Le Ventre de la Hyène

Note: 3.79/5
(3.79/5 pour 14 avis)

Talino pensait avoir laissé le pire derrière lui, avec les souvenirs de son Tchad natal. Souvenirs d'une vie volée, qui le vit devenir enfant-soldat, puis mercenaire et membre de gang. Mais le passé est tenace...


Afrique Noire Enfance(s) Le Lombard Les enfants soldats Les prix lecteurs BDTheque 2014

Souvenirs d'une vie gâchée par l'ombre de son grand-frère, Anouar, qui ne lui a transmis que le feu qui brûle dans le ventre de la hyène. En quittant l'Afrique pour Marseille, Talino pensait vivre enfin la rédemption. Mais Anouar n'est pas loin, et le brasier demeure incandescent...

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 20 Juin 2014
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Le Ventre de la Hyène © Le Lombard 2014
Les notes
Note: 3.79/5
(3.79/5 pour 14 avis)
Cliquez pour afficher les avis.

18/06/2014 | Mac Arthur
Modifier


Par gruizzli
Note: 3/5
L'avatar du posteur gruizzli

Je suis beaucoup moins enthousiaste que les autres critiques face à ce volume, qui a d'indéniable qualités mais qui me semble aussi avoir quelques petits défauts que j'impute plus à ma propre expérience de lecture qu'a la BD en elle-même. Il s'agit d'une histoire de deux frères, africains mais sans que l'on sache de quel pays, et qui vont poursuivre tout au long du récit une haine qui les tiendra debout. Haine envers l'un, haine envers le monde, le récit parle de ce que ça peut être que de vivre et naitre dans une telle contrée. Le hic que j'ai, avec cette BD, c'est que le récit reste volontairement flou même si on peut situer vaguement le passage des protagonistes : Afrique sub-saharienne, Maghreb et ensuite Marseille. Seulement, l'Afrique sub-saharienne est immense, la diversité des pays et des paysages ainsi que des langues et des cultures me conduisent à penser ce récit comme un peu trop simple. J'aurais aimé que l'ancrage soit plus clair et précis, montrant que le récit est certes construit sur des personnages inventés mais dans des réalités concrètes. Là, je m'interroge sur la part de fantasme du récit et de cette Afrique de village très refermés qui se font envahir de mercenaires. Je n'ai aucun doute que ça existe, actuellement en Centrafrique, mais j'aurais aimé cet ancrage concret qu'il manque ici. Pour le reste, le récit est bon et permets de montrer plusieurs choses à la fois, dans le parcours de ces deux jeunes gens. Il y a de longs trajets tâchés de sang jusqu'à la ville Phocéenne, qui n'est pas le paradis promis. Le récit est violent mais pour une bonne cause. C'est avant tout un récit de vie, dans un endroit du monde où la guerre est malheureusement beaucoup trop présente. Le dessin renforce pas mal cet aspect, même si je l'ai parfois trouvé un poil inconsistant dans les visages. Mais c'est une représentation efficace qui arrive à ne jamais esthétiser la violence et aussi à rendre concret la folie que les hommes peuvent subir. En fin de compte, ma lecture m'a plu mais je suis moins friand de ce genre de récit qui ne s'ancre pas assez dans la réalité (pour moi) par rapport à des récits qui permettent de saisir la réalité d'une Afrique complexe, bien plus que le pense l'Europe qui le range sous le terme simplifié de "Afrique", ne distinguant ni langue, ni culture, ni ethnie, ni pays dans ce grand ensemble. Bref, ça me semble intéressant mais pas assez précis.

06/02/2023 (modifier)
L'avatar du posteur ThePatrick

Bel album et histoire forte et dure. Plusieurs choses atténuent cependant cette force. Le dessin tout d'abord. D'une case à l'autre la tête des personnages change parfois beaucoup, les rendant difficile à distinguer, et surtout donnant l'impression de les faire changer énormément d'âge. Sur une même page, on pourra ainsi avoir un ado qui prend des airs de petit enfant, puis de presqu'adulte. Dans le même registre, et bien qu'on soit dans le domaine du détail, certains enfants ont des têtes beaucoup trop grosses. Ca m'arrrive assez peu souvent, mais ce point a un peu gêné ma lecture, ne facilitant pas l'immersion. Deuxième point ensuite, le conte qui s'immisce dans cette histoire. Il s'agit du conte de la hyène, mais aussi de la fin de cet album, qui le rapproche de la structure d'un conte. J'ai trouvé que cela éloignait l'album de son registre qui se voulait réaliste. Sans être particulièrement gênant, ça m'a un peu donné un sentiment de grand écart entre ces deux styles. Principal problème enfin, je n'ai pas réussi à être vraiment touché ou pris aux tripes, et c'est pourtant bien cela que j'attendais de cet album avec un tel sujet. On n'en n'était pas forcément loin, mais c'est passé un tout petit peu à côté, dommage.

