Le Château des Animaux

Note: 4.05/5
(4.05/5 pour 21 avis)

Rire, c’est déjà ne plus subir.


Best-of des 20 ans du site Casterman Ecole Emile Cohl George Orwell Sociétés animales

Quelque part dans la France de l’entre-deux guerres, niché au cœur d’une ferme oubliée des hommes, le Château des animaux est dirigé d’un sabot de fer par le président Silvio… Secondé par une milice de chiens, le taureau dictateur exploite les autres animaux, tous contraints à des travaux de peine épuisants pour le bien de la communauté… Miss Bengalore, chatte craintive qui ne cherche qu’à protéger ses deux petits, et César, un lapin gigolo, vont s’allier au sage et mystérieux Azélar, un rat à lunettes pour prôner la résistance à l’injustice, la lutte contre les crocs et les griffes par la désobéissance et le rire…

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 18 Septembre 2019
Statut histoire Série en cours (prévue en quatre tomes) 3 tomes parus
Dernière parution : Moins de 2 ans

Couverture de la série Le Château des Animaux © Casterman 2019
Les notes
Note: 4.05/5
(4.05/5 pour 21 avis)
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12/06/2018 | Le Grand A
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Par Sacha
Note: 5/5 Coups de coeur expiré

En magasin la première de couverture m'a captivité et la lecture était passionnante ! La morale, les idées démocratiques, sociales et solidaires me fascinent ! Le fait de dénoncer la dictature, la corruption tout en écrivant une histoire aussi follement captivante, incroyable !

10/08/2023 (modifier)
Par karibou79
Note: 4/5
L'avatar du posteur karibou79

Je sens entre mes mains un futur classique si la qualité des 3 premiers tomes se confirme dans les suivants et passerai automatiquement la note à 5. Cette revisite du triste récit de la Ferme des animaux vise tellement juste. Le dessin anthropomorphique est parfaitement équilibré, l'animal reste un animal même si son émotion est humaine. Il y de sacrées trognoles mais on ne bascule pas dans du Disney, les limites physionomiques sont scrupuleusement respectées. La ferme est un vase clos parfaitement pensé et mis en image, on est dans un monde en marge du nôtre. La colorisation, les couvertures... tout est parfait du côté graphique. Côté scénario, Dorison assure toujours, il sublime tous les thèmes qu'il touche. Comme au théâtre, il arrive à faire carburer l'empathie pour les justes et pester contre la caste des tyrans qui tient bon face aux actions entreprises par les pauvres chats, lapins et poulets... mais la justice triomphera j'en suis sûr ! Nous vivons dans un monde juste, pas vrai...?

25/07/2023 (modifier)
L'avatar du posteur bamiléké

Je dois avouer que j'ai eu du mal à entrer dans cette série. Pourtant, une série qui prend pour thématique centrale la non-violence a tout pour me séduire. La seule autre série que je connaisse sur ce thème étant l'excellent Wake up America. Je connais l'ouvrage d'Orwell ainsi que les vies de Mendela, King et Gandhi suffisamment bien pour comprendre les références-hommages développées par les auteurs. Mais j'ai quand même eu de la difficulté à accrocher à certains partis pris de Dorison et Delep. La situation initiale m'a semblé assez bancale et la position de Silvio (B mamma mia ?) repose sur peu de choses autres qu'une force bien isolée. Or un culte de la personnalité se construit sur des éléments bien plus puissants (idéologie, tradition, appartenance au groupe, intelligence de la situation historique). Cette histoire de troc avec les humains ne m'a pas vraiment convaincu. J'ai trouvé le choix de la personnalité de César pas vraiment en phase avec l'esprit du récit. Ensuite j'ai trouvé le développement des passages sur la non-violence assez confus et pas très convaincants. Il faut reconnaître que les auteurs travaillent sur des thèmes assez compliqués à réduire en quelques cases. La liberté, la vérité et la justice sont au centre du scénario. Définir la légitimité d'une action même contestataire n'est pas si simple car elle fait appel à des interprétations du droit naturel vs le droit positif dans ce type de situation. Pour autant, les auteurs tombent juste dans leur démonstration des difficultés d'utilisation de la non-violence. C'est un hommage aux différents mouvements historiques mais qui se sont inscrit sur des bases de droits défendables (Gandhi était avocat) dans des environnements acceptables. De plus la charmante miss Bengalore n'est qu'une porte-parole de la pensée d'Azelar ce qui amoindrit à mon avis sa puissance charismatique et sa crédibilité. Malgré toutes ces réserves j'ai trouvé le projet ambitieux d'autant plus que la volonté de garder la ligne réconciliatrice jusqu'au bout est bien marquée et pas facile à mettre en oeuvre. Le graphisme est vraiment excellent. C'est très dynamique et les attitudes donnent aux animaux des expressions très crédibles avec l'ambiance du récit. Les scènes d'extérieurs sont très bien travaillées avec des paysages d'hiver et des ambiances de faim et de froid très touchantes. Certaines scènes renvoient aux punitions des prisonniers d'Auschwitz qui devaient se tenir nus toute la nuit dans le froid de l'hiver polonais. C'est poignant. Je n'ai pas trouvé cette lecture si facile car les idées proposées sont compliquées quand on veut les approfondir. Malgré tout c'est une oeuvre intéressante pour un large public. 3.5

