Auteurs et autrices / Interview de Sophian Cholet

Fan de zombies, de films post-apocalyptiques sanglants et crayonneur compulsif, Sophian Cholet, dessinateur de la nouvelle série à succès "Zombies" chez Soleil, a répondu à nos question de manière brève et concise, enfin... presque !
Il nous a aussi offert l'exclusivité sur certaines planches couleur du T2 à paraître, n'oubliez pas de cliquer sur les images de l'interview, il y a de jolies choses cachées derrière ;)

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Sophian Cholet Bonjour Sophian, peux-tu te présenter en quelques mots ?
Bonjour! J'ai 27 ans, je vis à Angoulême et suis occasionnellement le dessinateur de « Zombies » !

Tu es tout jeune dans le monde de la BD, « Zombies » chez Soleil est ta première œuvre, tu as également illustré une fille de chez Soleil et une guerrière celte. Comment es-tu arrivé dans le 9ème art ?
Enfant, je redessinais les scènes de la série télévisée V, puis j'ai été très vite attiré par la bande dessinée, qui conciliait mon intérêt pour la lecture et mon amour du dessin. A l'âge où l'on envisage habituellement un avenir de « pompier - gendarme - vétérinaire - astronaute », j'aspirais déjà à une carrière de dessinateur. Je découvre dans la bibliothèque de mes parents pêle-mêle « Tintin (Les aventures de) » et « La Foire Aux Immortels », puis, en parallèle de mes premiers Stephen King, viendront « Dragon Ball », « Akira », « Gunnm », « Spawn »...
Un bac S en poche, j’ai fait deux années d’études en finances et comptabilité pour « m’assurer un diplôme » (et rassurer mes parents). J’ai ensuite suivi un semestre d’Arts Plastiques à l’université, mais il y avait trop peu de cours de dessin et j’ai vite réalisé que des études aussi peu « encadrées » ne me convenaient pas. Puis, j’ai fait quelques petits boulots assommants, qui m’ont convaincu de la nécessité de revenir au dessin.
Accéder à la BD Zombies (Soleil) J’ai ensuite intégré une formation en animation à Studio M Montpellier, dont j’ai été extrêmement déçu, mais qui m’a donné l’occasion de rencontrer Thomas Debitus, ancien layout-man en long-métrage chez Disney et alors professeur et responsable de ma section. Comme d’autres élèves, j’ai peu à peu cessé de fréquenter les cours prévus, préférant suivre Thomas de classe en classe, jusqu’à ce que naisse le projet de « L’Atelier », formation intense en deux ans en animation, bande dessinée et illustration. Plus qu'un simple enseignement artistique et technique, j'y ai surtout appris la rigueur et l'autodiscipline qu'exige l'exercice de cette profession.

Comment as-tu été choisi comme dessinateur pour la série ?
Au cours de ma seconde année de formation, je suis allé présenter pour la première fois mon dossier de bande dessinée aux éditeurs à l’occasion du festival d’Angoulême 2009. Il s'agissait d'une histoire de zombies d'une soixantaine de pages, intitulée « Dévoré », et dont j'avais dessiné les neuf premières planches. Le scénario n'a pas emballé les éditeurs, mais mon dessin a été plutôt bien reçu, notamment par Jean-Luc Istin, directeur de collection chez Soleil. Il m’a très vite proposé de me mettre en relation avec le scénariste Olivier Péru pour travailler sur ce premier album.

