Les interviews BD / Interview de Marzena Sowa et Sylvain Savoia

Ils vivent ensemble et l’enfance polonaise de Marzena a donné lieu à l’une des bandes dessinées les plus touchantes de ces dernières années, grâce également au talent graphique de Sylvain. Rencontre avec un couple d’auteurs touchants.

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Sylvain Savoia Marzena et Sylvain, bonjour, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Sylvain Savoia, 38 ans, Français et auteur d'une quinzaine d'albums pour le moment (Nomad, Al'Togo, Marzi...) et ancien membre fondateur de l'atelier 510TTC à Reims avec mes copains de lycée et de travail (J.D. Morvan, Ch. Lerolle, Ph. Buchet...). Depuis trois ans, je partage mon temps entre Bruxelles et un coin perdu de la campagne française ce qui est salutaire à mon équilibre. Un peu de capitale européenne fourmillante et multi-culturelle profondément attachée à la bande dessinée et un peu d'isolement naturel bercé de bruit du vent dans les arbres et de chants d'oiseaux. Marzi est pour moi une suite logique de ce que j'ai envie de raconter en bd, ce qui m'intéresse le plus est de faire vivre les personnages et transmettre leurs émotions quel que soit le cadre. Science-fiction, polar, western ou autobiographie, tout cela n'est qu'un emballage à l'humain.

Marzena Sowa Marzena Sowa, 29 ans, Polonaise vivant en France depuis le 28 juin 2001, ayant fini à Bordeaux des études en lettres, scénariste de Marzi, série autobiographique qui depuis plus de trois ans est éditée par Dupuis et qui raconte mon enfance vécue en Pologne sous le régime communiste.

Marzena, comment t’est venue l’idée de raconter ton enfance polonaise par le biais de la BD ?
Marzena : Quand je suis venue en France, à vrai dire je ne savais pas grand chose de la bande dessinée. Je l’ai découverte grâce à Sylvain dont le métier est de faire de la bande dessinée. J’ai commencé alors à piocher quelques albums que Sylvain me conseillait mais je ne pensais pas du tout en faire un jour, encore moins une série autobiographique. Pour moi, mon enfance était tout ce qu’il pouvait y avoir de plus ordinaire, mais quand j’ai commencé à raconter ça à Sylvain, j’ai compris que c’était ordinaire juste pour les Polonais. Il m’a demandé de mettre sur papier mes souvenirs d’enfance pour ne pas les oublier, ce que j’ai fait. Et après, petit à petit, il a construit un personnage autour de mes histoires qu’il lisait.

Accéder à la fiche de Marzi Ta famille, restée au pays, est-elle au courant de cette aventure ?
Marzena : Oui bien sûr. Depuis peu ils peuvent enfin savoir ce que j’écris sur moi et surtout sur eux car le livre est traduit en polonais. Pour eux, je crois que c’est quelque chose d’incroyable. Car ils ne pensaient pas qu’un jour j’allais me consacrer à l’écriture, qu’on allait parler de moi. Il faut dire, que l’éditeur polonais a fait beaucoup de bruit dans les médias autour de la sortie de Marzi. Ma famille m’a toujours considérée comme effacée, observatrice, peut-être même insignifiante. Mais ils ne se sont sûrement pas rendu compte que cela, cette timidité, ce retrait et cette observation, pouvait apporter des fruits un jour, tel que ce bel objet qu’est un livre. Ils s’amusent à se découvrir dans Marzi. Cette bande dessinée leur permet aussi de faire un pas en arrière, de réfléchir à ce qu’on a vécu. Ils me racontent d’autres histoires, pas forcément celles qu’on a vécues ensemble. C’est très enrichissant et je suis contente que Marzi leur ait donné cette envie.

Le fait de raconter son enfance n’est pas très original en BD. Par contre, raconter ça avec les mots et les réflexions d’une petite fille de 7 ou 8 ans, c’est plus rare. Comment es-tu arrivée à te remettre dans la peau de la Marzena de 1986 ?
Marzena : Il y a toujours eu une petite fille en moi je crois qui n’a jamais pu parler et que j’ai réussi à ressusciter maintenant. C’est du travail, mais c’est aussi fascinant de replonger dans son enfance, de retrouver les émotions de l’époque, les souvenirs les plus enfouis. Je suis une personne introvertie, je retiens beaucoup de choses, j’espère que j’en oublie peu, cela aide beaucoup à faire des voyages en arrière. Mais c’est aussi un exercice qui demande qu’on soit assidu et régulier.