10/04/2021 (modifier)
Par Yann135
Note: 4/5
L'avatar du posteur Yann135

Je vous préviens tout de suite, ça va vous secouer la couenne cet album ! Immédiatement vous serez confrontés au quotidien des enfants soldats au sein d’une guérilla où l’infamie et les monstruosités sont hélas trop fréquentes. Une horreur. Voici donc le récit qui décrit les parcours sanguinaires de deux frères que tout oppose. L’un est timide, craintif, doux et chétif et l’autre, l’ainé, athlétique, despotique, brutal et sans mansuétude pour son prochain. Ils se retrouvent pour se perdre de vue de nouveau. Nous allons les suivre du sud du Sahara en plein chaos aux quartiers nord de Marseille. C’est ultra violent et sanguinolant. Les balles des fusils mitrailleurs fusent. Aucun répit ne vous sera accordé. La guérilla urbaine menée par un pseudo révolutionnaire avec son lot de massacres et de pillages vous accompagnera sur presque 120 pages. Le scénario est dynamique sans temps mort, soutenu pas un graphisme sublime et très dynamique. Les traits des personnages sont particulièrement réussis notamment les yeux haineux des protagonistes. Voici donc un récit coup de poing, intense, cru et poignant mais ô combien noir qui vous prendra aux tripes.

30/03/2021 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

C’est un album violent sur la violence, qui ne s’embarrasse ni d’étude sociologique, ni de compassion, encore moins d’empathie. Au travers de la destinée malheureuse de deux frères, nous découvrons le côté cru, sordide d’une réalité parfois effleurée par certaines poussées médiatiques, à savoir les enfants soldats. Sans trop de transition – tout est donc brutal ici ! – nos deux garçons sont successivement recrutés par des groupes armés, l’un s’en accommode, tandis que le plus jeune le subit. Drogués, fanatisés, ces enfants soldats instrumentalisés sont embarqués dans des combats de plus en plus éloignés de tout. Baignant dans la violence, ils en perdent tout sens des réalités, alors que les deux frères s’éloignent l’un de l’autre (physiquement, mais aussi au niveau du refus ou non d’une attitude nihiliste). La fin, loin de l’Afrique qui les a vu naitre, et où la misère et la violence les avaient poussés vers un destin tragique, est assez noire. Une noirceur nécessaire, tant un happy end aurait paru déplacé ici. La métaphore qui donne son titre à l’album, et qui est illustrée en début et en fin de l’histoire, renforce encore ce récit vraiment désespérant – peut-être parce que réaliste. Note réelle 3,5/5.

17/11/2020 (modifier)
Par Puma
Note: 4/5

On est est loin du diptyque fantasy de « Les terres de Caël » et du bien léger récit d'aventure et d'espionnage « Spynest » d'Alliel. Ici, comme personnages principaux, deux frères, dont l’aîné se revendique l’ascendant et le mentor du plus jeune. Il le protège à sa façon aussi. Tout en le gavant de son mode de pensée auquel il est prié d’adhérer sans discuter. Démarrant dans la pauvreté absolue d'un village africain, le premier frère finira rebelle avant d’être mafieux à Paris. Le plus jeune frère veut rompre avec cette ascendance filiale qui l’empêche d’être libre. Partant de l'Afrique profonde et de la violence des conflits rebelles, l'on erre quelque peu ensuite dans la violence en bandes dans la banlieue urbaine française. C’est cru, violent, mais bien fait. Fin assez inattendue. 3,7 / 5 pour dessin comme scénario

04/05/2016 (modifier)
Par sloane
Note: 4/5
L'avatar du posteur sloane

Ça calme ! En fin d'ouvrage, les auteurs nous expliquent la genèse du scénario et nous disent qu'au cours de leurs recherches ils ont été tentés d'orienter le récit d'une autre manière mais que cette version faisait un peu trop pamphlet contre la "Franceafrique". Dommage, mais c'est bien "grâce" à des politiques occidentales et d'ailleurs que le continent africain vit cette situation depuis des années. Cette histoire est une claque qui nous montre le parcours de deux frères enrôlés de force dans un pseudo mouvement de libération. Même si ce récit est imaginaire, il se base sur des faits malheureusement bien réels. Enlèvements d'enfants dans les villages, asservissement par l'usage de drogues, puis le rythme infernal des exactions de toutes sortes. Plus tard l'un des deux frères parviendra à échapper à ce funeste destin mais pour replonger dans la violence, sa vie lui ayant été volée. Dans un scénario diaboliquement efficace C. Baloup nous place sous tension et ne nous lâche plus jamais jusqu'à une conclusion paroxystique. Par un ensemble de situations plus ou moins dramatiques il nous prend aux tripes sans tomber dans le pathos ou la surenchère (toujours l'on se dit : ''c'est comme ça en vrai"). Au dessin C. Alliel, est parfaitement à l'aise et nous offre un trait puissant aussi bien dans la jungle africaine que celle des grandes villes. Assurément un immanquable que tous les bédéphiles se doivent de lire.