10/05/2023 (modifier)
L'avatar du posteur Tomdelapampa

Du pur bonheur cette série !! 2 auteurs au diapason pour régaler le lecteur, j’ai hâte de connaître la conclusion et pourquoi pas revoir la note à la hausse. Pour faire court, j’ai tout aimé. Du très très bon Dorison, un récit intelligent, bien construit, des personnages réussis. Je manque d’adjectifs mais à mes yeux vraiment une belle qualité d’écriture. Je ne suis pas spécialement fan de l’auteur mais ici il me surprend plus que positivement. Il rend un bel hommage à la ferme des animaux. Une bd ne serait rien sans la partie graphique, Felix Delep fait une entrée remarquable dans le monde du 9eme art, que dire sinon : Quel talent !! Les animaux sont exquis, découpage et couleurs aux petits oignons, ça envoie du lourd. Une réalisation de haute volée pour un récit hyper prenant, je dis OUI !!, bravo et merci.

28/02/2023 (modifier)
Par Blue boy
Note: 4/5
L'avatar du posteur Blue boy

Tome 3 "La Nuit des justes" Comme pour tenter de comprendre ce qui produit les tyrans, ce troisième tome s’ouvre sur un flashback spectaculaire montrant un Silvio jeune, harassé par le poids de la charrette qu’il doit tirer sous les ordres d’un chien sans pitié, des années avant qu’il ne fasse son putsch pour commander la ferme. Le syndrome de la victime devenue bourreau à son tour… Après avoir croisé l’épouse du numéro 1, assassiné par Silvio à la fin du tome 2, contrainte de quitter le château avec ses chiots après être tombée en disgrâce, Miss B est saisie par le doute et ne souhaite plus mener la révolution. D’autant qu’elle ne veut pas cautionner une partie des animaux qui souhaite désormais passer à l’action violente pour évincer Silvio de son palais. « Tant que notre colère sera plus forte que nous, nous ne vaudrons pas mieux que Silvio. » lance-t-elle à ses troupes. Azélar le vieux rat va s’employer à la convaincre de ne pas lâcher le combat. La clé ? Faire cesser la peur, mettre un programme sur pied pour instaurer la justice et le vote… et toujours sans violence ! La marguerite deviendra l’emblème de ce de ce « printemps des animaux » ! Mais le tyran n’est pas prêt à céder, persuadé d’avoir fait amende honorable en jetant à la foule un os à ranger : l’assassinat en public de son « numéro un ». Ainsi, quoi de plus logique pour lui, que d’emprisonner ceux qui refusent de déposer la marguerite qu’ils arborent dans ses sinistres geôles ? En lisant cette « Nuit des justes », impossible de ne pas penser aux événements qui se déroulent actuellement en Iran, où les femmes se révoltent contre le port obligatoire du tchador. Notamment avec cette scène marquante où les animaux décident de jeter leurs colliers à clochette devant la milice de chiens, sans crainte des morsures qu’ils auraient à subir en représailles. Il faut noter l’humour au vitriol présent dans la série, autant à l’adresse des tyrans que de leurs courtisans, prêts à s’abaisser jusqu’au ridicule pour s’acquérir les bonnes grâces du maître, humour que Delep a su retranscrire dans son dessin semi-réaliste enlevé. Délaissant le choix d’une apparence anthropomorphe des animaux, le dessinateur n’a conservé que les expressions humaines, et celles-ci suscitent souvent l’amusement, telle celle du futur numéro un (en page 8), très flatté de se voir promu par le « président » lui-même. On ne saura reprocher à cette saga la profondeur et la puissance de son message politique, un message universel en résonance avec la situation actuelle, décrivant la façon la plus subtile de faire pression sur les pouvoirs autoritaires, d’autant plus dangereux lorsqu’ils se parent des « plumes » de la démocratie et dénoncent ses adversaires, si pacifiques soient-ils, comme les ennemis ultimes. En d’autres termes, l’art de retourner la situation et de jeter l’huile sur le feu. La soif de domination n’a pas de prix ! L’autre point fort du « Château des animaux », purement formel, ce sont bien ses couvertures, toutes aussi réussies les unes que les autres. Alors s’il est un bémol à pointer, certes mineur, il se trouve peut-être du côté de la narration, qui laisse une vague impression de délayage. Deux tomes auraient sans doute suffi pour cette revisite du roman de Georges Orwell, qui est tout de même une sorte de huis-clos où le rêve, un vigoureux rêve de liberté, demeure tout du long confiné au périmètre de la ferme. Ainsi on se félicite de savoir que la série verra sa conclusion dans un quatrième et dernier tome, que l’on n’en a pas moins hâte de découvrir ! Tome 2 "Les Marguerites de l’hiver " Dans la lignée du tome 1, cette suite poursuit la revisite de « La Ferme des animaux » avec un certain brio et une profondeur politique assez poussée, qui fait de cette série un véritable petit manuel en faveur de la révolution pacifique. Ce qu’on apprécie, c’est que même si on sent qu’il s’agit d’une diatribe contre les régimes tyranniques, Dorison évite le piège d’un manichéisme caricatural et d’une lutte binaire que soutiendraient « comme un seul homme » tous les « opprimés » du système décrit. Le plus dur étant peut-être de convaincre ceux de son propre camp… Il fait intervenir des contradicteurs – certains animaux sont sceptiques quant au bien-fondé d’une révolution pacifique – et évite de dépeindre ceux du camp d’en face comme de purs salauds, car le fameux « numéro 1 », tout ordure soit-il, a aussi une famille qui pâtira du sort qui lui est réservé. Tome 1 "Miss Bengalore" Référence explicite à « La Ferme des animaux » de George Orwell, la nouvelle série du prolifique Xavier Dorison suscite avec ce premier tome un engouement évident et tout à fait justifié. La très belle couverture, évoquant l’univers du conte, y est sans doute pour quelque chose. A l’instar du roman d’Orwell, Dorison dénonce les dictatures dont la principale caractéristique est d’exercer le pouvoir par la violence et la manipulation, mais comme il le dit lui-même, il a ajouté une note d’optimisme en démontrant que tout pouvoir rejeté par le peuple peut tomber par d’autres moyens que la violence, à savoir la désobéissance civile. Pour ce faire, il s’appuie sur des personnages historiques qui y ont eu recours dans leur pays, en premier lieu Gandhi, mais aussi Lech Walesa, Nelson Mandela, Martin Luther King. Gandhi est symbolisé dans l’histoire par le rat Azélar, qui depuis sa cachette va organiser la fronde contre le dictateur Silvio, incarné par un taureau imposant et agressif, protégé par sa meute de molosses. Pour tenter d’ébranler la toute puissance de ce dernier, Azélar et ses amis, la chatte Miss Bengalore et le lapin César, utiliseront une arme redoutable : le rire ! Le dessin a été confié à Félix Delep, qui pour une première BD, possède un talent évident. Si son style dynamique et percutant rappelle beaucoup celui de Juanjo Guarnido ou de Sokal, le jeune dessinateur ne recourt pas à l’anthropomorphisme — sauf peut-être pour les « gueules », très expressives — mais a préféré laissé ses animaux sur quatre pattes, si l’on excepte bien entendu les volailles… Une fois surmonté le scepticisme du début, force est de reconnaître que Delep possède un sacré coup de patte ! (trop tentante pour ne pas la faire, celle-là…) Avec ce premier volet, c’est une véritable fable politique — accessoirement animalière — qui se dessine, dans l’esprit de Jean de la Fontaine, à laquelle la formule de ce dernier correspond on ne peut mieux : « Selon que vous serez puissants ou misérables, les jugements de cour vous rendent blanc ou noir ». Et déjà à son époque, le fabuliste avait bien compris la puissance de l’humour contre le tyrannie… Prévu en quatre tomes, « Le Château des animaux » s’avère une série plutôt prometteuse qui pourrait faire date.

