À la recherche du Tintin perdu (Em Busca do Tintin Perdido)

Note: 4/5
(4/5 pour 1 avis)

Référence explicite au roman de Marcel Proust, cette « fantaisie autobiographique » se veut une réflexion psychologique sur la bande dessinée, la mémoire et le temps.


Documentaires Séries avec un unique avis

Référence explicite au roman de Marcel Proust, cette « fantaisie autobiographique » se veut une réflexion psychologique sur la bande dessinée, la mémoire et le temps. Trois événements - un rendez-vous d'enfance manqué avec Hergé dans les années 1970, un coup du destin le 3 mars 1983 et un émouvant voyage en Belgique pour une visite de Bruxelles et du musée Hergé en 2013 - ont conduit l'auteur à tirer les fils d'un grandiose hommage à la bande dessinée mondiale. Ricardo Leite nous emmène en voyage dans les univers symboliques et culturels qui l'ont enchanté tout au long de sa vie. Il dévoile une relation mi-réelle, mi-onirique avec Hergé, son monde et son oeuvre, en particulier Les aventures de Tintin. Il nous propose un dialogue imaginaire permanent (sur l'art, la technique et l'histoire de la bande dessinée) avec les grands créateurs, parfois basé sur des rencontres réelles ou inspirées par ses nombreuses lectures. En fin de volume, des notices biographiques permettent au lecteur de retrouver page à page les auteurs et les personnages représentés dans l'ouvrage et en particulier de partir à la découverte de la trop méconnue bande dessinée sud-américaine. À la recherche du tintin perdu associe un dessin digne des plus grands, des compositions et des inventions graphiques sans cesse renouvelées et un récit inventif et original. Né le 3 mars 1957, Ricardo Leite est brésilien, basé à Rio de Janeiro. Illustrateur, graphiste, designer, il travaille en particulier pour l'agence de communication Crama Design Estratégico et a développé plusieurs projets pour des marques brésiliennes et internationales. Dans les années 1970 et 1980, il a publié plusieurs bandes dessinées. Il a également signé des centaines de pochettes d'albums pour de grands artistes de la musique brésilienne. Collectionneur d'art et de bandes dessinées, son rêve a toujours été de devenir dessinateur. Il y a une dizaine d'années, cette passion pour le neuvième art a mené Ricardo Leite « à la recherche du Tintin perdu ». Ce travail très suivi sur les réseaux sociaux lui valut de recevoir les insignes de chevalier de l'ordre de la Couronne du Royaume de Belgique (arrêté royal du 20 janvier 2021).

Scénario
Dessin
Traduction
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 23 Novembre 2022
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série À la recherche du Tintin perdu © Sépia 2022
Les notes
Note: 4/5
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12/12/2022 | Blue boy
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Par Blue boy
Note: 4/5
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L’histoire de Ricardo Leite ressemble à une suite de rendez-vous manqués et d’opportunités gâchées. Tout d’abord avec Hergé, qu’il faillit rencontrer en 1971 alors qu’il avait 14 ans, mais les circonstances en décidèrent autrement. Ensuite, ce fut quelques années plus tard avec les éditeurs français lors d’un séjour à Paris, que l’auteur brésilien subit une amère déception. Ceux-ci (notamment Métal Hurlant) appréciaient son dessin, mais ses histoires ne rentraient pas dans leur ligne éditoriale. Quelque peu échaudé, celui qui rêvait d’entamer une carrière de bédéiste fit une croix sur ses rêves d’enfant et reporta, avec un certain succès, ses talents sur l’illustration en produisant des centaines de pochettes de disques pour des artistes brésiliens. Mais c’était sans compter sur le démon de la BD qui revint lui chatouiller le pinceau au détour des années 2010. Le déclic se produit lors d’un séjour à Bruxelles où il put visiter le musée consacré à son maître. « Par delà le temps et l’espace », Hergé lui demande de raconter son histoire. Il n’en fallut pas plus pour motiver Ricardo, mais le projet dura dix ans, soit beaucoup plus que ce qu’il avait prévu. Et quand on voit l’ampleur de l’ouvrage, on comprend qu’il n’aurait pu se faire en un jour… Rien qu’en feuilletant quelques pages, on est subjugué par le talent graphique déployé et on se demande pourquoi le monde du neuvième art n’a pas su mieux dorloter cet artiste. Dans un style hyper réaliste au noir et blanc très maîtrisé, l’auteur nous offre une œuvre monumentale extrêmement personnelle où il se dévoile sans faux semblants. Mais ce réalisme n’hésite pas à ouvrir les portes d’un onirisme à couper le souffle, avec mille et une références allant du pionnier Winsor Mc Cay (et son Little Nemo) à Moebius en passant par Magritte, le maître belge du surréalisme. Le propos respire l’urgence, et Ricardo Leite donne ici le sentiment d’avoir voulu rattraper le temps perdu, en allusion au titre proustien. Le livre semble contenir toute la vie et les états d’âme de son auteur. Mélange complexe d’intimité et d’érudition, « A la recherche du tintin perdu » scelle la rencontre entre Ricardo l’enfant et Ricardo l’adulte, ce dernier réalisant que l’horloge tourne de plus en plus vite…Par ses aspects encyclopédiques, nul doute que l’ouvrage ravira les plus historiens d’entre nous. L’auteur y détaille ses premières amours de bédéphile (les « Histórias en quadrinhos » brésiliennes, calquées sur les comics US), sa découverte de la bande dessinée européenne (Astérix, Lucky Luke, etc.) puis l’arrivée d’une production plus adulte (Hugo Pratt, Moebius/Giraud, Liberatore, Art Spiegelman…). Il évoque également la bande dessinée sud-américaine (notamment celle d’Argentine et bien sûr de son Brésil natal, des pays pour lesquels la passion ne date pas d’hier) qui renferme un vivier d’auteurs très actifs. Voyage temporel autant que géographique, l’ouvrage nous emmène, en dehors de la capitale belge, vers la ville italienne de Lucca, qui abrite le plus ancien festival de BD du monde et bien sûr Angoulême, qui achèvera de combler les lecteurs les plus bédéphiles. Toutefois, on pourra légitimement se demander comment, dans son approche aussi érudite, l’auteur fait totalement l’impasse sur l’autre grand foyer du neuvième art qu’est l’Asie, principalement le Japon. C’est sans doute cet élément qui retire à l’ouvrage son caractère universel, lequel s’avère davantage une œuvre de passionné réalisée avec le cœur, celui d’un fan un brin candide, d’une subjectivité assumée. De même, cet aspect exhaustif impressionnant par sa consistance pourra effrayer les amateurs de lectures plus légères mais ne saura laisser indifférents les connaisseurs. Reste à savoir si cet auteur, après un tel exploit éditorial, a d’autres projets en tête et si ce livre fera office de tremplin. C’est bien sûr tout le « mal » qu’on peut lui souhaiter…

12/12/2022 (modifier)