Extrait de Marzi Tu as l’air de plus en plus à l’aise au fil des histoires et des albums. A mesure que Marzi grandit et comprend le désespoir qui l’entoure, on ressent de façon plus aigüe ses sentiments. C’est vraiment une évolution intéressante.
Marzena : Merci. D’un côté, Marzi grandit, elle en est de plus en plus consciente, son caractère se forge à travers la vision du monde qui s’offre à elle. D’autre part, moi, je m’approprie de mieux en mieux (j’espère !) cet outil qu’est la bande dessinée.

C’était une époque rude, mais avec tes cousins, tes voisins, tes camarades d’école, vous inventiez de nouveaux jeux. L’innocence peut-elle s’épanouir dans les pires conditions ?
Marzena : L’innocence sera toujours là, peu importent les conditions dans lesquelles on vit. C’est quelque chose d’universel, c’est ce qui définit l’enfance. Lorsque l’innocence n’est plus là, je ne sais pas si on peut encore considérer un enfant tel quel… Il a déjà mis un pied dans le monde adulte. Concernant Marzi, après, bien évidemment, elle subit différentes évolutions.

L’image de ta mère est fortement écornée dans les scènes où elle apparaît. Elle est souvent représentée comme une mégère acariâtre, alors que c’est peut-être tout simplement son éducation judéo-chrétienne très stricte qui la guidait. Comment sont tes relations avec ta mère aujourd’hui ?
Marzena : Ma mère est toujours une mégère… Et elle le sait. Tout le monde le sait, dans la famille et maintenant à cela s’ajoutent les lecteurs… Mais on peut aimer les mégères, vous savez ? Maintenant que j’habite loin, je m’entends très bien avec elle… au téléphone. Dès qu’on se voit, les querelles éclatent, des pas graves car personne ne pleure, ne s’arrache les cheveux. On se dispute deux minutes et puis tout rentre dans l’ordre. Il y a juste Sylvain qui ne comprend pas le polonais et qui est loin de maîtriser la situation...

Accéder à la fiche de Marzi Certains lecteurs ont mis en parallèle Marzi et Persepolis, réalisé par une jeune femme qui a presque le même prénom que toi, et sur un sujet similaire. Un petit mot sur l’œuvre de Marjane Satrapi ?
Sylvain : C’est une comparaison qui revient régulièrement. Je crois que plus aucune fille étrangère ne pourra raconter ses souvenirs sans être comparée… Mais comme j’en ai entendu beaucoup parler (c’est rien de le dire) et que je n’ai pas lu les albums, je suis allé voir le film au cinéma. J’ai bien aimé, je trouve les dessins plus attirants de cette manière.

Par contre, j’ai été surpris car c’est assez éloigné de Marzi. Dans Persepolis, l’héroïne est adulte, consciente du monde qui l’entoure. Elle se pose en analyste de son histoire et de l’histoire de son pays, c’est un album pour adultes. Le thème et le point de vue de Marzi sont différents et c’est un album tout public. Marzi est une petite fille qui raconte son quotidien avec ses mots d’enfants, sa fragilité. Elle n’a aucun recul et ne juge rien en rapport avec les événements futurs. Elle ne sait pas ce qui va se passer et d’ailleurs ça l’angoisse beaucoup. Persépolis est un album sur une adulte qui se souvient et Marzi un album sur une enfant qui essaie de grandir. La similitude vient du fait que l’enfance est universelle. Je suis surpris qu’on mélange tout. Et Marzena se fait appeler Marzi dans la bd. Forcément la comparaison est tentante. Mais dans le domaine autobiographique sur l’enfance, j ‘aimerais plutôt tendre à quelque chose comme Paracuellos de Carlos Gimenez.