Dessin de l'ex-libris proposé avec le T1 de Zombies Comment se passe la collaboration avec le scénariste et le coloriste ? C’est chacun chez soi en séquence ou un travail de groupe avec des interactions dans tous les sens ?
C'est un vrai plaisir de travailler avec Olivier et Simon. Il s'agit d'une vraie collaboration, à chaque étape de l'élaboration de l'album : Olivier et moi discutons très régulièrement de la direction que prend le récit, des dialogues, du découpage, de la mise en scène et du dessin, tout en respectant le travail et la place de chacun. Etant lui-même dessinateur, Olivier m'apporte son expérience professionnelle et un véritable second regard sur mon travail de débutant ; il est d'un grand soutien tout au long de ces mois de travail, parfois difficiles. C'est tout à la fois un travail de groupe et de vraies séquences de travail solitaire : Olivier m'envoie le scénario par séquence de quelques pages, et nous nous appelons très rapidement pour que je puisse partager mes premières impressions. Je m'attelle ensuite seul au storyboard dont je propose une première version à Olivier.
Une fois la séquence validée, je dessine et encre dans la foulée, ajoute les dialogues et voix-off et en profite parfois pour proposer à Olivier quelques modifications de texte. Les pages finalisées en noir et blanc, nous nous assurons qu'elles conviennent à Jean-Luc, le directeur de collection, et les envoyons à Simon, le coloriste.
Le scénario d'Olivier propose souvent quelques indications d'ambiance qui aident à fixer la gamme colorimétrique utilisée pour telle ou telle séquence.
J'interviens peu en amont de la mise en couleur car Simon réalise un superbe travail dont je serais bien incapable. Il m'arrive parfois de donner quelques précisions quant à l'intention d'un dessin ou l'aspect des personnages, mais Simon étant très ouvert au dialogue, il y a de toute façon beaucoup d'échanges autour des planches une fois une première mise en couleur effectuée.
Dès la première page test, Simon a offert une vraie ambiance à l'album, mon dessin gagnait immédiatement en caractère, la narration se faisait évidente. Il n'était plus envisageable de bosser avec quelqu'un d'autre tant son travail nous a plu.
Evidemment, il nous arrive de tomber en désaccord, mais entre gens raisonnables...

Cliquez pour voir un extrait du T2 et la version couleur (par Simon Champelovier) en exclusivité Combien de temps t’a pris la réalisation de la très belle couverture du tome 1 ?
L'enjeu d'une couverture, c'est de trouver LA bonne idée. Celle-ci est venue d'Olivier ! La réalisation a dû m'occuper entre trois et quatre jours, mais s'est révélée plutôt amusante puisque cette foule de zombies était l'occasion d'y placer quelques personnes de mon entourage... et moi-même !

Quelle est la plus grande difficulté graphique que tu aies eu à surmonter durant la conception de ton album ?
Pour être franc, presque tout se révèle être une difficulté graphique sur un premier album (d'ailleurs, ça perdure sur le second...). Certaines échelles de plan m'ont posé problème, trouver le niveau de détail approprié, apporter du naturel au « jeu d'acteur » des personnages, gestuelle et expressions du visage, conserver la spontanéité du dessin à l'encrage... et concilier tout ça aux délais impartis !
Le dessin réaliste réclame une mise en place précise et rigoureuse pour rester crédible, sinon ça ne fonctionne pas et l'image se casse la gueule.
L'encrage nécessite une attention toute particulière car il est seul garant du résultat que le lecteur tiendra entre les mains. Je prends régulièrement le temps d'étudier le dessin et les encrages d'autres dessinateurs, à essayer de saisir ce qui fait la qualité de leur travail et qui fait défaut au mien, chercher comment obtenir dynamisme et souplesse, combiner énergie et élégance.
La plume peut être travaillée de bien des manières, pour ma part j'essaie de « jeter » mon trait au maximum, avec les accidents (heureux et malheureux) que cela entraîne. Et puis, il faut très vite apprendre à dessiner toutes sortes de choses, des bateaux comme les couloirs d’une prison ou un hélicoptère... ou du moins trouver des solutions graphiques acceptables !

Cliquez pour voir un extrait du T1 L’accueil réservé au premier tome de la série est plus que bon, même et surtout auprès de lecteurs qui n’appréciaient pas forcément le genre « zombies » avant, t’attendais-tu à cela ?
Avant tout, on souhaitait réaliser un album qu'on aimerait lire, donc avec les exigences d'amateurs du genre, sans pour autant laisser de côté les non-initiés. Je n'ose pas dire qu'on avait la prétention de toucher le « grand public », mais si c'est le cas, tant mieux ! En tout cas, on est vraiment ravi de l'accueil qui a été réservé à ce premier tome...