06/09/2020 (MAJ le 01/01/2023) (modifier)
Par Ubrald
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
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Après lecture des 2 premiers tomes qui m'ont attiré de par leurs très jolies couvertures ! Il s’agit d’une bd animalière politique très agréable à lire. En préface Xavier Dorison cite ses diverses sources d’inspiration dont « La ferme des animaux » de George Orwell. Pour les intéressés, le film « L’ombre de Staline » dépeint la genèse de ce roman. Cette bd narre une dictature imposant des mesures spoliatrices et liberticides aux individus sous prétexte du bien collectif : au final la loi du plus fort règne et non l’état de droit. Comment se défendre d’un tel système autoritaire ?, c’est le propos des deux premiers tomes. Le débat par rapport au fait de renverser la dictature par les armes ou par la non coopération non violente m’ont rappelé le prêtre (Jeremy Irons) et le mercenaire (Robert de Niro) dans le merveilleux film « Mission ». Jeremy Irons répondant à De Niro « si la seule possibilité pour gagner est de prendre les armes alors ce monde n’est pas pour moi, je ne saurais y vivre ». Relater cette thématique sous forme de fable avec des personnages animaliers est une excellente idée. Le symbolisme des animaux donne au propos une intensité plus forte que ne l’aurait fait une histoire avec des humains. Du coup, cette bd prend un air sympathique de fable de la Fontaine. La présence des animaux rend aussi la lecture de ce drame plus ludique. Le graphisme et la colorisation sont très réussis, ne font pas Walt Disney, ce qui aurait pu être une facilité et un écueil pour une bd animalière ; de surcroît le dessin est très accessible. Pour terminer, l’action est bien présente, il y a de nombreux rebondissements. J’ai vraiment passé un bon moment de lecture, j’ai dévoré ces premiers tomes, j’attends avec impatience les deux prochains.

14/07/2021 (modifier)
Par Yann135
Note: 4/5
L'avatar du posteur Yann135

Un château perdu dans la campagne a été déserté par les hommes mais celui-ci n’est du tout abandonné ! Nan nan ! Les maîtres partis, les animaux se sont accommodés à cette nouvelle situation et l’ont repris à leur compte. Le lieu est désormais dirigé d’un sabot de fer par le taureau Silvio et sa garde canine. Il règne sur sa basse court par la peur et la violence mais chez les animaux les plus faibles la colère gronde. Une révolte réfléchie et pacifique est en marche. Quoi de mieux pour vaincre une tyrannie ? Le scénario décrit parfaitement la relation du dominant et des dominés qui règne au sein de cette république. La colère et les rancœurs s’installent. Une rébellion frontale n’est pas envisageable. La moindre contestation sera étouffée dans le sang. Pour l’exemple. Pour refreiner les velléités de recommencer. Ces animaux ne seraient ils pas des humains déguisés par hasard ? Visuellement c’est une réussite. Les animaux ont une de ces gueules ! Cependant les animaux restent des animaux. Les auteurs n’ont pas eu besoin de faire appel à l'anthropomorphisme. Par contre leurs réactions sont humaines. Esthétiquement c’est une réussite incontestable. J’attends la suite avec impatience pour voir si le taureau Silvio va tomber de son piédestal.