Marzena : Je connaissais un peu l’Iran grâce à un auteur polonais, le reporter Ryszard Kapuscinski. Son livre « Shah » (1982), est traduit en plusieurs langues, notamment en français. J’ai beaucoup apprécié son point de vue (je suis une fan de Kapuscinski). Il parle de ce qu’il voit avec sincérité et simplicité. Sa vision me correspond parfaitement. M’enrichit. Je voyage avec lui sans bouger de mon fauteuil de lecture. Et malgré ses origines polonaises, il a su très bien rendre cette ambiance d’impuissance, de pauvreté. Persepolis apporte un petit plus à mon savoir sur l’Iran et étant donné que l’histoire est racontée par une personne qui y est née, qui y a vécu, j’y ai trouvé de l’intérêt.

Extrait de Marzi S’il y a une scène, une image que tu garderais de cette époque, ce serait laquelle ?
Marzena : Une image c’est peu. Ca serait quelque chose de personnel. Très souvent, dimanche après la messe, avec mon père, on allait ensemble (juste quand il faisait chaud) manger des glaces à l’insu de ma mère qui avait peur de la salmonelle et de tout un tas de choses… Récemment, je suis partie en Pologne avec Sylvain pour la promotion de Marzi en polonais et je suis retournée dans ma ville natale. Le magasin de glaces existe toujours, mais le plus émouvant est que c’est toujours la même dame qui les vend. Et les glaces sont toujours aussi bonnes… Juste dommage que mon père ne soit plus là.

Aujourd’hui, quelle est la situation économique et politique en Pologne ?
Marzena : C’est un sujet très vaste, impossible de résumer ça en quelques lignes ! Disons que ce n’est pas bon, mais ça pourrait être bien pire. Depuis que la Pologne est dans la Communauté Européenne, beaucoup de personnes (beaucoup de diplômés) quittent le pays pour chercher du travail à l’étranger (Angleterre, Irlande, Espagne). Je comprends ça très bien car l’étranger leur offre un meilleur travail, plus d’opportunités. Mais leur départ déstabilise la Pologne (qui déjà depuis des années est loin d’être stable), d’où le président de droite (avec des idées presque d’extrême-droite) qui joue sur la démagogie populiste (c’est une tendance lourde en ce moment) et religieuse. Le pays s’appauvrit malheureusement et les historiens disent qu’il ne s’est pas encore remis sur pied après le départ des Russes et la chute du Mur.

Extrait de Marzi Lorsque tu rencontres un lecteur de Marzi, tu lui offres une orange ou une mandarine. Quelle est la portée symbolique de ce geste ?
Marzena : Je l’ai fait juste pour ma première séance de dédicace au festival de bd à Amiens « On a marché sur la bulle ». Le livre, les gens l’ont acheté, à part les quelques mots que j’ai marqué dans chaque Marzi, j’ai voulu offrir quelque chose de plus. Créer quelque chose de plus qu’un simple échange de 3 minutes où les scénaristes sont si rares et les dessinateurs si occupés par le fait de dessiner qu’ils voient à peine les têtes de gens à qui ils signent les albums. Pour moi, l’orange, c’est le soleil et le soleil, c’est la chaleur, la joie. C’est ce dernier que j’ai voulu partager. Quelque chose que je n’avais pas et que maintenant je peux avoir, j’ai envie de le partager comme je partage mon histoire.

As-tu encore beaucoup d’anecdotes de ton enfance à nous raconter ? Quel âge auras-tu à la fin de la dernière histoire ?
Marzena : Je n’appellerais pas ça les anecdotes (l’état de guerre ou Tchernobyl, ce n’étaient pas des anecdotes…). Ce sont des histoires, des bribes de la vie qui ont fait de moi la personne que je suis maintenant. Et pour répondre à ta question, comme Marzi est une série autobiographique, tant que j’existe, j’aurai des histoires à raconter. Mais il faut s’arrêter à un moment donné. Le cinquième tome, le dernier de la petite Marzi, s’achèvera probablement (car l’histoire n’est pas encore écrite) quand l’héroïne aura 13 ans.