Quel effet cela fait-il de voir sa bande dessinée en vente en magasin ?
Pour l'anecdote, je n'avais toujours pas reçu mes exemplaires la veille de la parution de l'album. Je me suis rendu illico chez mon libraire à Angoulême, qui a eu la gentillesse de me laisser parcourir l'album en « avant-première » !
J'étais assez inquiet du travail d'impression réalisé sur l'album et j'ai été agréablement surpris dès la couverture. Je pensais pouvoir prendre un peu de distance vis-à-vis de mon travail une fois celui-ci couché sur papier, mais il m'est toujours impossible de lire « Zombies » comme un autre album.
Malgré les reproches que je me suis fait à la découverte de ma bande dessinée en magasin, le plaisir de voir plus d'un an de travail enfin concrétisé l'emporte sur le reste.

Accéder à la BD Walking Dead As-tu demandé à un marchand de bandes dessinées de te conseiller une série sur les zombies, taisant bien évidemment ton identité ? Le cas échéant, t’a-t-on recommandé « Zombies » ?
Ah ! C'est vicieux, ça, comme idée ! Oui, j'ai déjà pensé à le faire, mais je me suis trouvé drôlement tordu, donc je n'ai pas poussé plus loin que de l'envisager. Et puis, j'avais la certitude de me voir proposer en premier lieu la lecture de « Walking Dead »... Peut-être pour le second tome ?

« Zombies » est considéré comme le Walking Dead français, agacé ou flatté ?
Flatté !
Même si je n'en ai lu que les premiers tomes, je connais la réputation et le succès du récit de Kirkman et Adlard, et j'en reconnais volontiers les qualités même si, à mon sens, nous nous inscrivons dans un registre différent. Les qualités du survival « Walking Dead » sont dans sa structure de série addictive, son grand nombre d'épisodes et de personnages, dont les personnalités ont le temps d'être révélées et développées, les zombies devenant quasi-accessoires.
Sans prétention, nous souhaitions nous inscrire dans une démarche davantage cinématographique (d'où le découpage du prologue), et l'écriture d'Olivier se doit d'être aussi riche tout en étant beaucoup plus concise... Pas facile ! La comparaison avec « Walking Dead » semblait inévitable, mais je suis content de voir que notre récit s'en démarque et propose une alternative qui a enthousiasmé libraires et lecteurs fans de zombies.

cliquez pour voir le dessin de couverture du T2 La suite, c’est pour quand ?
Le tome 2 est annoncé pour le 22 Juin 2011, même si la horde de zombies qu'a imaginée Olivier me donne du fil à retordre !

En combien de tomes la série est-elle prévue ?
Trois tomes pour l'épopée de Sam en territoire « Zombies », même si nous avons quelques très bonnes idées pour explorer l'univers de Zombies à l'issue de cette trilogie, géographiquement et historiquement...

Peux-tu nous donner la certitude que la série sera bien complétée (cause éditeur Soleil d'où méfiance des consommateurs qui hésitent à acheter un premier tome lors de sa sortie) ?
Absolument ! Le premier tome a été très bien reçu et j'ai toute confiance en Soleil, qui m'a clairement signifié son soutien à la série.

La ligne narrative est-elle déjà clairement définie ou cela va t-il varier en fonction du succès rencontré ?
Olivier a une vue précise de la fin de la trilogie et des moyens d'y arriver, même s'il me réserve souvent quelques surprises à la découverte du scénario, à l'instar du dénouement du premier tome. Nous nous concentrons donc sur ces trois tomes, avec une vraie fin au bout, quelle qu'elle soit !

