle lecture. Je suis un peu hermétique au dessin de Sfar mais ici je l'ai trouvé à sa place. Je ne me fais pas de souci pour la perception des enfants qui y retrouveront un petit côté graphisme de Bob l'éponge. Pour ma lecture adulte j'ai beaucoup aimé ce côté tendre, poétique et presque fataliste que donne Sfar au Petit Prince. Je salue aussi la représentation digne et réaliste d'Antoine de Saint-Exupéry. J'ai aussi apprécié la mise en couleur qui accentue le contraste entre l'univers si coloré de l'enfant et la grise matérialité de l'aviateur. J'ai passé un excellent moment de lecture grâce à cette série qui m'a pris à contre-pied.
Solo (Sternis)
Cette série est bien étrange dans sa construction. Solo est clairement conçu comme le début d'une série, sinon le scénario est absurde. Mais le titre était il prémonitoire car la série est retombée comme un soufflet mal préparé. En effet, toutes les planches qui font référence à une enquêtrice ( police,journaliste, détective privée, assistante sociale?) qui recherche des informations sur Alain n'ont aucun sens dans ce one shot. Alain étant majeur, une enquête sur sa personne implique plus qu'une simple disparition sans laisser d'adresse. Ici cela ressemble à un artifice pour créer du mystère dans une simple histoire rebattue du gars qui part chercher ses cigarettes et ne revient pas. La rencontre entre Alain et Marion travaille sur une arrière pensée assez glauque ( plusieurs fois suggérée dans le récit) qui ne tient pas la route de la façon dont elle est présentée. Il ne reste pas grand chose sauf un récit lent et contemplatif sur la valeur de la randonnée comme thérapie hors du monde. On est très loin de l'excellent "Into the Wild" si justement cité par jul. Le graphisme est classique et ne prend pas beaucoup de risques en s'appuyant sur les paysages champêtres du GR et les fermes typiques du coin. Le personnage d'Alain me semble un peu lisse et fade et je ne comprends pas ce qui amène Marion à s'ouvrir à un "vieux" avec autant de facilité. C'est une lecture pas désagréable mais qui n'apporte pas grand chose en one shot.