Extrait de Marzi Sylvain, il t’a fallu « simplifier » ton trait pour réaliser Marzi. Cette évolution est-elle venue spontanément, ou t’a-t-il fallu beaucoup de travail pour formaliser ce trait ?
Un trait n’est jamais réellement simple, même s’il le paraît. Disons que j’ai consciemment changé de style de dessin. C’était une envie présente depuis un moment déjà. Mais le fait d’avoir réalisé des centaines de pages pour les agences de communication dans des tas de styles différents m’a largement aidé. Le trait de Marzi est venu naturellement. Le principe était de me faire plaisir en évitant tout le côté laborieux des autres albums que j’ai réalisés. Je ne voulais que du bonheur dans cette création. Et je dois avouer que je m’amuse beaucoup à animer Marzi et ses contemporains.

Participes-tu à l’écriture de Marzi ?
Non, c’est l’histoire véridique de Marzena, je ne pourrais pas intervenir. Et Marzena a un ton, une narration différente de celle que je pourrais avoir, elle est suffisamment douée pour écrire seule. Nous discutons malgré tout de chaque histoire pour parfois changer une structure, ou l’alléger. Des éléments peuvent passer uniquement par le dessin ou au contraire nécessitent une explication. Mais dans l’ensemble, Marzena maîtrise tout ça de mieux en mieux au fur et à mesure des albums. Elle a une capacité d’apprentissage assez étonnante. C’est pourquoi elle parle cinq langues alors que moi j’ai déjà du mal à bredouiller en anglais.

Accéder à la fiche de Reflets Perdus Tu as débuté sur Reflets Perdus, il y a près de 15 ans. Il s’agissait d’un western fantastique assez atypique, scénarisé par Jean-David Morvan, lui aussi débutant. Malheureusement la série a été arrêtée au premier tome. Des regrets ? Un retour sur cette première publication ?
15 ans, oui, il est sorti en 1993. Un album de débutant, avec beaucoup de choses dedans plus ou moins bien maîtrisées, mais surtout beaucoup de motivation. C’est terrible un premier album. On s’en fait une montagne, on bloque sur des tas de détails et on oublie un peu l’essentiel. On discute pendant des heures, on hésite… Et puis quand on a l’album entre les mains, c’est une drôle de sensation. Un sentiment mélangé de satisfaction et de honte. Bref, c’est assez difficile, mais nous avions la chance durant la réalisation de travailler avec l’équipe originale de Zenda, avec Jacques Colin et Doug Headline entre autres avec qui le courant passait bien. Ils avaient une motivation extraordinaire et quelques beaux albums derrière eux.

Malheureusement avant la fin de l’album, la maison d’édition a été rachetée par Glénat et l’équipe a été remplacée par Jean-Claude Camano qui héritait d’un tas de projets qu’il n’avait pas signés. Il a publié notre album en nous disant qu’il n’y aurait pas la suite. C’était décevant de commencer de cette manière.

En 1994 sort le premier tome de Nomad, où tu es aux pinceaux avec Philippe Buchet. La progression graphique est énorme depuis Reflets Perdus. Comment vous répartissiez-vous les tâches, avec Buchet ?
En fait, j’ai mis presque deux ans à faire mon premier album, un 46 pages et là, Glénat me proposait de dessiner un 136 pages tous les huit/dix mois. C’est à dire trois fois plus de travail en deux fois moins de temps. Avec Jean-David, on s’est vite dit que ça ne serait pas possible et je lui ai présenté Philippe, un dessinateur avec qui j’avais sympathisé qui travaillait comme directeur artistique dans l’agence de communication qui m’employait en free-lance. Je savais qu’il avait très envie de faire de la bd, mais son boulot lui prenait trop de temps pour lancer un projet seul.

Accéder à la fiche de Nomad On s’est réparti les crayonnées. Au départ, il dessinait surtout les décors et moi les personnages et puis tout s’est mélangé, surtout sur le deuxième tome. Après j’encrais tout ça.

L’influence du manga est évidente sur cette série, dont tu feras seul les dessins à partir du tome 3. Quels sont tes auteurs nippons préférés ?
Euh… À vrai dire à l’époque je connaissais juste Otomo et Shirow. Ma culture manga était faible et elle est à peine meilleure à présent. Je pioche un peu au feeling. Je crois que mon manga préféré pour le moment, c’est Planètes. Moi, j’ai plutôt une culture franco-belge et Philippe c’étaient plutôt les comics qui l’avaient marqué.