25/04/2021 (modifier)
Par cac
Note: 3/5
L'avatar du posteur cac

La référence à La ferme des animaux d'Orwell est évidente et assumée. On retrouve ici une dystopie dans un lieu où les animaux les plus forts (taureau et chiens qui forment en quelque sorte sa garde présidentielle) dominent les autres et tombent dans les pires travers : dictature, oppression du bas peuple qui tel au goulag doit faire sa part quotidienne dans les tâches ingrates, notamment la construction du château. On a des gros écarts de richesse et de redistribution, de la corruption, des injustices et des meurtres, bref la totale et ça manque peut-être un peu de nuance. Dans les animaux principaux, on a notamment une jeune chatte mère de famille éreintée et un lapin prostitué qui organisent une forme de résistance par le ridicule, un rire qui fait du bien à tous, sauf à ceux qui en sont l'objet qui cherchent à réprimer la mutinerie qui couve. Une bonne histoire servie par un beau dessin, l'intérieur étant en accord avec les très belles couvertures.

23/04/2021 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

A voir ce que Dorison va faire pour la suite de cette série (trois autres albums sont prévus), mais je dois dire que cet album inaugural est vraiment une belle réussite, et qu’il augure d’un bel ensemble. « La ferme des animaux » est un très grand petit livre d’un grand auteur, Georges Orwell. Et le titre et la préface de Dorison mettent clairement en avant cette référence. Mais cette préface glisse aussi d’autres influences (Gandhi, Martin Luther King), qui montrent que le scénario va basculer vers quelque chose de différent de ce qu’Orwell a voulu montrer dans son œuvre. De fait, ce n’est pas une adaptation, c’est une suite différente d’un point de départ commun : la « prise de pouvoir » d’un espace par des animaux domestiques, les hommes étant « partis ». D’ailleurs, tout le processus de « passation de pouvoir » est ici évacué, nous entrons de plain-pied dans une situation terrible et stable : un taureau dictateur, entouré d’une garde prétorienne de chiens, exerce un pouvoir terroriste sur tous les autres animaux occupant un château et ses environs. Au cœur de cette situation, quelques grains de sable, une chatte, un lapin et un rat, sèment quelques graines de révolte, mais en contournant la violence et en misant sur le ridicule, l’ironie, les méthodes non violentes pour lutter contre cette dictature (et là on retrouve MLK, et surtout Gandhi évoqués en préface). Même si c’est bien mené, je reste très sceptique quant à l’efficacité de ce genre de méthode face à une dictature ultra violente (Gandhi en Corée du Nord ou dans l’URSS de Staline ou L’Allemagne d’Hitler aurait été éliminé sans autre forme de procès, et son succès s’explique en partie parce qu’il avait en face de lui une « démocratie »). A voir ce que ça va devenir dans les albums suivants. La façon dont le dictateur, Silvio, « tient » la population, avec un « ennemi extérieur » qui justifie toutes les mesures d’exception, éclaire d’ailleurs d’autres situations que les références staliniennes (ou de la Révolution française) voire hitlériennes qu’Orwell avait en tête pour composer sa fable: les communistes pour les « démocraties » pendant la guerre froide, les immigrés ou les terroristes islamiques aujourd’hui, etc. En tout cas, cela se lit de façon très agréable, les situations, la psychologie des personnages, tout est bien développé. Mais ce qui rend très fluide la lecture, c’est aussi l’excellent dessin de Delep : son trait, la colorisation, tout m’a plu. C’est dynamique et chouette à regarder. Bref, voilà une série qui commence très bien, et que je suivrai certainement. ********************* Je maintiens ma note après lecture du deuxième tome. Le dessin est toujours aussi bon, dynamique, beau. Et l'intrigue - malgré quelques petites baisses de rythme, maintient son équilibre fragile entre la douceur des sentiments, du dessin et la dureté de certaines situations. Comment faire naitre une révolte, maintenir la cohésion de ceux qui y sont acquis, et leur insuffler suffisamment de force pour ne pas trahir, pour les pousser jusqu'au sacrifice individuel au profit de la cause collective (question que se sont posés tous les groupes de résistants partout et depuis longtemps) ? Série toujours à suivre donc.