Affiche du film 28 days after Le projet Zombies s'est-il imposé de lui-même vue la mode zombie du moment ou cela a-t-il répondu à une passion personnelle ? Les deux ?
Tout jeune, je me suis passionné pour le cinéma fantastique, tout en continuant à dessiner, à la maison comme à l’école. Mon goût prononcé pour le cinéma d’horreur m’a poussé naturellement vers les films de zombies, et je me suis promis de dessiner un jour une histoire dans le genre.
Tout naturellement, j'ai profité du projet personnel imposé tout au long de ma formation à « L'Atelier » pour développer l'histoire d’un one-shot de zombies intitulé « Dévoré », projet que j’ai présenté lors de mes entretiens à Angoulême en 2009. Jean-Luc développait alors une collection Anticipation chez Soleil et je me pointais avec un carton à dessin rempli de zombies...
Il m'a mis en contact avec Olivier, on s'est assuré des goûts et références BD et cinématographiques de chacun et, entre amateurs du genre, on a tout de suite eu envie de travailler ensemble.
En ce qui concerne Olivier et moi, le projet « Zombies » répondait simplement à un véritable goût du récit post-apocalyptique ; le regain d'intérêt général pour le genre a sans doute aidé le projet à exister éditorialement.

Affiche du film Planet Terror Quelles sont tes influences zombiesques en termes d'oeuvres déjà existantes (tous médias confondus) ?
Mes références sont essentiellement cinématographiques ; le « survival » est un genre très codifié et il est toujours intéressant de voir ce que chaque réalisateur a pu y apporter. 28 days later est à mon avis le top de ces dernières années, le rythme nerveux et l'ambiance y constituent des modèles du genre. Night of the living-dead de Tom Savini, les premiers Romero bien évidemment, restent excellents. J'ai aussi revu le Dawn of the Dead de Zack Snyder, même si je reste agacé par certains tics de réalisation, Planet Terror, hommage gonflé aux films de série B, Zombieland et son générique super classe, Shaun of the Dead, Braindead, Return of the living-dead de Dan O'Bannon... Le travail réalisé sur les décors de I am legend m'a beaucoup plu, même si je me suis davantage inspiré pour mes propres décors du boulot incroyable d'Otomo dans le chef-d'oeuvre « Akira ».

Dans tous les médias, le zombie est de plus en plus représenté. Quel est, selon toi, le petit plus qui démarque Zombies des autres productions du genre ?
J'ai tout de suite été séduit par les pistes de scénario qu'Olivier proposait de développer. Tout d'abord, situer l'action plus de 7 mois après la contamination : on ne se retrouve pas à suivre comme d'habitude un petit groupe de survivants qu'on voit tomber les uns après les autres. Cliquez pour voir un extrait du T2, de l'encrage à la couleur (par Simon Champelovier)
Olivier présente d'emblée deux alternatives : l'homme seul, discret et « animal », dans une cité infestée de zombies, ou la caravane de bateaux comptant près de cinq cents survivants, une véritable micro-société vestige de la civilisation dont on verra - j'espère prochainement - comment elle s'est créée et organisée.
Ensuite, cette rencontre avec Josh, qui ranime en Sam le souvenir de sa vie sociale et familiale et qui lui permet d'endosser à nouveau un rôle de père.
Enfin, l'arrivée de ce groupe armé organisé qui les ramène progressivement à un semblant de société et leur propose surtout un véritable « projet de vie », au-delà des simples préoccupations de survie quotidienne. En général, je dirais que nous avons une approche à la fois plus optimiste et à plus grande échelle de cette contamination.

Durant la réalisation de Zombies, as-tu subitement construit un bunker sous ta maison et réuni des provisions et munitions pour 10 ans ?
Non, mais je prends des cours de voile pour monter ma propre caravane de survivants ! :)

Ton blog est une vraie collection de croquis aussi divers que variés, voire même de situations un peu incongrues, tu dessines comme tu respires ?
Il s'agit surtout de croquis d'observation réalisés lors de ma formation à « L'Atelier », un exercice de dessin auquel nous devions nous astreindre quotidiennement en plus des travaux exigés. Petit à petit, j'ai pris goût à cette pratique que j'essaie d'entretenir malgré les heures de travail que réclament les pages de « Zombies ». Du coup, il m'arrive de dessiner aux toilettes, effectivement, d'où certaines situations incongrues... !