Sinon, oui, Philippe a eu envie de travailler seul sur un autre projet et comme j’étais lancé, j’ai fait seul le tome trois. Mais à mon avis, c’est le moins bon. C’est aussi le moment où je me suis mis à la couleur informatique (avant c’était Yves Chagnaud qui s’en occupait). Beaucoup de challenges en même temps !

Entre la sortie du dernier Nomad et celle du premier Al'Togo il passe deux ans et demi. Qu’as-tu fait dans l’intervalle ?
Beaucoup de travaux de communication et puis, j’avais perdu un peu la foi. J’ai mis du temps à démarrer Al’Togo. Ma vie a été assez déstructurée aussi. C’est difficile de faire des albums en courant partout. C’était un peu un cauchemar. Et puis on a présenté Al’Togo chez Dargaud qui a accepté tout de suite. Les rapports m’ont semblé infiniment plus simples qu’avec Glénat. Je me suis senti un auteur pour la première fois de ma vie. C’était très agréable et ça m’a donné confiance en moi.

Et presque simultanément sort le premier Marzi ! Cela fait 7 albums en moins de 5 ans, beau rythme. Comment passes-tu de l’un à l’autre à un rythme aussi élevé ?
Avec toute cette confiance nouvellement acquise, j’ai eu envie de me démarquer de l’atelier 510 et d’avoir un autre univers, radicalement différent. Le fait que Marzi paraisse dans Spirou me donne une pression constante et des délais réguliers. Ça m’aide à ne pas prendre de retard. Et l’alternance entre les deux albums ainsi que les travaux de communication ou de publicité que je fais encore un peu me permettent de ne pas m’ennuyer dans une seule voie. Cette année, je devrais me diversifier encore plus. Le tome 4 d’Al’Togo est sorti en janvier et je suis en train de travailler sur le tome 5. Le tome 4 de Marzi sortira en septembre accompagné d’une nouvelle version intégrale des trois premiers destinée à un autre public et un tirage spécial de ce tome 4 sera édité par le festival d’Amiens à l’occasion de la belle expo de Marzi qui sera présentée au public les 7 et 8 juin prochain. Et puis après je m’attaque à autre chose pour remplacer Al’Togo. Très certainement seul cette fois. Un nouveau challenge, chouette !

Accéder à la fiche de Al'Togo Revenons à Al'Togo. Jean David a encore écrit une trame très riche, avec des personnages complexes (Al semble cacher bien des choses dans le tome 4). La série nous fait voyager dans toute l’Europe ; travailles-tu sur documentation ou fais-tu des voyages de repérage ?
J’en ai fait certains, Jean-David d’autres, je récupère de la doc partout. C’est le piège de cette série. Les héros se baladent dans des endroits que les lecteurs sont susceptibles de connaître. Je ne peux donc pas trop m’arranger avec la réalité. Mais je ne suis pas un maniaque du détail parfait. Je préfère de loin jouer avec les personnages, les faire vivre, interagir…

As-tu l’impression d’avoir atteint la maturité avec cette série ? De nombreux lecteurs semblent apprécier le dessin, en tous les cas…
La maturité ? Non ! Pas du tout, j’ai l’impression de commencer à apprendre à dessiner. Je ne sais pas si j’aurais le temps d’atteindre la maturité. Mais, beaucoup de connexions se sont opérées dans mon cerveau ces derniers temps. Je crois que je sais où je vais, où j’ai envie d’aller en tout cas. Mais il me faudra encore un peu de temps. De toute façon, je suis incapable de garder le même style de série en série. Je compte bien continuer à varier les plaisirs.

Il n’y aura que 5 tomes pour cette série. Etait-ce prévu comme cela dès le départ ?
Non, mais apparemment il n’y a pas autant de lecteurs qui apprécient le dessin ou les histoires. C’est comme ça. Certaines séries rencontrent leur public, d’autres non. Il n’y a pas de recettes et tant mieux pour la bd. Tant pis pour moi !

Que vas-tu faire après ? As-tu des projets ?
J’en ai tellement, que je vais devoir me réincarner pour les mener à bien, où alors durer très longtemps… mais de toute façon, de nouveaux projets prennent vie régulièrement. Il y a aussi des surprises, des envies, des rencontres. C’est un métier où on s’ennuie assez peu.

Marzena et Sylvain, merci.
Interview réalisée le 02/05/2008, par Spooky.