12/03/2020 (MAJ le 14/04/2021) (modifier)
L'avatar du posteur ThePatrick

La ferme des animaux établissait un parallèle avec la révolution russe et l'évolution de l'URSS, et sous les dessous de la fable animalière, mettait en exergue les dérives, défaillance et pour tout dire de la faillite du régime soviétique et de ses dirigeants. Le château des animaux se passe chronologiquement après les événements de la ferme des animaux. Les cochons qui avaient chassé les humains ont en effet été chassés par le taureau Silvio. Mais, un maître remplaçant l'autre, la situation ne s'est là non plus pas améliorée pour les animaux, obligés de travailler toute la journée pour leur président qui s'engraisse sur leur dos, secondé par les chiens - vraisemblablement les mêmes qui étaient là sous les cochons, et sous les humains avant eux. Là où le roman de George Orwell critiquait l'URSS de l'époque, on ne sait trop qui vise cette série. La classe politique française "professionnalisée", indéboulonnable, et qui semble souvent se sentir exempte de responsabilité (ou alors responsable mais pas coupable), peut-être ? Si c'est le cas, la dénonciation est vague, et de toute façon la suite du récit ne relate pas des événements réels. On s'écarte donc complètement du cadre du roman d'Orwell, et seule l'image, la surface du récit est reprise, en oubliant son fond. Comme annoncé en préambule par Xavier Dorison, le château des animaux va mettre en scène la non violence. J'avais été assez marqué par le film Gandhi, avec Ben Kingsley, et force est de reconnaître qu'on retrouve ici un certain nombre d'éléments communs. Cependant, là où le film (et - j'imagine - la vie de Gandhi) était résolument sérieux, avec des touches d'humour réservé, à l'image de Gandhi qu'on voyait sourire sincèrement et dont on pouvait voir la malice pétiller dans le regard sans cependant éclater, ici les animaux se marrent comme des baleines, et se délectent des farces qu'ils vont jouer à leurs maîtres. Et plus tard, lorsqu'ils souffriront, ils souffriront outrageusement. Ce côté outré m'a dérangé, et j'ai eu un peu l'impression de me retrouver dans Rémy sans famille. Dans les autres éléments dérangeants, il y a aussi la voie utilisée par les animaux pour se révolter, qui est présentée de façon trop didactique et trop explicite. Et l'intelligence des protagonistes (Silvio, Numéro 1 et Numéro 2, en l'occurrence) est parfois à géométrie variable. Numéro 2 est en effet l'éminence grise, mais semble perdre son intelligence par moments, ce qui est assez frustrant. Et Numéro 1, d'un caractère terriblement hargneux, se retrouve à protéger Miss Bengalore sans aucune raison valable. Alors je ne sais pas trop sur quel pied danser. Ce côté outré est tout à fait légitime dans une fable, et peut même aider à mieux véhiculer le message. Et il est assez peu probable que tous les personnages ayant lutté pour la dignité humaine en général furent à chaque instant des modèles de réserve et de perfection. Il m'a cependant dérangé et a gêné mon immersion dans le récit, dont en plus je cherchais qui il dénonçait. Au final, sûrement ai-je trop cherché, et il faut sans doute prendre ce château comme une histoire plus générale avec une portée morale assez universelle. Concernant le dessin, il est superbe, et on ne peut qu'attendre avec impatience les futures réalisations de Félix Delep ! Il est toutefois dommage que les couleurs soient globalement si ternes (la ferme étant essentiellement un univers triste, couleur de pierre et de boue), et la couverture du tome 1, très sombre et peu contrastée, m'a limite rebuté. Au final, je ne ressors ni ébloui ni vraiment convaincu de ces deux premiers tomes, et il me faudra une seconde lecture après digestion de la première pour savoir si je continue ou pas cette série.

14/04/2021 (modifier)