Cliquez pour voir d'autres dessins d'observation Peux-tu nous parler de l’Atelier ?
« L'Atelier » est une école qui dispense une formation en deux ans aux métiers du cinéma d'animation, de la bande dessinée et de l'illustration. J'ai choisi « L'Atelier » parce que la formation s'articulait essentiellement autour de l'enseignement du dessin et de ses fondamentaux, alors que la plupart des autres écoles mettaient l'accent sur l'apprentissage des logiciels 3D, ce qui ne m'intéressait pas. De plus, après deux ans passés à « Studio M », j'étais vraiment déçu par le fonctionnement des écoles privées censées préparer aux métiers de l'image. J'étais donc à la recherche d'une véritable alternative, et « L'Atelier » s'est présenté comme une évidence : une formation axée sur le dessin, l'occasion de découvrir les métiers de l'animation traditionnelle, de la bande dessinée et de l'illustration, un enseignement dispensé par des professionnels en activité, une véritable proximité de l'équipe pédagogique... pour un budget compatible avec l'état de mes finances après ces deux années volées.
La discipline quasi-militaire de « L'Atelier », l'investissement des enseignants comme des stagiaires dans la formation, la souplesse d'une petite structure et du cadre associatif, les projets et commandes rémunérés, l'importance accordée au dessin, à la culture et à l'implication dans son travail, l'humilité et le respect du travail des autres, sont autant de choses que je ne pensais pouvoir en trouver dans une autre école.
Et puis avant tout, « L'Atelier » m'a véritablement appris mon métier et m'a permis de décrocher mon premier emploi !
Cliquez pour voir le passage du crayonné à l'encrage - T2 Tout d'abord, les présentations de projets régulières lors de ma formation m'ont vraiment bien préparé aux entretiens avec les éditeurs, connaître son projet et savoir le défendre si nécessaire. D'autre part, j'ai appris à « L'Atelier » à organiser mon travail, progresser en terme d'efficience, rendre mon travail fini, au mieux de mes capacités, et surtout, dans les temps (ou presque) ! Et savoir en accepter l'imperfection pour poursuivre un projet...
« L'Atelier » m'a aussi appris à me détacher suffisamment de mon travail, affectivement parlant, pour comprendre et accepter la critique sans en être (trop) blessé, ce qui est indispensable lorsque l'on est confronté au milieu éditorial.
Enfin, mon expérience de stagiaire à « L'Atelier » m'a appris à entretenir de bonnes relations avec mon entourage professionnel, et je découvre à quel point il est essentiel de soigner le relationnel dans ces métiers. Il me faut préciser que l'école est installée à Aniane, un village situé à 30 kms de Montpellier, un cadre tout à fait privilégié pour répondre aux exigences de la formation à l'Atelier.
Ces deux années demandent beaucoup de travail et d'investissement que les tentations de la vie en ville peuvent perturber. Il s'agit d'opérer une vraie rupture pendant ces deux ans. L'isolement, plus que nécessaire, m'a été véritablement salvateur. Et encore, il a fallu pendant un mois m'isoler des autres stagiaires pour constituer mon dossier tant j'ai tendance à me disperser !