26/09/2015 (modifier)
Par PAco
Note: 4/5
L'avatar du posteur PAco

C'est un véritable coup de crosse pleine mâchoire que nous colle cet album. J'ai beau ne pas être né de la dernière pluie et avoir lu quelques articles sur le sujet, Baloup au scénario et Alliel au dessin nous sortent l'artillerie lourde pour traiter de façon plus qu'efficace de la fabrique des enfants soldats. Ce que j'ai apprécié par dessus tout c'est le parti pris sans concessions de l'album. On part de loin pour nous montrer comment cet enfer va se déchaîner sur ces enfants, tout en nous montrant que méchanceté et cruauté n'attendaient parfois qu'une étincelle ou un prétexte pour s'exprimer. Sauf qu'une fois engagé, le processus ne peut que se terminer tragiquement. C'est ce que vont vivre deux frères qui vivaient paisiblement dans un pays d'Afrique. Ils vont progressivement basculer dans ce parcours tragique où violence, drogues et horreurs ne font que se nourrir et s'enchaîner. Récupérés et utilisés politiquement, ces enfants qui deviennent des machines à tuer finissent par être lâchés et hors de tout cadre de guerre, réintégrer une société avec laquelle ils sont en complet décalage. Le scénario de Baloup nous trace ce triste cheminement de façon intelligente, sans non plus tomber dans l'apitoiement envers ces "enfants" qui ont vécus et commis des atrocités. Il embraye une intrigue dans une cité marseillaise où Talino essaye de retrouver son frère Anouar, et enchaine les flashback sur leur jeunesse pour nous dresser le tableau édifiant de leur parcours. Le dessin d'Alliel que je découvre avec cet album colle à merveille avec l'histoire. Je mettrais juste un bémol sur la colorisation de certaines planches par Facio, que je trouve un peu trop vive à mon goût. En tout cas, cet album est vraiment une réussite, d'autant que c'est pour moi typiquement le genre de sujet casse-gueule en BD. A lire !

18/05/2015 (modifier)
Par Erik
Note: 4/5
L'avatar du posteur Erik

J'ai rarement lu une bd avec des qualités intrinsèques aussi éclatantes sur ce sujet. C'est une Afrique noire bien sombre que l'on découvre au travers de ces soldats enfants mercenaires. Faut-il être une espèce de non-voyant ou un jeune-vieux provenant d'une autre planète pour ne pas le voir ? Chacun ses goûts dirait l'autre. Ames sensibles s'abstenir. Le ventre de la hyène nous prend aux tripes avec des personnages charismatiques qui crèvent l'écran. On ne demande pas de les aimer. Le propos se situe ailleurs. Cela sera sans aucune concession jusqu'au final émouvant ou éprouvant. La violence sera omniprésente mais sans tomber dans le spectaculaire. On est pris par le récit sans jamais le lâcher. La hyène n'est pas un animal sympathique. Ce qui ressort de son ventre ne peut pas être divin, on l'aura compris. La haine est comme une maladie qui ravage le coeur des hommes. Ce parcours initiatique de ces deux frères méritent le détour car c'est réellement impressionnant de réalisme. J'aime cette forme de maturité dans la bd moderne.

08/02/2015 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
L'avatar du posteur Gaston

Je suis du même avis que Rody. Même si le scénario est bon et qu'il traite de sujets graves (notamment les enfants soldats), le scénario ne m'a jamais touché au point où je voulais pleurer sur le sort de ces personnages fictifs. L'histoire traite bien de la violence telle que vécue dans plusieurs parties de l'Afrique et il y a plusieurs scènes très intéressantes. Le dessin est dynamique, mais parfois je trouve les expressions des personnages exagérées. On dirait parfois que leurs visages sortent d'une série humoristique du style Mad qui exagère les émotions des personnages pour faire rire alors retrouver cela dans un scénario 100% sérieux cela fait un peu décalé.

20/12/2014 (modifier)
Par Spooky
Note: 4/5
L'avatar du posteur Spooky

Très bel album. Je pense que l'éclatement du cadre historique et géographique a permis au scénariste de laisser libre cours à son imagination, son envie de raconter des choses plus fortes, plus rageuses que ce qu'il avait fait jusque-là. Un récit sans concession donc, empli de haine et de violence, et dont les images, sans être insoutenables, sont quand même assez fortes. Le travail de Christophe Alliel semble exploser sur cet album. Il s'attache à rendre de façon aussi réaliste que possible, avec quelques détours en termes de mise en scène, les situations à la limite de la rupture écrites par Clément Baloup. Un très beau boulot, qui prouve qu'on peut le voir sur autre chose que sur Spynest, où il est déjà très bon.

02/11/2014 (modifier)