Post-it cup sur le thème du Petit Chaperon Rouge La Post-it Cup, c’est quoi exactement ? J’aime beaucoup ta participation au thème du petit chaperon rouge, es-tu tenté par la BD d’humour noir ?
Ha ha ! Au cours de ma formation, nous étions quelques étudiants à gribouiller sur des Post-it entre deux travaux, et petit-à-petit est née la Post-it Cup, une petite récréation internautique qui consistait à proposer un thème sur lequel nous devions improviser un dessin. Les Post-it des participants au round étaient ensuite soumis au vote pendant quelques jours, et le vainqueur se voyait attribué le titre honorifique de « Jean-Michel » et gagnait ainsi le privilège de décider du thème du round suivant.
Quant à la BD d'humour noir, je ne pense pas être assez régulièrement drôle pour pouvoir proposer toute une série de dessins dans ce registre, même si j'aimerais beaucoup me démener pour trouver le dessin qui exprime tout le comique d'une situation. De plus, l'humour est un exercice que je trouve extrêmement difficile, car la sanction est généralement immédiate : le rire ou le silence consterné. Alors à moins d'avoir le talent d'un Franquin ou d'un Desproges, l'humour noir me semble plutôt inaccessible... En revanche, illustrer les textes d'un autre, pourquoi pas ?

Cliquez pour voir cette planche du T2  mise en couleur par S Champelovier Aujourd'hui aux crayons, aurons-nous un jour la possibilité de te retrouver également à la plume et à la couleur pour un album en solo ?
A la plume, c'est certain, si mes talents d'écriture me l'autorisent bien sûr. Peut-être une première co-écriture avec Olivier si je tiens une histoire qui nous convienne tous les deux... Quant à la couleur, hélas je manque vraiment de pratique (certains diront même de goût) et je crains d'y passer beaucoup trop de temps. Ou alors en collaboration avec ma copine, illustratrice et coloriste dans l'animation.... En revanche, un album monochrome ou en valeurs de gris me conviendrait davantage, ou peut-être un vrai « noir et blanc » ?

Quels autres univers aimerais-tu animer de ton pinceau une fois la série Zombies achevée ?
Je ne suis pas très porté vers le récit historique donc je pense poursuivre dans des univers contemporains ou d'anticipation ; j'aimerais m'essayer à dessiner un récit d'angoisse et trouver des solutions à la quasi-impossibilité d'effrayer en bande dessinée, le rythme de lecture étant entièrement de la décision du lecteur. J'ai également un projet très « série B » en tête, ainsi que quelques autres projets un peu trop ambitieux pour un jeune dessinateur... Tout cela, sans parler des pistes qu'Olivier et moi souhaitons explorer dans l'univers de Zombies ! Voilà pour les cinq prochaines années... :)

Accéder à la BD Gunnm Y a-t-il une BD que tu aurais rêvé de dessiner toi-même ?
Les BD que j'aurais rêvé de dessiner ont été illustrées avec infiniment plus de talent que je n'aurais pu le faire, donc je ne regrette rien. En vrac, les 6 tomes d'« Akira », quelques histoires d'« Hellboy », « Sin City », le premier cycle de « Gunnm », « Le Roi des Mouches », « Blast »...
Je me tournerais donc plutôt vers de bonnes histoires qui n'ont pas forcément bénéficié du traitement approprié, en tâchant de faire mieux. Des nouvelles, des romans, des films...

Avec quel scénariste rêverais-tu travailler un jour ?
J'avoue ne pas avoir d' « idole » parmi les scénaristes de bande dessinée (sans pour autant en renier les talents), j'ai l'impression qu'il s'agit davantage de « couples » dessinateur/scénariste qui fonctionnent, et souvent qui s'articulent autour d'un projet précis. En conséquence, ça n'aurait pas de sens de vouloir travailler absolument avec quelqu'un en ne le connaissant qu'à travers des albums, fruits d'une collaboration.

As-tu d’autres projets en cours ?
Pas pour le moment, la réalisation de la trilogie Zombies me mobilisant à temps plein... Mais j'espère parvenir à me ménager un peu de temps pour développer mes projets personnels, ou du moins en écrire quelques lignes !

Sophian, merci.
Merci beaucoup !



A voir aussi :
Le blog de Sophian
L'Atelier
La post-it cup
Interview réalisée le 07/05/2011, par Pasukare, avec l'aide de Guillaume.M, Jetjet et Superjé..